Alors que la population semble avoir adopté rapidement le service d’Uber dans la grande métropole, certainement dû à la facilité d’utilisation de l’application, l’unanimité est loin d’être atteinte quant à son approbation complète au sein de la société civile. Cette réticence crée des volte-faces partout, et également au Québec. Tous les acteurs impliqués se questionnent : gouvernement, industrie du taxi et bien entendu, les utilisateurs du service. Qu’adviendra-t-il d’Uber au Québec ? Illégalité persistante ou encadrement ?
Doit-on règlementer l’ubérisation des transports ?
À l’Université McGill, le 11 février dernier, M. Vincent Geloso — chercheur associé à l’Institut Économique de Montréal — présentait une conférence intitulée Ubernomics présentée par The Institute for Liberal Studies (L’Institut d’Études Libérales, ndlr). Alors qu’Uber est dans l’eau chaude au Québec, les différents partis tentent de faire le point, à savoir si le service a bel et bien sa place ici. La conférence de M. Geloso, un peu comme le laisse prétendre le nom donné à celle-là, présentait un propos plutôt basé sur l’aspect économique d’Uber, mais aussi sur les « bienfaits » du libre-marché en terme d’innovation technologique. Selon M. Geloso, « les réglementations imposées par le gouvernement empêchent l’innovation des joueurs du privé ». En stipulant une telle vision économique, il faut également « s’abstenir de protéger tous les joueurs en liste », faisant référence ici aux chauffeurs de taxi qui revendiquent un statut spécial, prônant définitivement le statu quo. L’économie doit-elle être automatiquement soumise aux lois du marché, qui peuvent être considérées par certains comme les lois de la jungle ?
À travers un discours qui s’apparentait à une ode au capitalisme, Uber se posait parfois dans la conférence comme un exemple de l’achèvement du véhicule d’idées libérales plutôt que le centre même de l’exposé. Pourtant, l’arrivée d’Uber à Montréal ne fait certainement pas l’unanimité, que ce soit pour les fervents du capitalisme ou d’autres individus. La rogne se fait sentir, non seulement en provenance des acteurs de l’industrie du taxi, mais aussi auprès de la population, qui ne se sent pas en sécurité face à un service aucunement règlementé pour le moment au Québec. Pourtant, M. Geloso nous rappelait constamment la sécurité du service, notamment grâce à l’enregistrement des données de paiement offert à travers l’application d’Uber. Certes, alors que le service est réglementé et encadré à plusieurs endroits dans le monde, le processus tarde à apparaître ici aussi. Bien que le maire de Montréal, Denis Coderre, demande à ce que le service cesse d’opérer le temps que la commission étudie le dossier, « l’ubérisation » des moyens de transport continue malgré son statut légal particulier.
Un dossier en attente
Uber a certainement sa place au Québec et surtout à Montréal, vu les défaillances que l’on rencontre au niveau du transport dans la métropole. L’idée est de créer un « cocktail » de transports à Montréal. Le service Uber peut devenir un ajout intéressant lorsqu’il se soumettra à un encadrement approprié. Même le Directeur général d’Uber, Jean-Nicolas Guillemette, se plaçait en faveur d’une réglementation lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle le 14 février dernier. Le dossier se doit d’être davantage éclairé puisque pour l’instant l’évasion fiscale opérée par Uber et les lacunes au niveau de la transparence ralentissent l’installation appropriée du service au Québec. La commission parlementaire sur le dossier débutera jeudi prochain, le 18 février 2016. Affaire à suivre.