Ce sont quelques milliers de personnes qui se sont retrouvées au parc Émilie-Gamelin vendredi 27 mars au soir à l’appel de l’Ostie de grosse manif de soir : Prise deux, préparée quelques jours plus tôt sur les réseaux sociaux. Organisé par l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux-Montréal (AGECVM), ce rassemblement prévu pour 20h s’inscrivait sous la bannière du mouvement Printemps 2015 ayant pour but de s’opposer aux mesures d’austérité du gouvernement Couillard et à l’économie des hydrocarbures. On pouvait aussi lire sur la page Facebook de la manifestation qu’à ces revendications s’ajoutait un appel à un contingent féministe contre l’austérité patriarcale ainsi qu’un appel à la solidarité avec les arrêtés et les blessés des dernières manifestations. On rappelle que vendredi, près de 55 000 étudiants québécois détenaient un mandat de grève générale reconductible.
Un contingent mcgillois s’est d’ailleurs rassemblé aux portes Roddick à 19h30 pour ensuite rejoindre le reste des manifestants au parc Émilie-Gamelin. Ce rassemblement comptait une dizaine d’étudiants actuels et anciens. En chemin, Robin Reid-Fraser, diplômée de McGill et ex‑v.-p. aux affaires externes de l’AÉUM pour 2012–2013 expliquait son soutien aux revendications féministes de la manifestation. « Il est important de s’exprimer explicitement contre [les conséquences du projet de loi 20 sur l’avortement] car c’est la justice reproductive qui est attaquée », expliquait-t-elle en parlant des contraintes qui seraient imposés aux médecins sur le nombre d’avortements pouvant être comptabilisés dans le suivi médical minimum requis. Elle a déploré de plus la brutalité avec laquelle le corps policier réprime les manifestations du Printemps 2015 en faisant un parallèle avec les pratiques observées en fin 2012.
Alors que l’Association générale des étudiants de langue et littérature françaises (AGELF) de McGill entame une grève d’une semaine à partir de ce lundi, Sam Quigley, étudiant en littérature anglaise s’exprimait en faveur d’une initiative semblable au sein de son département. Alors que son association (DESA) a annoncé la tenue d’un forum consultatif sur l’austérité, il déplore que cet événement ne puisse permettre la tenue d’un vote de grève officiel. « Certains d’entre nous ont rédigé une lettre demandant aux membres du conseil exécutif de l’Association de tenir une assemblée générale officielle qui permettra aux étudiants de se prononcer sur la tenue d’un vote de grève », explique-t-il. Interrogé plus tard durant la manifestation, un étudiant de philosophie de l’UQAM expliquait lui aussi l’importance des grèves étudiantes pour le mouvement:«Non seulement la grève libère du temps pour organiser le mouvement et exprimer notre désaccord, mais elle peut aussi servir de tremplin pour d’autres associations comme les syndicats de travailleurs qui peuvent moins facilement débrayer des mandats de grève. »
Au moment où le contingent de McGill rejoignait le reste des manifestants, la manifestation a été déclarée illégale par le Service de Police de la Ville de Montréal en vertu du règlement P‑6, puisqu’aucun itinéraire n’avait été donné à la police. Une marche fut néanmoins entamée direction sud pour ensuite continuer de déambuler dans le centre-ville. On a pu remarquer une forte présence policière, les policiers suivant les manifestants tout le long du cortège. Un peu plus d’une heure après le début de la marche, alors que celle-ci atteignait le square Dorchester, les forces antiémeutes ont scindé le cortège en deux au moyen de grenades assourdissantes, de poivre de Cayenne et de l’«usage actif de la matraque » (tel que décrit par le SPVM). Un méfait perpétré par un manifestant contre une voiture de police serait à l’origine de cet avis de dispersion. Plusieurs manifestants ont tout de même tenté de poursuivre la marche pendant environ une heure alors que les policiers faisaient usage de bombes lacrymogènes et de force physique pour disperser la foule. Au final, 81 arrestations ont été faites en vertu du règlement municipal P‑6.
Le collectif Printemps 2015 prévoit plusieurs autres manifestations, dont une manifestation nationale le jeudi 2 avril prochain, alors que plus de 100 000 étudiants seront en grève.