Les Monologues du vagin. Le titre est fait pour choquer et il s’assume sans complexe. La pièce était montée par V‑Day McGill, dans le cadre de l’évènement mondial V‑Day, qui vise à combattre la violence contre les femmes. Le Délit a discuté de la pièce et de ses répercussions avec Amanda Unruh, une organisatrices de l’édition 2010 des Monologues.
Le Délit (LD): Vous pouvez nous parler un petit peu de « V‑Day » ? De quoi s’agit-il et quelle est sa mission ?
Amanda Unruh (AU): C’est une organisation internationale. Après 1998, Eve Ensler, l’auteure des Monologues du Vagin, a donné les droits de sa pièce aux organismes à but non lucratif. Le but de la représentation est de récolter des fonds pour les initiatives locales, afin de promouvoir l’éducation sur la sexualité et la violence, et de soutenir le travail qui se fait pour éradiquer la violence faite aux femmes. V‑Day McGill a acquis ces droits en coordination avec d’autres organismes tels que À Deux Mains, Le foyer pour femmes autochtones de Montréal et le Réseau de santé sexuelle au Québec.
LD : Pouvez-vous résumer rapidement de quoi parle la pièce ? Comment pensez-vous qu’elle contribue à la mission de V‑Day ?
AU : La mission de V‑Day est en elle-même d’attirer l’attention sur la question de la violence faite aux femmes, et la pièce est un moyen et une plateforme parfaite pour lever des fonds afin de soutenir les organisations caritatives qui font déjà tout le travail !
La pièce, elle, consiste en une quinzaine de monologues, chacun sur un sujet différent en rapport avec le vagin, quelques uns traitant spécifiquement de violence. Certains sont plus gais, mais ils contribuent aussi à l’éducation par le biais de thèmes tels que les problèmes personnels, les attentes sociales et la honte que les femmes peuvent sentir vis-à-vis de leur vagin.
La pièce contient un monologue « spotlight », qui change chaque année selon les événements mondiaux. Cette année, c’est la violence sexuelle en République du Congo qui a particulièrement attiré notre attention. La pièce est véritablement puissante ; elle force les gens à revoir leurs opinions sur la sexualité féminine, elle provoque la réflexion et la discussion. Pour cette raison, c’est un outil indispensable à la mission de V‑Day.
LD : V‑Day a donc un lien tout récent avec le mouvement féministe, mais c’est aussi un accronyme pour la Saint-Valentin. Que répondez-vous aux critiques qui accusent V‑Day d’avoir fait de la Saint-Valentin un jour de réflexion sur la violence ?
AU : Je dirais que beaucoup de gens n’aiment pas la Saint- Valentin de toute façon ! [Rires] Il y a beaucoup de pression associée à cette fête, surtout pour les célibataires. C’est l’occasion parfaite de parler d’autres problèmes sociaux, qui sont d’ailleurs reliés au couple et à l’amour, pas seulement à la violence contre les femmes.
Ces problèmes touchent tout le monde, même ceux en couple heureux. Alors ca tombe à pic pour ceux qui n’ont pas forcément envie d’aller dîner en ville, de dépenser plein d’argent et de manger des cupcakes avec des coeurs rouges dessus. [Rires]
LD : Il n’y a jamais eu de controverse sur le campus de McGill ? La pièce a toujours été bien reçue ?
AU : Je crois que oui. Pour moi, c’est vraiment l’occasion d’apprendre. C’est formidable de voir tous ces gens qui viennent voir la pièce pour la première fois. S’il y en a encore qui ont des réticences, ils devraient d’abord venir la voir ! Ils verront qu’il n’y a vraiment pas de quoi s’énerver.
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Que l’on soit un homme ou une femme, le spectacle nous apporte les mêmes messages, à savoir que la femme est une créature sensible qui ressent, que chaque femme a une relation particulière avec son vagin. Toutes les femmes devraient jouir ! –de la représentation, bien sûr.
Vous pouvez visiter les sites suivants pour plus d’informations sur V‑Day, V‑Day McGill, et les organisations bénéficiaires de la pièce :
www.vday.org
vday.mcgill.ca
www.headandhands.ca
www.nwsm.info
www.shnq.ca