Le spectre du développement durable hante le Canada. L’Université McGill, confrontée à ce défi dans un passé récent, pourrait servir d’exemple au reste du pays. Au prix de politiques faisant fi de l’austérité ambiante et au mépris des conventions néolibérales en vigueur, le vaisseau de Suzie Fortier vogue aujourd’hui paisiblement sur les flots verts du triomphe.
Réinvestissons McGill
L’une des premières mesures de cette politique révolutionnaire a été la fermeture définitive des portes de la bibliothèque Redpath, il y a deux ans de cela. Nombre d’étudiants se plaignaient en effet de pouvoir circuler trop librement sur le campus, ce qui occasionnait une outrageuse déperdition de température au sein de la bibliothèque. Moins d’un an après avoir résolu ce problème, l’administration a porté son attention vers une autre difficulté à laquelle se heurtaient les étudiants, en interdisant la vente de sandwichs à SNAX, le café de l’Association Étudiante de la Faculté des Arts (AUS). En effet, de nombreux étudiants s’étaient plaints de ces casses-croûtes faits-maison. Madeleine, étudiante en deuxième année avec une majeure environnement, déclare au Délit : « Avant, je pouvais acheter un sandwich produit localement par des étudiants pour une somme modique… en plus, il n’y avait qu’une couche d’emballage ! Je suis vraiment soulagée de devoir consommer chez Première Moisson cette année ». Les mots de Madeleine ne sont qu’une goutte dans un océan de témoignages d’étudiants apaisés. Josh, étudiant en économie, ajoute « Il était temps, maintenant je peux payer deux fois plus pour la même quantité, et au moins Première Moisson accepte les cartes de crédit ».
Le malheur de certains fait le bonheur de l’environnement
En plus du succès éclatant des mesures prises par l’université au cours des deux dernières années, on notera les efforts faits par l’administration de McGill qui visent à mettre le climat montréalais au service du développement durable. Un exemple saillant de cette initiative verte est le refus de saler les rues de l’université — en particulier la pente entre McIntire et Sherbrooke, et celle qui lie les résidents d’Upper Rez au campus. En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre produits par les épandeuses, il s’agit de permettre aux étudiants de se rendre à leurs cours en patins ou en luge, offrant une méthode de transport alternative à la fois durable et divertissante. Outre les bénéfices pour l’environnement, le non-salage des rues offre l’opportunité aux étudiants en médecine de parfaire leurs techniques de pose de plâtres. Luigi, en troisième année de chirurgie plastique, explique ainsi au Délit que « l’université est vraiment soucieuse du bien-être de chaque étudiant, c’est formidable ». À sa demande, McGill a d’ailleurs projeté de remplacer les escaliers à l’intérieur des bâtiments par des murs d’escalade, mesure qui en plus de lutter contre l’apathie estudiantine permettra par ailleurs à Luigi et à ses camarades de médecine d’améliorer leur technique, les chutes étant inévitables. Une chose est claire : McGill est une université futuriste, qui n’a pas fini de nous éblouir avec ses politiques durables.