Résistons Trump est un groupe montréalais créé en opposition au 45e président des États-Unis dès le lendemain de son élection. Issu à l’origine du Groupe de recherche d’intérêt public du Québec (GRIPQ, ou QPIRG en anglais, ndlr) de Concordia, il en est aujourd’hui distinct. Il s’oppose autant à Trump qu’au racisme, au sexisme, au capitalisme, au colonialisme, au capitalisme, à l’islamophobie, à la transphobie, à l’homophobie et au capacitisme (discrimination à l’égard des individus handicapés). Il revendique ainsi la volonté de s’ancrer dans un socle radical, mais non-partisan.
Réseau difforme plutôt qu’association structurée, Résistons Trump a réuni ce mercredi autour de 150 volontaires pour une assemblée publique et bilingue sur le futur du mouvement et son organisation. Ses coups d’éclat ont principalement été, jusqu’alors, des manifestations, à l’image des deux marches organisées ce vendredi 20 janvier passé.
Une de ces marches, en soirée, s’était vue dispersée par une intervention de la police suite à des jets de projectiles et des tags peints sur quelques vitrines et voitures. Justine Leblanc, une des meneuses du mouvement, nous a expliqué que Résistons Trump n’était pas responsable de ces débordements, mais qu’elle ne les désapprouvait pas. Rappelons qu’un groupe antifasciste avait investi cette marche. Résistons Trump fonctionne sur une base de non-coopération avec la police et ne lui communique pas ses itinéraires.
Le réseau s’organise
Il s’agissait ce mercredi de répartir les troupes présentes en trois comités : « Action et manifestation », « Éducation populaire », et « Web ». Le premier comité, préexistant, resterait en charge de l’organisation des rassemblements et des actions menées. Outre des marches, Résistons Trump avait aussi tenté d’envoyer une caravane de militants à Washington le 20 janvier passé pour perturber son inauguration, mais avait été bloquée à la frontière. Un militant de Solidarité sans frontières, association engagée à Montréal aux côtés des immigrants, s’est inquiété de cette difficulté à franchir la frontière pour aller manifester ou se joindre à des actions. Certains évoquèrent les rumeurs circulant quant au déplacement de Trudeau à Washington, plutôt qu’une visite de Trump, par peur de manifestations à Ottawa. Une peur justifiée, car Résistons Trump comptait bien s’y rendre. Patrick, militant anti-extrême droite français, et volontaire ce soir, ne s’en étonna pas : « ce n’est pas le roi qui va voir le valet, c’est le valet qui va voir le roi ».
Le second comité, dédié à l’éducation populaire, était, lui, une nouveauté. Il a recueilli l’attention de nombreux participants, qui discutèrent de nombreuses initiatives possibles : ateliers de sensibilisation, « Fascism 101 », tournée du Québec, « teach-in », ou projection de films. Il s’agirait de bien faire comprendre les dangers d’une administration Trump pour le Québec, où l’extrême-droite affirme son assise. Trump n’est que le représentant d’une idéologie qui traverse les frontières, comme l’explique Justine Leblanc.
« Colonialisme au visage heureux »
Julie Cumin, récente diplômée mcgilloise, remarqua que la large communauté française à Montréal « ne se sentait pas concernée » par la situation.
Des divergences émergent quant au public à viser et l’approche à adopter. Faut-il mobiliser ceux qui sont déjà convaincus ou chercher à atteindre le plus grand public ? Ne faut-il dénoncer que l’extrême droite ou aussi les partis mainstream ? Une proposition par ailleurs présente dans le manifeste du mouvement dénonce l’«agenda du “colonialisme au visage heureux” promu par le gouvernement Trudeau ». « C’est toujours l’extrême qui fait peur mais ce sont la droite et la gauche qui expulsent au bout du compte », témoigne Patrick.
Enfin, un troisième comité, en charge du développement d’un site trilingue (anglais, français, espagnol) pour Résistons Trump se mit en place.
Au vu de l’importante mobilisation ce mercredi soir, il est probable que Résistons Trump continuera et diversifiera son action ces mois prochains, contre Trump et contre l’extrême-droite.