Vendredi dernier, l’organisation étudiante McGill contre l’austérité (MCA, McGill Against Austerity en anglais, ndlr), organisait un panel de discussion au deuxième étage du bâtiment Shatner. Au menu : le militantisme à l’échelle locale, la syndicalisation, la grève, ou encore l’AÉUM (Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill). Ainsi, devant une quinzaine d’étudiants engagés, Niel Ladode du Centre des travailleurs immigrants, Isabelle Oke, représentante des floor fellows et vice-présidente (v.-p.) aux affaires universitaires fraîchement élue, ainsi que Claire Michela la présidente du SEOUM (Syndicat des employé·e·s occasionel·le·s de l’Université McGill, AMUSE en anglais, ndlr) ont parlé de leurs thèmes de prédilection, le tout sous l’œil attentif de Connor Spencer, militante de MCA, et nouvelle v.-p. aux Affaires externes.
Syndicalisme et militantisme
Pour les panelistes, la solidarité et l’action collective, à travers les syndicats notamment, composent le b.a.-ba du mouvement progressiste. En s’unissant, les étudiants, les travailleurs, ou encore les migrants peuvent faire changer les choses en leur faveur. Selon Claire Michela, la présidente du SEOUM, le militantisme se décline sous trois formes : la mobilisation, la diplomatie, et l’action directe.
Ainsi, dans le cadre de McGill, les panelistes ont parlé d’union passée et future des groupes militants. Les floor fellows sont, par exemple, syndiqués auprès du SEOUM. Ce dernier combat régulièrement aux côtés de MCA, notamment en faveur d’une législation qui placerait le salaire minimum à quinze dollars de l’heure.
Les panelistes ont aussi parlé des limites actuelles du syndicalisme étudiant. Les barrières institutionnelles, le manque de bilinguisme, ou la taille des groupes sont autant de bâtons dans les roues du militantisme quotidien. Interrogée par Le Délit, Claire Michela est aussi revenue sur la grève du SEOUM et le blocage de la conférence d’Edward Snowden qui avait créé la polémique le semestre dernier. « Il y avait peut-être un manque de clarté dans nos intentions » a‑t-elle avoué. Le but de l’action était en effet resté ambigu : les grévistes souhaitaient-ils simplement se faire entendre ou bloquer complètement l’entrée de l’amphithéâtre ? « Pourtant, précise Michela, nous avions parlé avec les organisateurs auparavant, et nos demandes étaient clairement définies ». Définies, certes, mais étaient-elles connues ? Le SEOUM avait alors été confronté à une population étudiante inintéressée par les revendications des manifestants. Le succès du militantisme serait-il à la merci de l’intérêt que lui portent les désintéressés ?
L’AÉUM, un hub militant ?
Il faut le dire, les élus de l’AÉUM ont tendance à être des militants plutôt marqués à gauche. Les nouveaux élus de cette année ne font guère exception, à commencer par Oke et Spencer toutes deux présentes à l’événement de MCA. Si Oke a surtout été active sur les questions concernant les floor fellows, Spencer, elle, a participé à de nombreux groupes politiques étudiants et portait notamment le carré rouge du printemps érable sur son affiche de campagne.
Interrogées par Le Délit sur la séparation de leurs futures positions professionnelles et de leurs identités politiques respectives, Oke et Spencer ont été formelles : elles souhaitent représenter tous les étudiants mcgillois, peu importe leurs positions.
« Mon militantisme est basé sur le droit des étudiant·e·s sur le campus » affirme Connor Spencer, « nous nous battons pour tous les droits de toutes les personnes », peu importe donc leurs idéologies. « Le conflit peut être positif et nécessaire » ajoute Isabelle Oke. Pour elle, il ne faut pas avoir peur de la confrontation respectueuse entre les différentes idées ; c’est ce qui mène au progrès.
Pour le moment, ni l’une ni l’autre ne compte cesser de militer. Oke, par exemple a confirmé au Délit son intention de continuer son engagement après des floor fellows. De même, Connor Spencer va continuer ses travaux après de MCA, même si elle ne compte pas être aussi investie qu’elle l’est aujourd’hui.