Un duo, trois rappeurs solo, cinq bonhommes. Nous aurons cherché, mais nous n’aurons pas trouvé, pas de rappeuse mcgilloise dans ces pages. Du coup, nous leur avons posé la question, pourquoi cette sous-représentation féminine dans le rap ? Retrouvez leurs réponses sur notre site. Et ce n’est en rien pour enlever au mérite des ces cinq-là qui combinent ambitions artistiques et académiques au quotidien. Un dernier mot : cette sélection est subjective, faites-nous part de nos oublis, masculins, féminins, ou autres.
Par ici pour les portraits de Chief Brody, Super Freddy et Dawan & Yaska.
Uzuazo
Canado-Nigérian, Uzuazo a baroudé avant d’arriver à Vancouver, où il s’essaie pour la première fois au rap sur scène, il est alors au lycée. Paris, Yaoundé, Vancouver, et donc Montréal pour ce Mcgillois qui réussit la prouesse de jongler avec ses études de génie et son quotidien de rappeur.
Le rap, il s’y met dès quatorze ans, mais il lui faut quelques années pour vaincre la timidité et s’aventurer sur scène. Un talent show au début du lycée et le voilà libéré, « j’ai compris que je pouvais le faire » explique-t-il, « et ce fut une expérience extraordinaire ». Il a déjà délaissé les Linkin Park et Sum 41 de ses jeunes années pour Webbie, Lil Wayne ou Tyler, The Creator. Il dévore blogs spécialisés, de manière « quasi-obsessive », et se nourrit à tout ce que diffuse MTV. Très vite il porte attention à l’écriture, aux punchlines, mais l’école accapare le plus grande de son temps.
À McGill, il commence à gérer son temps, pour « prendre le rap bien plus sérieusement ». Premier semestre, premier concert. Ses copains de résidence viennent en masse, il en est galvanisé, la scène « ce n’est pas si difficile », finalement. Ce qui lui semblait inaccessible auparavant est désormais à portée de main, se produire sur scène, produire sa propre musique, il faut prendre l’initiative, tenter.
Aujourd’hui, tout va bien pour Uzuazo, ses clips sur Youtube emmagasinent chacun des dizaines de milliers de vues, et un album auto-produit s’annonce pour l’été prochain.
Il faudra attendre les vacances car McGill lui retire le loisir de produire ses propre titres, un processus qui lui prend bien plus de temps tant il adopte un approche perfectionniste vis-à-vis de sa musique. C’est pourquoi les trois titres qu’Uzuazo a publiés il y a quelques semaines ont été produits par d’autres. Cela n’empêche que l’on reconnaît d’entrée son rap saccadé, son parler régulier et marqué.
Un rap reconnaissable, mais servi par une plus grande maturité artistique. « J’arrive à réaliser ce que je veux beaucoup plus facilement, une mélodie me vient à l’esprit et je la couche sur papier directement, avant je n’y arrivais pas », explique-t-il. Ses influences elles, sont toujours aussi nombreuses et formatrices. « Ma musique est un mélange de tout ce que j’aime raconte-t-il, regarde, rien qu’aujourd’hui il y a un nouvel album de Big Sean, une nouvelle chanson de Vince Staples, c’est incroyable, il y a tellement de choses à écouter !».