Cet été, un véritable remue-ménage a été observé dans la sphère économique et financière. Les cours des produits de base — notamment celui du pétrole — se sont écroulés, tandis que le prix de l’or s’est envolé. De leur côté, les économies émergentes ont subi de fortes pressions macroéconomiques et politiques. La Chine a elle aussi pris du plomb dans l’aile quand le monde s’est réveillé face à une économie affaiblie. En pleine crise de confiance, le pays du Dragon essaie toujours de rassurer les investisseurs afin d’endiguer une importante fuite des capitaux. Mais entre la croissance faible de la demande chinoise, l’émergence de la bulle immobilière, le surendettement des économies régionales et l’éclatement de la bulle du marché des actions cet été, le gouvernement a un peu de mal à savoir où donner de la tête.
L’économie chinoise plombe les cartables
Et quand l’Empire du Milieu prend l’eau, ce sont les pays exportateurs de matières premières tels que le Canada qui boivent la tasse. La santé de l’économie canadienne a pris un coup après le collapsus du cours du pétrole l’été dernier. En effet le Canada est techniquement entré en récession le 1er septembre dernier, son PIB étant en chute depuis plus de six mois consécutifs.
Même si nous sommes encore loin d’une réelle crise économique, dans le contexte mondial actuel, il n’est pas complètement improbable que cette crise se matérialise. Or les dégâts qu’elle engendrerait sur l’étudiant lambda sont loin d’être négligeables.
Graduer en temps de récession
En 2006, Oreopoulos, von Wachter, et Heisz ont conduit une étude sur la population canadienne pour le compte du Bureau National de Recherche Économique afin de déterminer ces impacts. Ils ont ainsi découvert qu’entrer sur le marché du travail à l’issue d’un cursus universitaire représente une large perte monétaire si l’économie est en récession. En moyenne, il s’agit d’une perte sèche de 9% sur le revenu annuel. De plus, cette perte ne disparaîtra, en moyenne, que 10 ans après la fin du cursus universitaire. Ces économistes ont aussi découvert qu’une crise économique affecte en profondeur la carrière des jeunes diplômés car ces derniers acceptent tendanciellement les opportunités disponibles, même si cela correspond à un différent choix de carrière ou à un poste avec moins de responsabilités que ce à quoi ils devraient s’attendre avec leur diplôme.
De même, ils démontrent que les étudiants les plus touchés par une crise économique sont ceux dont le diplôme universitaire mène vers les professions les moins bien payées. Ils affirment ainsi que non seulement ces jeunes diplômés seront ceux qui subiront les plus grosses pertes sur leur revenu annuel mais que ce sont pour ces mêmes diplômés que ces pertes perdureront le plus. Selon une étude de la Banque Canadienne Internationale de Commerce (BCIC), ce sont les étudiants aux beaux-arts en lettres, en sciences humaines, et en sciences sociales qui seront le plus touchés par une crise économique, tandis que les étudiants en ingénierie, mathématiques, informatique, et commerce seront les moins affectés. Ces observations sont d’autant plus alarmantes lorsque l’on prend en compte le fait que la moitié des jeunes diplômés au Canada sont issus des sciences sociales et humaines. Des chercheurs en économie comme Kahn en 2009 et plus récemment Rampell en 2011 ont trouvé des résultats similaires pour les États-Unis. Un rapport du Département des Affaires Sociales et Économiques (DESA) de l’ONU datant de 2011 confirme ces découvertes et insiste sur les traumatismes psychologiques qui peuvent se manifester chez les jeunes qui entrent sur le marché du travail en temps de crise.
Les conséquences d’une crise économique pourraient alors être mitigées en allongeant son cycle universitaire, ou encore en s’inscrivant dans un nouveau cursus universitaire en dernière année de cycle. Si ce nouveau cycle est en ingénierie, mathématiques ou commerce dans une université canadienne, le « parachute anti-crise » serait d’autant plus efficace. L’actualité économique n’est donc pas réservée aux plus fins financiers, mais est utile à tout étudiant qui souhaite se préparer à son entrée dans le monde du travail en temps de récession. En cette dernière semaine de sélection des cours d’automne à McGill, la croissance chinoise deviendrait un facteur tout aussi important que le classement des professeurs sur Note mon Professeur (plus connu sous le nom de RateMyTeacher).