À l’occasion du quatrième anniversaire de la révolution syrienne le 15 mars 2015, une marche a été organisée à Montréal par la communauté Syrienne Libre de Montréal, un groupe d’activistes syro-canadiens auto-désigné, en solidarité avec le peuple syrien. La marche à Montréal a fait écho aux rassemblements en France, tenus le 14 mars, dont celui de Paris, qui avait réuni plus de 700 personnes. L’Association étudiante syrienne (SSA) et Amnistie Internationale de l’Université McGill ont également organisé le 16 mars une vigile en soutien avec la Syrie.
Faisal Alazem, porte-parole du Conseil canado-syrien, co-fondateur de l’école Al-Salam et organisateur de la marche, se dit très heureux de la tournure qu’a pris l’événement, car le mauvais temps n’a pas eu raison des dizaines de personnes qui sont venues se mobiliser pour la cause. La manifestation a commencé à midi sur la place Norman-Béthune à côté de Concordia, où a eu lieu une collecte de fonds dont les bénéfices seront reversés à l’école Al-Salam, qui accueille 2000 enfants syriens déplacés – projet monté à l’origine à Montréal. Puis, la foule a longé la rue Sainte Catherine, brandissant le drapeau de l’indépendance syrien, scandant des slogans de solidarité et armés de fleurs blanches, symboles de paix. La procession s’est arrêtée deux heures plus tard sur le Square Phillips, où la foule a continué de chanter au bonheur de sa Syrie, entonnant entre deux chansons les slogans contre Bashar el-Assad qui étaient déjà scandés au temps de la révolution.
Une date clé
Selon M. Alazem, le 15 mars est devenu « un jour symbolique pour les syriens », date que tous retiendront parce qu’elle a marqué le moment où « la barrière de peur a été brisée », et que les syriens continueront srement à célébrer après la chute du régime. Quatre ans après, et malgré le désastre humanitaire en Syrie, le 15 mars demeure le symbole du courage de ceux qui ont osé s’élever et qui continuent de combattre pour libérer tout un peuple du joug de l’oppression. « Ils nous ont tous libéré» ; « l’effet de ce 15 mars 2011 est historique et inoubliable » continue M Alazem. Ghalia Elkerdi, présidente de la SSA McGill, explique que la journée de commémoration du 15 mars et la vigile organisé le 16 mars ont pour but d’honorer tous les hommes et femmes syriens et leur « périple riche d’espoir. » « Nous pleurons la perte colossale de vies humaines » annonce-t-elle avant de conclure « n’abandonnez pas les humains de Syrie ». Pour Kinan Swaid, président de SSA Concordia, la marche de dimanche a été l’occasion de renforcer le moral des syriens et de leur montrer ainsi qu’à la communauté internationale que le soutien ne faiblit pas et que le combat ne s’arrête pas. « On veut toujours la liberté, la démocratie et la justice aux morts depuis quatre ans. »
Démocrates, solidaires et pacifistes
Tous les manifestants se sentent concernés par les atrocités que les civils syriens continuent d’endurer, et ont dénoncé les coupables selon eux : el-Assad et l’État Islamique. M Swaid insiste sur le fait que, pour les syriens, le régime de Bachar el-Assad est à condamner au même titre que l’EI. Les organisateurs de la marche avaient d’ailleurs lancé le hashtag #No2AssadNo2ISIS. M Alazem explique la nécessité de faire une telle distinction face à la simplification que beaucoup véhiculent, qui consiste à penser que se positionner contre le régime d’el-Assad implique un soutien à l’EI. L’objectif de la marche était alors en partie de prendre la voix au nom de tous les syriens dont les revendications ne sont pas médiatisées. « On veut réaffirmer que nous sommes des démocrates syriens qui croient aux droits de l’homme, qui veulent une Syrie plurielle et démocratique, pas seulement ceux à Montréal ou ailleurs mais aussi ceux qui sont encore en Syrie ». Le mot de la fin était consacré à la paix et applaudissait le peuple syrien de continuer à être, quatre ans après la révolution, un peuple pacifiste, « comme le Canada ».
Un combat continu
Cette année, les organisateurs se sont félicités de la présence de non-syriens dans la foule de manifestants. M Alazem déplore que le nuage politique qui couvre aujourd’hui la Syrie « cache le vrai désastre humanitaire » et freine ainsi la volonté de certains de s’impliquer, mais a confiance en l’effet positif des campagnes de sensibilisation envers la Syrie, ce qui explique que des personnes de diverses nationalités se soient mobilisées au même titre que les syriens lors de la marche. De manière similaire, Ghalia Elkerdi dénonce la couverture médiatique qui a tendance à éloigner le débat de la souffrance et des revendications du peuple syrien, et invite la communauté mcgilloise à s’intéresser aux multiples aspects du conflit en dehors de la guerre civile, que ce soit la crise de réfugiés, les secours d’urgence à court terme ou le développement du pays sur le long terme.