Longtemps j’ai cru ne pas avoir de mot à dire, par faute d’esprit de révolte,
Pensant qu’il faut pouvoir maudire pour écrire des rimes qui transportent.
Mais c’est une erreur, un leurre, le même genre de malheur que quand la tranche tombe côté beurre.
Croyant qu’le vers se mesure à l’aune du trauma,
J’ai scellé mes désirs dans une boîte en verre,
Ainsi à chaque instant je voyais à travers,
Mon envie d’écriture grossir pas à pas.
Revenait l’impression d’une défaite amère,
Le doigt sur la gâchette d’un puissant révolver,
Qui tire sur les choses les mots qui les éclairent.
Je restais immobile, pistolet à la main,
Contemplant en silence le flot des sentiments,
Que j’aurais pu fixer, que j’aurais pu faire miens,
En écrivant ma peine et ma joie noir sur blanc.
J’écoutais sans cesse les Hommes décrire leurs maux,
Enviant ceux qui sans gêne savaient écrire leurs mots.