Mercredi 2 novembre au soir, une grande partie des quelques milliers d’optimistes désirant assister à la vidéoconférence d’Edward Snowden ont pu défiler, telle une procession, au travers du rassemblement solidaire du Syndicat des employé·e·s occasionnel·le·s de l’Université McGill (SEOUM). Ce rassemblement s’est tenu devant le bâtiment James, où siège l’administration, dans cette cour que certains nomment Community Square, sur le chemin de la queue pour Snowden qui s’étendait du bâtiment Strathcona aux portes du pavillon Leacock.
Les nombreux discours passionnés donnés sur la cour n’auront pas réussi à distraire les nombreux passants. Quand la file ralentissait ou s’arrêtait, ils n’ont toutefois pas eu d’autre choix que de porter attention au ralliement les entourant. Ainsi, ils ont pu entendre à la tribune des représentants du Syndicat certifié non-académique de l’Université McGill — qui représente au contraire du SEOUM des employés au long-terme —, des représentants du Groupe de recherche à intérêt public de McGill (le GRIP, ou QPIRG en anglais, ndlr), ainsi que de la Riposte socialiste à McGill. Tous supportent le SEOUM et ses revendications, et s’accordent pour critiquer l’attitude de McGill, « néolibérale » selon l’intervenant du GRIP. Une attitude qui démontre la nécessité d’une « société socialiste » a déclaré Melissa, membre de la Riposte socialiste, s’attirant les vivats de la foule.
Une solidarité diverse
Un large éventail activiste auquel se sont joints des floor fellows, la professeure mcgilloise de littérature arabe Michele Hartman — qui a assuré que de nombreux professeurs soutenaient le SEOUM en privé — et Erin Sobat, vice-président aux Affaires universitaires de l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM). Des membres de toutes les strates de la société mcgilloise semblent ainsi soutenir le SEOUM, et viennent le faire savoir publiquement, leurs discours espacés de chants repris en chœur par l’assemblée et rythmés de « Shame ! Shame !». Des chants tels « So-so-solidarity !» ou « Fuck the bourgeoisie » qui dénotent d’un caractère militant et engagé.
Les soutiens du SEOUM avaient plus tôt dans la journée rejoint le contingent mcgillois se rendant à la manifestation À la rue contre la précarité étudiante et les frais de scolarité. Ce contingent, mené par McGill against Austerity et le v.-p. aux Affaires externes de l’AÉUM, David Aird, s’est ainsi essaimé parmi les étudiants brandissant des pancartes et banderoles de soutien au SEOUM tout autour de la cour.
Luttes et causes entrecroisées
L’effort de grève du SEOUM s’inscrit donc dans le cadre plus large d’une résurgence des revendications étudiantes, à l’image de récentes grèves à Concordia et à l’UdeM, et de celle des 15 dollars de l’heure. La présence d’Andrés Fontecilla, président de Québec Solidaire, seul parti québécois s’étant officiellement prononcé en faveur des 15 dollars de l’heure, n’est ainsi pas anodine. M. Fontecilla s’étonne qu’une institution « prestigieuse » comme l’Université McGill « construise son succès sur l’exploitation des jeunes ». Il affirme qu’un salaire minimum de 15 dollars est un « droit fondamental », celui de « vivre décemment ».
Claire Michela, présidente du SEOUM, a été la dernière à s’adresser à l’audience, passants comme manifestants. Elle dressa un parallèle entre l’action de Snowden et celle du syndicat, tous deux s’élevant contre de larges institutions qui ne pensent peut-être pas devoir répondre de leurs pratiques. Mme Michela conclut en quelques mots, repris à son compte par M. Fontecilla, déclarant que « la lutte ne fait que commencer ».