C’est dans un Leacock 132 bien rempli qu’a eu lieu, ce vendredi 16 octobre, Knocking on Europe’s doors : Syrian Refugees in the Worst Humanitarian Crisis of our Time (On frappe à la porte de l’Europe : les réfugiés syriens dans la pire crise humanitaire de notre époque), organisé par l’Association des Étudiants Syriens (SSA, ndlr) de McGill et Concordia. L’événement, en coopération avec Standpoints, Amnistie Internationale, McGill, Concordia, et les journalistes pour les droits de l’homme de McGill (JHR, ndlr), s’articulait autour de deux reportages vidéos et d’un débat chargé d’émotion.
Après une brève introduction, les lumières s’éteignent et la salle assiste à un récapitulatif de la crise actuelle sans un bruit. S’en suit un reportage signé The Guardian. La caméra suit une famille de réfugiés et nous raconte leur périple de la Hongrie à l’Autriche. Le public est en totale immersion et l’émotion est palpable ; on croirait presque cheminer avec eux. Ce qui choque c’est la joie sur les visages – surtout celui de Mahmoud marchant avec le sourire bien qu’ayant perdu une jambe en Syrie.
Un gouvernement pas à la hauteur…
Les lumières se rallument. Paul Clarke, directeur d’Action Réfugiés Montréal, nous explique les divers processus légaux liés à l’obtention du statut de réfugiés qui, d’après lui, ne sont clairement pas à la hauteur du problème. Aussi, 8 réfugiés on été admis au Québec depuis janvier 2015 grâce au gouvernement, contre 600 grâce à divers ONG et organismes privés dans le même laps de temps.
Enfin vient le moment de la discussion. Plus qu’un véritable échange, c’est bien quatre discours distincts que les quatre invités nous offrent : Matvey Lomonosov, Professeur à McGill, très pragmatique, marquera tout particulièrement les esprits par son analyse poussée du contexte politique hongrois – mis en parallèle avec la tolérance de l’Islam en Russie – étant une des causes pour lesquelles le gouvernement a un regard si hostile envers les réfugiés.
…Et la communauté internationale non plus
C’est Afra Jalabi, membre fondatrice du Conseil National Syrien et signataire de la Déclaration de Damas, qui toucha le plus le public. D’une voix calme et engagée, elle dénonce l’apathie mondiale trop bien expliquée par le courant « réaliste » des relations internationales. Sa voix résonne comme un véritable cri d’indignation alors que « l’histoire ne fait que se répéter », ponctuée de « plus jamais » en vain, observe-t-elle, permettant entre autres l’holocauste, le génocide rwandais, et le laissez-faire international actuel quant à la dictature Assad.
Bien que ne répondant pas réellement aux questions, Mme Jalabi a clairement diffusé le message qu’était le sien, et le public lui a répondu par un tonnerre d’applaudissements à la fin de chaque intervention.
Ne répondant pas directement aux questions non plus, Jon Waind, sur le chemin du doctorat à McGill, souligna quelques problèmes intrinsèques à la crise tels que le besoin de reconnaître le droit des enfants au niveau international ou encore la nécessité future – pour une bonne intégration des réfugiés – d’une tolérance des religions dans les pays d’accueil.
De fait, c’est probablement Ecem Oskay, étudiante à la maîtrise à McGill, qui répondit de la manière la plus pertinente aux questions ; se référant aux composantes légales européennes, et expliquant comment l’espace Schengen à créé un système asymétrique quant à la garde des frontières européennes, aboutissant à la crise interne que subit l’Union Européenne actuellement.
Enthousiasme étudiant
Interrogée par Le Délit pour l’occasion, Yara Hammami, membre de SSA, affirme sa joie quant à la réussite de l’événement et la mansuétude témoignée par les participants : « À la fin de la discussion […] des élèves m’ont bombardée de questions à propos des organismes caritatifs mentionnés auparavant, voulant savoir comment ils pouvaient aider. Cela me rend très heureuse qu’un événement tel que celui-ci ait pu informer tant d’élèves quant à la gravité de la situation, et leur montrer clairement ce qui ce passe réellement vis-à-vis de la crise des réfugiés syriens. J’espère que cet esprit [d’entraide] continuera, et qu’il ne s’estompera pas dans un futur proche.»
Au sortir de cette soirée, il apparaît très évident – si ce ne l’était pas déjà – que réfugiés ou non, syriens ou non, nous sommes tous humains. La crise actuelle n’est plus seulement celle des Syriens, où des Européens, mais bien celle d’une communauté mondiale et humaine. La réponse que nous apporterons à cette crise, nous citoyens du monde, ne devra pas être celle d’un repli sur soi nationaliste et xénophobe, mais bien d’une entraide et tolérance générale, d’humain à humain.