Avec cette entrevue de Marlon, peut-on envisager sa démarche, ou alors son absence, comme un retour à une naïveté de l’art ? Délaisser la vision du poète moralisateur pour se concentrer sur le Beau. Se retrouve-t-on au 21e siècle à revenir à « L’art pour l’art », comme Théophile Gautier et le Parnasse le soutenait. Comme si la création poétique se devait de rimer avec l’engagement proclamé par celui détenant la plume. La plume comme clef ?
La poésie, et l’Art plus généralement savent s’approprier la légitimité de nous pointer une réalité. Avec seul notre regard de profane comme indice, le Poète se présente comme guide. C’est alors que ces grandes phrases, quoique agréables pour l’oreille et les yeux, accèdent à un devoir d’utilité, qui put frôler la nécessité du temps de Friedrich.
Mais n’oublions-pas, et La Femme nous le rappelle, que c’est nous qui lui attribuons cette vocation. L’engagement est donc mutuel, cette jonction devient partage. Le poète est acteur autant que celui qui le lit : c’est ici que les mots deviennent œuvre. Les mots n’existent donc pas lorsqu’ils ne sont pas dédiés à être lus, autant qu’une œuvre n’est pas œuvre d’art avant d’avoir été invitée dans la pièce blanche.
Le groupe s’approprie plutôt la simplicité, en œuvrant seulement à jouer avec les mots. Autant qu’elle puisse « titiller », leur poésie garde une essence tout en ne s’attachant qu’au rythme et l’harmonie des mots. Serait-il est alors de notre faute de vouloir interpréter les dires de nos artistes ?
Dans un certain sens, notre mystification de l’Artiste fait partie intégrante de la création. En se basant sur deux compléments de temps, trois adjectifs et un verbe substantif, le public se crée un imaginaire qui lui est propre, et qui finalement ne concerne que lui. Dans l’abandon de la démarche, notre artiste rompt la dualité avec ce public, qui lui aussi semble perdre ses attentes. L’Artiste crée et le public applaudit.