Le 10 Novembre, l’Institut du Nouveau Monde (INM) organisait à l’auditorium de la Grande Bibliothèque de Montréal une conférence de Steven Guilbeault sur le « dialogue entre culture et environnement ». Steven Guilbeault est un expert en questions environnementales. Il est l’un des membres fondateurs, et le directeur principal d’Équiterre, un organisme à but non lucratif canadien qui se donne pour mission de « contribuer à bâtir un mouvement de société en incitant citoyens, organisations et gouvernements à faire des choix écologiques, équitables et solidaires ». Guilbeault a aussi œuvré pendant dix ans au sein de l’ONG Greenpeace.
Le choix de conférencier paraissait donc pertinent de la part de l’INM : Guilbeault est un activiste québécois qui travaille « sur le terrain » depuis longtemps sur les questions environnementales. La conférence s’annonçait passionnante à bien des égards : un bon conférencier, un sujet intéressant et important, dans un lieu emblématique de la vie intellectuelle québécoise (le Quartier Latin, cœur de la culture francophone et étudiante de Montréal).
Pourtant, le miracle n’a pas lieu.
La conférence s’est transformée en un constat, certes important, mais peu original, sur le fait que oui, « la terre se réchauffe ». Très bien. Mis à part quelques climato-sceptiques à qui il manque quelques lumières, nous le savions tous. Le problème est que Guilbeault prêchait en terre convertie : l’heure de conférence n’a sûrement rien appris à personne. On peut affirmer sans risque que la majorité du public, s’il s’est déplacé, était bien au courant des problématiques environnementales. Guilbeault a pourtant commencé sa conférence par une phrase qui ne présageait rien de bon : « Je n’y connais rien en culture, mais je m’y connais en environnement, je vais donc vous parler du réchauffement climatique ».
Tant bien que mal, Guilbeault a donc souligné la place de bon élève du Québec sur les questions environnementales, en soulignant l’importance de l’Agenda 21 et de la « culture québécoise ». Mais en prenant bien soin de ne jamais identifier quels éléments de la « culture québécoise » peuvent expliquer et aider la lutte contre le réchauffement climatique.
Le public est donc resté sur sa faim. En témoignent les nombreuses questions du public : le rôle de l’école dans la sensibilisation des jeunes aux questions environnementales, la question de la viabilité d’une « croissance verte » qui paraît à bien des égards une pure contradiction, les inégalités d’accès aux produits biologiques selon la classe sociale. À croire que le public était bien plus au courant des questions que pose le dialogue entre culture et environnement. Qu’en est-il de la représentation de la nature dans l’art ? D’où vient notre rapport productiviste à la nature ? Comment lutter, culturellement, pour changer ce rapport à la nature ?
Les diapositives de Guilbeault venaient malheureusement beaucoup plus vanter les succès d’Equiterre ou de Greenpeace, du type « nous avons réussi à mobiliser », que montrer comment mobiliser de nouveau ou plus profondément –notamment grâce à la culture – la population sur un thème aussi structurel et vital que celui de l’environnement.
Une conférence au thème passionnant mais bien décevante. On rentre chez soi la tête remplie de questions avec aucune réponse à se mettre sous la dent. La culture est intimement liée aux questions environnementales, et il est dommage qu’un conférencier aussi investi dans la lutte contre le réchauffement climatique n’ait pas su nous en dire plus.