J’ai entendu, certainement tout comme vous, nombre de discours sur la méthode. J’y ai cru, plus ou moins fermement, plus ou moins longtemps, plutôt moins que trop, mais point trop n’en faut, ne perdons pas les mots qui auraient pu avoir en vue quelques propos plus pertinents que leur propre méthode, qu’un discours sur celle-ci et surtout qu’une impertinente prétention de n’en pas avoir.
Je ne vais pas changer de sujet, je vais juste changer d’allure. C’est un test, une expérience, soyez les bienvenus dans mon laboratoire, encore une fois, je vous attendais justement. Voilà, sur ma table de dissection, cette semaine, il y aura : la méthode, la méthode et la méthode.
La méthode, cher lecteur, c’est tout ce que j’adore abhorrer… mais si je ne la connaissais pas, je n’aurais pas cette opportunité. Comme de fait, comment juger de l’inconnu ? Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai jamais prétendu tisser une synonymie entre connaître et maîtriser, même s’ils portent tous les deux jolis chapeaux. En face de la méthode, j’arme l’intuition – c’est du moins ce à quoi j’aime croire lorsque j’avance. Je cherche la stratégie, c’est ce que je tente d’élaborer en suivant mon intuition. Je jette la méthode et l’intuition dans mon éprouvette, je secoue, ce coup le vaut-il ? Je croise les doigts et j’espère qu’une stratégie naîtra de leur union haineuse.
Et me voici, le nez dans mes spéculations, mes préoccupations qui me regardent en biais.
Moi, quand bien même le risque de me perdre me guette, je continue à chercher le moyen d’allier les antipodes. Et ce nez dans la science hume l’air opaque des présupposés, j’erre mais je ne flaire, à quoi ça sert ? Pas à rien, non pas à rien…
Je vais vous dire pourquoi tout cela ne sert pas à rien, pour ce faire je vais puiser mes ressources dans les expériences antérieures. Non, non ce n’est pas ma méthode, I just feel it, bien sûr. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ; si tout cela servait à rien, rien se perdrait, rien se créerait et rien finirait par se transformer. Or, cela est impossible, même logiquement inadmissible, rien se mettrait à courir, partirait à point nommé et ne risquerait alors plus rien, sinon quelques minutes à la vie.
La méthode, le logicien de Ionesco en a fait son affaire, il suffit d’avoir quatre pattes pour être chat ou chien quand la caravane passe. On n’attache pas son chien avec des saucisses, même s’il est chaud, car on finit par ne plus se comprendre et par se faire servir à côté de la plaque. Alors, les mots qui cherchent à générer une action, à créer une situation où le corps doit s’engager, où le serveur doit servir, répondre au mot juste, tombent à plat.
Ma méthode, ici, ce n’est pas de n’en pas avoir, c’est plutôt de l’assujettir à un espace-temps quasi-imaginaire, de la limiter à l’aventure paradoxalement spontanée et surtout, surtout, d’en réduire autant que possible l’applicabilité. Qui prouve trop, ne prouve rien, et voilà pourquoi je me surprends à tant éprouver.