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Pas de traduction, pas de titre

Éditorial.

Esther Perrin Tabarly

Lundi 22 février, l’Association des Étudiants de l’Université McGill tiendra son Assemblée générale bi-annuelle. Comme le veut la tradition, Le Délit a étudié les motions pour présenter une position réfléchie à ses lecteurs. Comme le veut la tradition, l’équipe du Délit a cherché la traduction des motions en français publiée par l’AÉUM, car tu le sais cher lecteur : nous sommes de fiers francophones. La tradition veut aussi que nous comptions — avec un humour amer —  toutes les fautes de la traduction Google Translate publiée par l’AÉUM, sans grand respect pour la langue française. Cette année, nous n’aurons même pas eu la chance de nous lamenter sur la syntaxe ridicule made in SSMU : l’Association n’a même pas encore daigné publier ses motions en français. McGill est une université bilingue, les décisions de l’Assemblée générale nous concernent tous, et chacun doit pouvoir avoir accès aux motions dans les deux langues. 

Piqués à vif, nous avons envisagé de répondre à l’AÉUM par un éditorial in Google Translate English. Nous auraient-ils compris dans ce langage leur étant plus familier ?

Esther Perrin Tabarly

Motion concernant le support du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS)

Le Délit soutient cette motion. Nous estimons que l’AÉUM doit faire pression sur le conseil des directeurs afin que l’Université désinvestisse des entreprises bénéficiant directement des Territoires palestiniens occupés (voir l’article « McGill au mépris du droit » dans l’édition du 9 février). 

Cependant, une partie du conseil de rédaction a exprimé ses doutes quant au soutien du mouvement BDS dans son ensemble par l’AÉUM — un des points plus spécifiques de la motion générale. En effet, BDS est un mouvement qui appelle au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre l’État d’Israël, d’une manière similaire à ce qui a été mis en place contre l’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid. Cette campagne resterait en place tant qu’Israël n’aurait pas reconnu le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, décolonisé les territoires occupés et démonté le mur de séparation — entres autres. Or, cette position est forte et ne représente pas forcément l’ensemble des élèves de McGill. 

Alors que conserver ces investissements est une manière de légitimer l’occupation, désinvestir est bel et bien un moyen de ne plus prendre position dans le conflit. Que l’Université désinvestisse des Territoires palestiniens occupés est une dépolitisation de McGill et un retour à une position de neutralité dans le conflit israélo-palestinien. Le Délit soutient ce retrait de la part de McGill.

En revanche, il est nécessaire de se demander si soutenir officiellement le mouvement BDS n’est pas une re-politisation et une nouvelle prise de parti de la part de McGill dans un conflit pourtant si complexe.

Le vote des étudiants au cours de la prochaine Assemblée générale fera écho. Une potentielle prise de position de la part des étudiants de McGill sera importante dans le contexte d’un Canada « de retour » sur la scène internationale.

Motion concernant l’arrêt de l’utilisation de minéraux issus d’une production contraire à l’éthique.

Le Délit soutien cette motion et encourage l’AÉUM à poursuivre ses efforts pour une consommation plus éthique.

Motion pour augmenter le contenu autochtone au sein de l’Université.

Le Délit soutien cette motion. Nous regrettons que la question autochtone ne soit pas encore familière à tous les étudiants. Beaucoup n’ont pas encore conscience de ces aspects sombres et discriminatoires de l’Histoire — et du présent — de notre pays. Il est nécessaire de sensibiliser, de suivre un devoir de mémoire et de favoriser le changement par l’enseignement.

Une certaine réserve a tout de même été exprimée quant à la demande d’intégration de « cours obligatoire sur l’étude des Premières Nations dans tous les programmes de premier cycle à McGill ». Cette formulation est encore peu précise. Mener des ateliers obligatoires ou intégrer des questions autochtones au sein de certains cours semblent être des solutions tout à fait envisageables. Cependant, certains doutent de l’idée d’instaurer un cours semestriel, crédité et obligatoire sur la question autochtone.

Discussion sur un campus non-fumeur. 

Malgré le manque d’informations quant à la forme de cette discussion, Le Délit reconnaît qu’il est important qu’un véritable débat puisse avoir lieu. Pour le moment, la campagne a été peu publicisée et des doutes persistent quant à la représentativité de sondage stipulant que « la majorité des étudiants supportent un campus non-fumeur. »

Avant d’ajouter un point final, quelques membres du Délit  — qui souhaitent rester anonymes — vont justement aller goûter à leurs possibles derniers moments de liberté individuelle et de libre arbitre. Vous avez du feu ?

Ces prises de positions ne représentent pas forcément unanimement l’opinion des membres du conseil de rédaction.


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