Quelques milliers de manifestants se sont réunis sur la place Émilie-Gamelin le samedi 21 mars à 14h pour la première manifestation hebdomadaire populaire contre l’austérité et l’économie du pétrole, organisée par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ).
La porte-parole de l’ASSÉ, Camille Godbout, s’est indignée du fait que « le Parti libéral s’acharne à détruire l’ensemble des services publics », conférant à l’événement une portée plus grande qu’une simple manifestation étudiante. La foule, qui semblait peu nombreuse à l’heure officielle du départ, a ensuite été rejointe par une importante faction qui se réclamait du cégep du Vieux-Montréal. Le rassemblement n’a ensuite cessé de croître. Avant même le coup d’envoi, les policiers faisaient déjà connaître leur présence dans les rangs avec leur équipement anti-émeute. La manifestation a par ailleurs été déclarée illégale rapidement, faute d’itinéraire remis au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), ce qui ne l’a pas empêchée d’avancer. Elle a toutefois été encadrée par les forces de l’ordre, qui ont bloqué l’accès à certaines artères de la ville au cortège. Notons aussi la présence de [moviMento], l’ensemble de percussions brésiliennes souvent présent aux rassemblements sociaux, qui dès le début a fait oublier à ses auditeurs le temps gris et humide avec ses tambours et ses tam-tams. C’est donc avec quelque peu de retard que la foule a entonné ses cris de ralliement et s’est immédiatement dirigée en dessous du viaduc à l’intersection Berri et Sherbrooke. C’est la reprise d’un symbole fort du printemps 2012 qui s’annonce tout aussi symbolique pour 2015.
L’action policière, quoiqu’atténuée par le nombre de manifestants et la présence de groupes familiaux, aura tout de même influencé grandement le parcours. S’assurant de bloquer l’accès à certains bâtiments cibles, comme ceux de Québecor ou du SPVM même, les forces de l’ordre se sont aussi assurées de rediriger la foule, après trois heures de marche, vers la place Émilie-Gamelin. Ils ont ensuite forcé les participants à se disperser et à rentrer dans le métro, ce qui n’aura que transféré l’événement dans la station Berri-UQAM. La manifestation aura été, somme toute, pacifique, malgré quelques arrestations pour port de masque et usage de pièces pyrotechniques.
Et McGill dans tout ça ?
Outre quelques petits groupes sporadiques au sein de la marée humaine, la délégation mcgilloise brillait par son absence. C’est d’ailleurs cette attitude que Gavin Boutroy, étudiant à la Faculté des arts de McGill, a déplorée en se confiant au Délit. « J’ai un peu honte des étudiants qui se montrent à des réunions du syndicat étudiant pour se déclarer contre la grève, c’est relativement absurde » puisqu’il croit que les coupes ont déjà commencé à affecter McGill.
Pour Alexandre Petitclerc, également étudiant à la Faculté des arts, qui a vu sa famille immédiate affectée par l’austérité en Grèce, la logique est simple : la manifestation est à la fois un symbole de soutien international et un symbole contre la violence systémique. Il s’est d’ailleurs avoué déçu de la faible participation montréalaise à la manifestation contre la brutalité policière de la semaine dernière. Toujours selon lui, il est important d’exercer une pression sur l’État et sur sa milice en se gardant d’atteindre la sécurité physique des individus ou de leur dignité.
Malgré la mauvaise température, l’ouverture officielle du mouvement contestataire Printemps 2015 s’est fait sentir dans la métropole. La venue du printemps fait croire à plusieurs en une augmentation significative des mobilisés contre l’austérité, bien que Françoise David, chef du parti Québec Solidaire, a confié à Radio-Canada qu’on est encore loin de la mobilisation du printemps 2012.