Chaque jour, le Délit analyse les promesses respectives des candidats sur les thématiques principales soulevées lors de leurs apparitions publiques et sur leurs sites de campagne, aujourd’hui : l’immigration.
L’étude des programmes et discours des candidats nous amène à penser que la politique d’Hillary Clinton s’inscrirait dans la continuité de l’administration Obama, une volonté de stabilité qui a pu être revendiquée par le camp Clinton : une politique de centre-gauche progressiste mais prudente, qui vise le consensus plutôt que la disruption réelle du « système » comme le prônait son adversaire Bernie Sanders dans la course à l’investiture. En revanche, l’élection de Donald Trump représenterait un danger certain pour le pays. Personnage narcissique, impulsif et très agressif – modelé par et pour la télé-réalité -, l’homme d’affaire promet des mesures autoritaires, discriminatoires, vindicatives, désapprouvées aussi bien par les économistes, que par les politologues et conseillers militaires du pays et de tout le monde occident.
Trump et l’immigration : des propositions dures et xénophobes
Donald Trump considère que les frontières du pays sont poreuses et le contrôle trop laxiste. Il voit l’immigration comme un danger pour l’emploi et pour la sécurité des citoyens américains. Ainsi, il promet pour rendre au pays sa grandeur une politique d’immigration extrêmement dure. Il projette de faire construire un mur sur la frontière séparant les États-Unis du Mexique (financé par les Mexicains) et de ne plus accueillir de réfugiés syriens qu’il perçoit comme un « cheval de Troie » bien que le plan Obama ne propose pour l’instant d’en accueillir que 10 000. Au nom de la sécurité étatsunienne, Trump a annoncé vouloir interdire les musulmans de droit d’entrée aux États-Unis, ne percevant cette communauté religieuse extrêmement diverse que comme un vivier de terrorisme. Il a depuis renoncé à cette mesure mais son hostilité à l’égard de la communauté musulmane teinte toujours son discours. Ses récents propos critiquant la famille « gold star » (ayant perdu un enfant à la guerre, ndlr) musulmane des Khan, dont le père a fait une apparition remarquée à la convention démocrate, dénonçant l’anti-américanisme de Trump dans son intention de discriminer, ostraciser, la communauté musulmane, sont révélateurs de son hostilité.
Trump prévoit aussi de réduire, voire interdire temporairement, l’entrée aux États-Unis de citoyens venant de pays touchés par le terrorisme (France, Allemagne, Belgique, Turquie…), terroristes en puissance, victimes à ses yeux de la naïveté de leurs dirigeants. Il souhaite aussi renvoyer les criminels étrangers dans leurs pays d’origine et modifier le 14ème Amendement de la Constitution qui garantit la citoyenneté à toute personne née aux États-Unis, et affirme la nécessité de garantir l’égale protection de tous ceux qui se trouvent sur son territoire. Cette politique est influencée par plusieurs mouvances résurgentes : nativisme (le fait de prioriser les citoyens nés sur le territoire américain), xénophobie et isolationnisme.
Démocrates : favoriser l’immigration et l’insertion
Hillary Clinton de son côté souhaite élargir le plan d’accueil des réfugiés syriens à 65 000 réfugiés tout en renforçant le dispositif de contrôle des immigrants déjà colossal et rendre plus accessible et moins cher le processus de naturalisation. Elle promet de faire retirer une loi datant de 1996, stipulant qu’une personne ayant résidé illégalement aux États-Unis, par exemple après l’expiration de son visa, puisse se voir interdire l’entrée aux États-Unis pour une durée allant jusqu’à 10 ans. Elle promet aussi de continuer à soutenir le plan DAPA (Deferred Action for Parents of Americans, ndlr), qui vise à protéger plus de 5 millions de personnes en accordant un permis de travail extensible de 3 ans à des personnes ayant immigré illégalement, vivant aux États-Unis depuis 2010, parents d’enfants citoyens américains ou en possession de la carte de résident permanent. Par ailleurs, elle promet de fermer les centres privés de détention pour famille, qui traitent les demandeurs d’asile sans le respect qu’ils méritent. Sur cette question, Clinton s’inscrit dans la tradition démocrate, qui considère que l’immigration bénéficie plutôt que coûte à la société américaine.