Enclenché en 2012, le projet de fusion des deux majeurs syndicats non-académiques est sur le point de se concrétiser. Ce jeudi 13 octobre avait lieu une assemblée générale spéciale conjointe, afin d’officialiser l’union politique des fiancés.
Le SCNAUM (Syndicat certifié non-académique de l’Université McGill, MUNACA en anglais, ndlr) et le SEOUM (Syndicat des employé-e‑s occasionnel-le‑s de l’Université McGill, AMUSE en anglais, ndlr) sont sur le point d’être regroupés sous une seule entête : l’Alliance McGill. L’officialisation n’aura pas eu lieu ce jeudi, la faute à un manque de coordination et de communication entre les deux syndicats selon Maxim Baru, responsable communication du SEOUM, certains membres de SCNAUM n’étant pas au courant de tous détails de la fusion à venir.
Quoi qu’il en soit, les deux syndicats garderont pour l’instant chacun leur propre structure, et n’évolueront vers une gouvernance commune qu’en novembre 2018, le calendrier d’une fusion syndicale étant strictement encadré par la loi. Cette fusion est chapeautée par l’Alliance de la Fonction publique du Canada (APFC), à laquelle les deux syndicats sont affiliés.
Depuis 1995, et sa première convention collective avec l’Université, le SCNAUM représente les employés non-académiques : ce sont des employés de soutiens, des comptables, des administrateurs…ceux qui font tourner la machinerie mcgilloise au quotidien.
Une fusion de bon sens
Le SEOUM a lui vu le jour en 2010, suite à une initiative du SCNAUM, afin de protéger les intérêts de travailleurs-euses occasionnel-le‑s (ayant un contrat long de moins de six mois), qui peuvent être victimes d’abus de la part de l’Université. Ces derniers sont nos floor fellows mais aussi des assistant-e‑s de laboratoire, ou gardes de sécurité, des réceptionnistes ou autres. Ils et elles sont au neuf-dixièmes des étudiant-e‑s, alors que l’âge moyen des membres du SCNAUM est de 42 ans. Les deux syndicats se complètent ainsi l’un l’autre, affirme Maxim Baru, la jeunesse et le dynamisme de SEOUM, mais un problème chronique de mémoire institutionnelle (dû à un renouvèlement constant de ses membres), pour l’expérience et l’expertise, en matière de négociations notamment, de SCNAUM.
Ces étudiant-e‑s sont d’autant plus vulnérables qu’ils et elles sont de plus en plus souvent recruté-e‑s pour remplacer des employé-e‑s au long terme, membres du SCNAUM donc, partant à la retraite. À travail égal, ils peuvent parfois en recevoir la moitié du salaire, selon Nancy Crowe, vice-présidente à la communication du SCNAUM. Elle donne l’exemple de son propre travail, bibliothécaire, pour lequel elle est payée autour de 24 dollars l’heure, alors qu’un‑e employé‑e temporaire n’aurait droit qu’à 13 ou 14 dollars l’heure pour remplir les mêmes tâches.
Précarité au travail
Ce phénomène a un nom, la précarisation du travail, et il nuit aux employé-e‑s au long terme, qui ne sont plus remplacé-e‑s, comme aux employé-e‑s occasionnel-le‑s, qui ne sont pas payés leur juste dû. Partiellement rectifié par la dernière convention collective signée entre McGill et le SEOUM — qui a expiré l’année passée — ce problème reste persistant et c’est pour le combattre que fusionnent les deux syndicats.
Printemps mcgillois ?
« L’université a changé » explique Mme Crowe, elle n’est « plus qu’un business », et il faut « être plus fort pour lui faire face ». Pour être encore plus fort, continue Mme Crowe il faut aussi que les « étudiants soutiennent leur propre travail », car aujourd’hui il faut « travailler à garder des acquis », face à une université peu conciliante, à l’heure où les négociations sont en cours pour le renouvèlement de la précédente convention collective.
Les deux syndicats sont aussi actifs dans la campagne « Fight for 15$ & fairness McGill » (« Lutte pour les 15$ et l’équité McGill », ndlr), qui milite pour un salaire minimum de 15 dollars l’heure pour tous les employé-e‑s mcgillois-es et sous-traitants, et pour des avantages sociaux égaux pour employé-e‑s à plein ou mi-temps, et occasionnel-le‑s. Ce récent mouvement regroupant la quasi-totalité des syndicats mcgillois ainsi que l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill, est, au même titre que cette fusion en cours, un exemple de la revitalisation des luttes sociales sur le campus.
Rectification : une version antérieur de cet article lisait que les bibliothécaires sont syndiqués au sein du SCNAUM, mais ces deniers ne sont pas syndiqués car ils font partie du personel académique mcgillois. Par contre, les employés de soutien dans les bibliothèques du campus sont membres du SCNAUM. Nos excuses.