Le Musée des Beaux-Arts de Montréal, dans le cadre de son exposition phare sur le groupe de Beaver Hall (« La couleur du jazz »), propose une autre exposition qui prolonge la réflexion à propos des artistes professionnelles contemporaines.
Elles Aujourd’hui présente le travail de six artistes québécoises et canadiennes représentatives du dynamisme actuel de la peinture, en dialogue avec la société actuelle. Une exposition très courte, peu analytique et qui laisse la place à de grands tableaux, souvent narratifs, où la tradition picturale est confrontée au monde contemporain du microscope, de la cartographie numérique, de la télévision, des stéréotypes. Il y a aussi des tableaux qui présentent des réflexions sur la culture avec les thématiques de la représentation littéraire, de la mémoire et de la culture populaire.
On regrette un manque d’explications sur le rôle de l’artiste. En effet, la nouveauté du groupe du Beaver Hall était notamment la présence importante d’artistes féminines professionnelles, faisant du collectif d’artistes le plus moderne de son temps. Quel rôle se donnent ces artistes aujourd’hui dans leur société ? L’exposition a en fait tendance à séparer les artistes de leur contexte. En effet, il est dit que ces artistes « enseignent dans les écoles » et participent à « l’écosystème culturel » d’aujourd’hui. On aurait aimé en savoir plus sur le rôle didactique, pédagogique ou politique des artistes, et leur rapport à l’art. Mais ce n’est qu’une exposition et l’on apprécie le moment devant de très belles œuvres, impossibles à assimiler au sein d’un même mouvement (les différences esthétiques entre les artistes font d’ailleurs contraste avec l’homogénéité qui existe au sein du groupe du Beaver Hall).
Coup de cœur de la rédaction pour les très belles œuvres de la coloriste Wanda Koop, qui réconcilie l’abstraction et la figuration avec succès pour interroger notre rapport à la télévision et à l’information visuelle en continu. Coup de cœur aussi pour le tableau dans l’espace de Marie-Claude Bouthillier, « Dans le ventre de la baleine », qui donne au public la belle impression de pénétrer l’imaginaire d’un tableau.
En somme, de très belles œuvres et six artistes qui représentent le dynamisme de la peinture et de ses différents courants : peinture qui s’approche du textile, peinture abstraite, peinture narrative et figurative, peinture adjacente à la photographie, mais surtout peinture mise en espace. Cette exposition courte et efficace, est surtout gratuite pour les moins de 30 ans. On ne peut que conseiller d’y passer pour découvrir, au moins, de belles œuvres canadiennes.