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Le « je-nous » cassé

Mon Roi de Maïwenn : les montagnes russes de l’addiction amoureuse.

Mon Roi

Dans le cadre du festival Cinémania, le cinéma Impérial projette des films francophones pour leur première nord-américaine, du 5 au 15 novembre. L’une des projections les plus attendues est celle de Mon Roi de la réalisatrice française Maïwenn, déjà récompensée en 2011 par le prix du jury au festival de Cannes pour Polisse.

Cocktail réussi d’avance ?

Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot incarnent Georgio et Tony, un couple incompatible qui s’autodétruit. Tony se casse le genou lors d’une chute à ski, ce qui, d’après son médecin, en dit long sur son état d’esprit et sur son histoire d’amour tumultueuse. Emmanuelle Bercot incarne un rôle qui lui a valu le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes 2015. Elle est à l’aise avec son corps, qui est très souvent mis au premier plan dans des scènes silencieuses et douloureuses. Son jeu est fabuleux et donne la chair de poule à plusieurs reprises. Le film se compose d’une succession de retours en arrière sur une dizaine d’années qui mettent en parallèle l’histoire d’amour et la rééducation difficile de Tony dans un centre médical. Celle-ci est irrationnelle et jalouse. Tout commence à coups de « c’est qui cette fille ? », « t’as couché avec elle ? », « pourquoi est-ce que tu m’as choisie moi plutôt qu’une autre ? ». De la jalousie irréfléchie, mais uniquement du côté de la femme pour la plus grande partie du film. 

« Les blagues ne semblent pas être écrites à l’avance et sont très spontanées »

De son côté, Vincent Cassel incarne un homme volage, bad boy toujours dans l’excès et terriblement drôle, à l’image de l’acteur. Il se présente comme le « roi des connards », qui fait rire Tony à tous les coups et qui, plus tard, la trompe, se drogue, et croule sous les dettes. On retrouve ainsi le cliché de l’homme détaché, le Don Juan insupportable mais de qui on ne peut pas se passer. C’est seulement vers la fin du film que le spectateur commence à éprouver un peu de compassion envers Georgio et que l’on se rend compte qu’il souffre aussi. Vincent Cassel a d’ailleurs tenu à le souligner lors de la conférence de presse du Festival de Cannes. Finalement, tout le monde se reconnait un peu dans les personnages du film. Cependant, la scène de fin place à nouveau Tony en position de faiblesse lorsque Georgio se montre incapable de se réjouir à l’annonce de sa réussite professionnelle. Là, on ne comprend pas. 

Mon Roi

Place à l’improvisation

Mon Roi a été tourné en improvisation dirigée. Les acteurs nourrissent les scènes de leur vécu, de leur personnalité et de leur spontanéité. On a l’impression de regarder les bêtisiers du tournage : les blagues ne semblent pas être écrites à l’avance et sont très spontanées, de même pour les rires, ce qui est extrêmement agréable. Pas de doute, on retrouve bien le style de Maïwenn. Une vitre ? Cassée par un coup de poing. Des voitures garées ? Leurs rétroviseurs arrachés dans une marche arrière brutale. Des médicaments ? Une tentative de suicide. Ce style excessif est parfois mis au service de l’humour comme dans la scène du repas entre amis où Tony est saoule, ou encore à Deauville où l’on se demande si les acteurs étaient réellement sobres au moment du tournage.


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