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Floor fellows contre McGill

Les négociations de syndicalisation avec l’administration s’embourbent.

Camille Charpiat

Les floor fellows (conseillers d’étage, ndlr) mcgillois perdent patience alors que l’administration se montre réticente à accepter leurs demandes pendant les négociations – entamées il y a bientôt un an — d’un accord collectif, finalisant le processus de syndicalisation. Ces conseillers d’étage se font papa, maman, grand frère, grande sœur, mentor et autre envers les étudiants en première année séjournant en résidence, dont ils ont la responsabilité. Gardiens de la sécurité universitaire, ils prônent une approche anti-oppression et anti-agression, ne se voulant pas gendarmes, mais complices, usant de la discussion et non de la punition.

En violation du Code du travail

C’est pour défendre ces valeurs que le Syndicat des employé(e)s occasionnels de l’Université McGill (SEOUM) a décidé d’aider les floor fellows à rejoindre leur sein. Le SEOUM fait lui-même partie de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), important syndicat national pouvant apporter mémoire institutionnelle, aide légale et conseil financier. Une aide nécessaire aux floor fellows mcgillois qui ne sont pas rémunérés pour leur vingt heures de travail hebdomadaire : une « violation du Code du travail québécois » dénoncée par le SEOUM dans une lettre ouverte à la principale Fortier. Ils ont beau recevoir le gîte et le couvert gratuitement, cela, selon Ashkaan Mohtashami – ancien floor fellow –, ne « vaut pas » le travail effectué. Et de toute façon, « McGill trouve dix façons de restreindre les [floor fellows] pour chaque moyen de remboursement ». La commission des normes du travail a récemment tranché en faveur du SEOUM, mais McGill a fait appel du jugement qui forcerait l’université à rémunérer, à titre rétroactif, de nombreux ex-floor fellows. Le SEOUM a aussi déposé un recours auprès de la Cour suprême du Canada. Non seulement ne sont-ils pas payés, mais, comme s’en insurge le SEOUM, les floor fellows n’ont pas de bail et peuvent être mis dehors à tout moment, ajoutant à leur précarité.

Camille Charpiat

Administration : non coopérative

Peu réceptive aux demandes du SEOUM, McGill a aussi récemment entrepris de redéfinir le rôle des floor fellows, sans consulter les intéressés et alors que les négociations sont en cours. McGill n’y serait pas autorisée selon Sadie McInnes, v.-p. floor fellow du SEOUM : « Tant que nous négocions l’accord collectif, McGill ne peut pas changer les conditions de travail sans l’aval du syndicat ». Il s’agit de réduire la charge de travail et les responsabilités, notamment en cas d’urgence — ce qui pourrait justifier une éventuelle non-rémunération — pour les déléguer aux gérants de vie en résidence, employés eux à plein-temps. « Il est dur d’imaginer, selon Mme McInnes, que McGill tente de séparer les floor fellows de leurs étudiants sans avoir en tête la situation des rémunérations ». Des gérants de vie en résidence qui de plus, austérité oblige, ne seront pas dédommagés pour ces heures supplémentaires. Une mesure qui, selon le SEOUM, nuit tout d’abord au résident, car les floor fellows n’auront pas été formés à faire face à une situation d’urgence, mais simplement à se reposer sur leurs supérieurs. Le SEOUM conteste cette décision, prise par une administration coupée de la réalité de la vie en résidence, et qu’elle estime ingrate vis-à-vis du travail de nos chers floor fellows. Sadie McInnes nous indique que le SEOUM n’hésitera pas, si « les moyens officiels continuent à prouver être inadéquat », avoir recours à « d’autres mesures pour que [ses] demandes soient entendues ». On imagine des manifestation ou des campagnes de sensibilisation sur le campus.


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