Le Délit (LD): Pouvez-vous brièvement présenter la perspective du NPD, sur l’échelle fédérale mais aussi sur celle de votre circonscription, Laurier ?
Hélène Laverdière (HL): Il y a beaucoup de défis comme les inégalités sociales, un problème mondial, mais aussi spécifiquement canadien. Elles ont grandi tant sous les libéraux que sous les conservateurs depuis des décennies. Il y a la question de l’économie ; en ce moment elle n’est pas assez diversifiée, il y a eu beaucoup de pertes de bons emplois. Il y a des enjeux globaux qui résonnent dans la circonscription : la lutte contre la pauvreté, l’accès au logement, l’enjeu de la sécurité ferroviaire (on est entouré de voies ferrées dans Laurier – Sainte Marie), renverser les coupes faites à Radio Canada… Autre enjeu, on a posé six différents projets de loi et motions pour défendre les droits LGBT (Lesbienne, Gays, Bisexuels et Transgenres, ndlr) et notamment les droits des personnes trans.
LD : Le programme du NPD promet la création de débouchés sur le marché du travail pour 40 000 jeunes Canadiens. Quelle est votre stratégie ?
HL : Il y a maintenant sous le règne — c’est un beau lapsus (rires) — le gouvernement Harper, à peu près 60 000 emplois pour les jeunes qui ont disparu. On propose d’en créer 40 000, pour permettre aux jeunes d’acquérir une expertise, car c‘est difficile en commençant avec un CV presque blanc. Il s’agit par exemple d’avoir des quotas pour l’emploi des jeunes. Il y a aussi notre appui aux PME : c’est elles qui créent 80% des emplois. On veut pour les entreprises de juridiction fédérale hausser le salaire minimum à 15 dollars. Ma collègue Laurin Liu a essayé de faire passer un projet de loi pour la protection des stagiaires non rémunérés, avec les mêmes lois de norme et sécurité au travail que les travailleurs rémunérés.
LD : Le programme insiste sur l’importance du développement durable : avez-vous des projets concrets pour votre circonscription ?
HL : On est vraiment prêts à mettre l’effort pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Les Libéraux étaient allés à Kyoto mais ont admis qu’ils n’avaient aucune intention d’atteindre leurs objectifs, les conservateurs ont été encore pires et nous ont retirés de Kyoto. Il faut investir dans les infrastructures, dans les transports en commun, transférer une partie de l’argent de la taxe sur l’essence pour la remettre aux municipalités. Mon autobus de campagne, c’est l’autobus 45 qui fait l’avenue Papineau, et j’en suis très fière (rires).
« Quand je parle à des jeunes je dis : “Votez pour qui vous voulez, mais s’il-vous-plaît, votez »
LD : La question de la santé mentale des jeunes canadiens est abordée dans le programme du NPD. Ce sujet n’est pas commun — il n’est d’ailleurs pas abordé par le Parti libéral ni par le Parti conservateur. Pourquoi pensez-vous qu’il est important d’agir au sujet de la santé mentale ?
HL : C’est essentiellement de travailler en amont, sur la prévention. Quand on travaille du côté de la santé mentale auprès des jeunes on évite beaucoup de problèmes à l’âge adulte qui perdurent ou s’accentuent. Il y a 1,5 million de Canadiens de moins de 24 ans qui souffrent de problèmes de santé mentale, c’est quand même pas marginal. On veut avec un fond d’innovation de 100 millions travailler avec les Premières Nations, avec les organismes communautaires, avec les institutions publiques.
LD : L’Institut du Nouveau Monde dénonce le problème de l’abstention chez les jeunes électeurs, décriant un “suicide politique”. Lors des élections de 2011 seulement 38,8% des 18–24 ans ont voté. Les voix des jeunes et des étudiants ont-elles une importance particulière pour le NPD ?
HL : C’est un point qui me tient particulièrement à coeur. Hier je suis allée participer à un débat dans une école secondaire ; il faut commencer très tôt. Souvent les adultes, j’essaie de les convaincre de voter NPD. Quand je parle à des jeunes je dis : “Votez pour qui vous voulez, mais s’il-vous-plaît, votez”. J’utilise toujours une histoire qui vient de Rick Mercer, qui dit : “Est-ce que vous laisseriez vos grand-parents choisir vos amis ? Vos vêtements ? Votre musique?” La réponse est toujours non. “Alors, pourquoi est-ce que vous les laissez choisir votre gouvernement et votre avenir?”