Aller au contenu

Débordements lors de la vidéoconférence d’Edward Snowden à McGill

Malgré les graves problèmes d’organisation, McGill semble avoir évité le pire.

Magdalena Morales | Le Délit

La vidéoconférence d’Edward Snowden a failli, ce mercredi 2 novembre, tourner à l’émeute. En début d’après-midi, des milliers d’étudiants et Montréalais de tous âges se sont pressés aux portes du pavillon Leacock de l’Université McGill pour la conférence qui ne devait commencer qu’à 19 h. Quoique prévue de longue date, et malgré un intérêt démesuré en ligne — plus de 15 000 intéressés sur l’événement Facebook l’organisateur, Média@McGill, a omis de mettre en place un système de réservation en ligne et a maintenu la conférence à l’auditorium 132 du bâtiment Leacock qui ne contient que 600 places assises. 

Face à cet engouement sans précédent, plusieurs lignes se sont alors formées devant le bâtiment, la plus importante débutait aux portes de Leacock et se poursuivait sur presque un kilomètre sur la rue McTavish en direction de la rue Sherbrooke. Cette queue a par la suite été renversée dans le sens inverse, de Leacock vers le haut du campus, causant un mouvement de foule incontrôlé sur le campus en après-midi. 

Chaos et bousculades

Le chaos s’est ensuite déversé à l’intérieur du bâtiment alors que plus de quatre milliers d’étudiants se sont bousculés pour rentrer coûte que coûte dans le pavillon et obtenir l’une des rares places. En raison des bousculades — et pour éviter le pire — les agents de sécurité sur les lieux avaient reçu pour consigne de restreindre l’accès de l’intérieur du bâtiment. Cette intervention a retardé le début de la conférence d’environ une heure. Léandre Barôme, un étudiant de McGill de deuxième année fait partie de ces milliers d’étudiants qui ont fait la queue pendant plus de trois heures avant de se voir refuser l’entrée, manque d’espace. « C’est assez frustrant, explique-t-il, les organisateurs ont voulu créer un engouement autour de l’événement, mais sans prévoir un local suffisamment grand pour accueillir tous les gens intéressés. Lorsque les gens ont réalisé qu’ils ne pourraient pas rentrer dans la salle, ils ont commencé à se bousculer et tout d’un coup c’est devenu très inquiétant. C’était à la fois surprenant et violent ». L’étudiant affirme ensuite être retourné chez lui, non sans amertume envers les organisateurs. 

Perturbations de la part du SEOUM

Présents sur les lieux, les membres du Syndicat des employé·e·s occasionnel·le·s de l’Université McGill (SEOUM, AMUSE en anglais) avaient décidé de monter un piquet de grève à l’entrée de l’auditorium 132. Sans entente depuis avril 2015, les membres du syndicat réclament un salaire minimum à 15 dollars de l’heure pour tous leurs membres. Certains devaient travailler à la conférence en tant que placeur et placeuses et soutien logistique, mais avaient été remplacés par des bénévoles puisque engager des briseurs de grève est illégal au Québec. 

Certains avaient pu auparavant passer au travers du rassemblement solidaire du SEOUM, qui avait lieu à l’entrée du portail Milton, et au cours duquel de nombreux intervenants ont discouru en soutien de la grève du syndicat.

Éviter le pire 

Malgré l’organisation défaillante, Média@McGill semble avoir évité le pire, grâce entre autres aux agents de sécurité qui ont eu à faire face aux étudiants frustrés qui n’ont pas pu obtenir une place à l’intérieur de la salle de conférence. Au cours de l’événement, Média@McGilla a finalement obtenu l’autorisation de diffuser en direct la conférence d’Edward Snowden, alors que ce dernier ne leur en avait pas donné le droit jusque-là.

La communauté de McGill et le public connaît maintenant le combat des employé·e·s temporaires et étudiant·e·s. L’administration ne peut plus faire la sourde d’oreille pour le reste de la négociation.

Toutefois, cela n’a pas suffi à disperser la foule qui a pu rentrer au compte-goutte dans l’auditorium. Passant un par un à travers un mince filet de sécurité, les participants devaient après-cela traverser le piquet du SEOUM, fort d’une demi-douzaine de membres. Malgré l’interpellation orale de chaque participant par les grévistes, aucun n’aura fait demi-tour, certains laissant plutôt échapper leur frustration par de violentes injures verbales envers les grévistes. Ces derniers ont finalement été évacués par l’intérieur par le service de sûreté, qui craignait pour eux. Cependant, pour Claire Michela, présidente du SEOUM, l’événement est « un succès sur toute la ligne ». « La communauté de McGill et le public connaît maintenant le combat des employé·e·s temporaires et étudiant·e·s. L’administration ne peut plus faire la sourde d’oreille pour le reste de la négociation ». Bradley Powell, membre du piquet et de l’équipe de négociation du SEOUM, s’est aussi dit satisfait du résultat, « toute presse est bonne presse, nous sommes heureux d’avoir été en contact direct avec les étudiants ». Des « retours négatifs sont inévitables », explique Powell, de nombreux participants ont tenté de jeter le blâme sur les grévistes qui n’étaient pas impliqués dans l’organisation de cette vidéoconférence. 

Une fois l’auditorium rempli, il a fallu encore fallu un quart d’heure à la foule pour rentrer chez elle, nombres étant encore à attendre en vain à l’extérieur, en raison d’une organisation et d’une communication gravement défaillantes.


Articles en lien