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Quand le loonie fait un régime

Le cours du dollar canadien atteint des records face au dollar américain

Charlie

Le 12 janvier dernier, le loonie a plongé en dessous de la barre des 70 centimes US, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis plus de douze ans. Et il ne s’est pas arrêté là : il a continué de chuter jusqu’à la clôture des marchés vendredi dernier et a ainsi enregistré la plus longue série de pertes journalières consécutives depuis 1971. En effet, le dollar canadien s’est affaibli face au dollar américain pendant pas moins de onze jours d’affilée. Et avec la reprise des marchés ce lundi, cette déconfiture du dollar canadien pourrait bien se poursuivre.

Matières premières 

Certains experts pointent du doigt la descente aux enfers du cours du pétrole comme la principale cause de la chute du dollar. Celui-ci étant l’une des plus importantes exportations du pays, il représente le coupable idéal. Si le cours du pétrole s’écroule, la monnaie du pays est moins demandée sur les marchés des changes, ce qui en retour fait simplement baisser la valeur du dollar canadien. Comme l’explique Chris Ragan, professeur à l’Université McGill dans une interview pour CBC, « le Canada a été un pays net exportateur de matières premières depuis plus de cent ans car le pays est assis sur une quantité astronomique de matières premières et cela n’est pas prêt de changer ». Il ajoute ensuite que si les matières premières représentent une grande partie des exportations canadiennes, elles ne représentent que 10 à 12% de l’économie du pays. Selon lui, les matières premières ne sont pas les poumons de l’économie canadienne comme ils prétendent l’être.

Charlie

Les taux d’intérêts

Le second coupable présumé serait l’ensemble des banques centrales, à commencer par la Banque du Canada. Au cours des derniers mois, cette dernière a largement baissé ses taux directeurs afin de soutenir son industrie. On le rappelle : si les taux sont bas, les compagnies peuvent accéder plus facilement aux marchés obligataires, ce qui ainsi leur permet d’investir plus facilement de l’argent dans leur projets. L’effet négatif d’une telle politique est que les investisseurs, eux, voient leur rémunération baisser, ce qui va les pousser à se détourner du pays au profit d’autres marchés avec des taux d’intérêts plus intéressants. C’est là qu’entre en jeu la Fed, la banque centrale américaine. En décembre dernier, la Fed a augmenté ses taux directeurs, exacerbant la fuite des capitaux et ainsi affaiblissant d’autant plus le dollar canadien.

Ni tout blanc, ni tout noir

Certains crient que l’on est en récession, d’autres essaient de nous expliquer qu’un dollar faible n’est pas si mauvais. Mais qu’en est-il vraiment ? Un dollar canadien faible va évidemment se traduire par une augmentation des prix de tous les produits importés, de la Mercedes classe E aux bananes. Mais, comme l’explique M. Ragan, les courses ne représentent qu’une petite proportion du budget du canadien moyen et ainsi la baisse du dollar canadien ne devrait pas avoir un large impact sur notre façon de nous alimenter.

De plus, si les produits importés sont plus chers au Canada, les produits canadiens paraissent moins chers à l’étranger, ce qui devrait stimuler les exportations du pays.

Il paraît ainsi clair que la chute du dollar canadien n’est pas aussi dramatique que ce que tous les gros titres de la presse financière ont voulu nous faire croire. Mais si les cours des matières premières venaient à rester si bas pendant une période de temps prolongée, il est possible que l’on observe une accentuation des disparités économiques entre les provinces dites minières et pétrolières comme l’Alberta, et les autres provinces.


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