Des banderoles affichant les couleurs de la ville volent au-dessus des cônes orange des travaux qui auraient évidemment dû être terminés plus tôt. Des festivités du 375e anniversaire de Montréal se déploieront toute l’année sous diverses formes, dont le spectacle sur le politicien Camillien Houde, la Symphonie montréalaise avec Kent Nagano et la Scène contemporaine autochtone (qui regroupe des performances artistiques de tous genres). Parmi tous ces événements, celui annoncé avec le plus de candeur reste la fête de la fondation officielle de la métropole, qui eut lieu le mercredi 17 mai.
C’est sous les sons des cloches de toutes les églises de Montréal qu’ont débuté les réjouissances, suivi d’une messe commémorative à la Basilique Notre-Dame.
De nombreuses figures politiques, dont le premier ministre du Canada Justin Trudeau, le premier ministre du Québec Philippe Couillard et le maire de Montréal Denis Coderre, ont plus tard assisté à un dîner honorifique en hommage à la Grande Paix de Montréal (1701) – année de signature d’un traité de paix entre la colonie française et trente-neuf nations amérindiennes –, dîner gastronomique typiquement autochtone concocté par la cheffe Nhaka Bertrand.
Ce fut aussi l’occasion pour un discours par le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, qui salua « les fondateurs non officiels qu’on n’a pas oubliés au fil des ans, ces Premières Nations, nos frères et sœurs mohawks » et rappela que « Tiohtià:ke, [nom mohawk de Montréal], était déjà une métropole, une métropole des Premières Nations. Et cette présence est déjà millénaire ». Denis Coderre a d’ailleurs renouvelé le projet d’intégrer un symbole afin de reconnaître les Premières Nations sur le drapeau de la ville.
L’inauguration du Fort de Ville-Marie, le septième pavillon du musée Pointe-à-Callière, la soirée culturelle Bonne fête Montréal ! – où se sont notamment côtoyés Louis-José Houde, Ariane Moffatt et Dead Obies – et la première de Montréal Avudo, spectacle multimédia présenté au quai King-Edward, ont aussi marqué la journée de mercredi.
De ces nombreuses festivités, très peu s’adressaient au grand public, que ce soit pour des divergences de religion, des places disponibles en quantité limitée ou tout simplement parce que les installations n’étaient pas accessibles à tous. La population attendait donc avec impatience le climax de la journée : l’illumination du pont Jacques-Cartier. Force est de constater que le résultat de ce moment fut, somme toute, fort décevant. Des milliers de Montréalais réunis au pied du pont assistèrent à un jeu de lumières peu impressionnant accompagné de quelques feux d’artifice épars. À croire qu’ils ont sorti les fusées restantes de l’International des Feux Loto-Québec de l’an dernier. Faut-il rappeler que cette extravagance, qui illuminera le fleuve pendant 10 ans, coûte 40 millions ? Comme si cela n’était pas suffisant, le maire songe à reprendre le spectacle pour s’excuser des contestations policières qui ont marqué la soirée. Arborant brassards rouges et casquettes, les manifestants dénonçaient l’absence de contrat de travail depuis trois ans et les mesures empêchant une négociation équitable. « Le pont Jacques-Cartier, ça va être notre tour Eiffel, dit le maire de Montréal Denis Coderre, ça va être notre signature qui va avoir un impact extraordinaire partout dans le monde ! »
Désolé de vous annoncer qu’il s’agit d’un pétard mouillé.