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« Je tente de représenter l’individualité »

Le Délit a rencontré Salvandal, de son vrai nom Olivier Lafrance, artiste montréalais. 

Le Délit (LD): Votre vernissage a eu lieu le 1er septembre dernier sous la forme d’une exposition collective. Pourriez-vous rapidement vous présenter, ainsi que le principe de votre vernissage, pour nos lecteurs qui ne connaissent pas votre travail ?

Olivier Lafrance (OL): Mon nom est Olivier Lafrance. Je me considère créatif depuis mon jeune âge, et j’ai, par ce fait, adopté la vie d’artiste peintre il y a deux ans de cela. Ce vernissage était pour moi la meilleure manière de m’exprimer, de montrer aux gens mon moi intérieur par le biais d’un support visuel. La signification de mes tableaux, lorsqu’elle n’est pas décidée d’avance, m’est, à moi aussi, tout à fait inconnue. C’est donc en exprimant mon idéal esthétique que je me dévoile, non seulement aux autres, mais aussi à moi-même.

LD : Était-ce la première présentation de votre travail au public ? Qu’a apporté, selon vous, cette dimension collective à la présentation de vos œuvres, en parallèle avec le travail de Catherine Héie-Harvey, une artiste au style relativement différent du vôtre ? 

OL : Oui, c’était la première présentation de mon travail au public, et j’en suis si fier ! En fait, sans cette dimension collective, l’exposition n’aurait pas été aussi dynamique. Le simple fait de pouvoir passer d’un·e artiste à un·e autre donne au spectateur la liberté de choisir et de changer d’univers. Une exposition centrée sur le moi, montrant le travail d’un·e seul·e artiste, est une exposition très lourde. Comme nous vivons en société, en constante relation les un·e·s par rapport aux autres, exposer seul, peu importe le médium, c’est exposer une seule pièce du casse-tête. J’ai donc adoré exposer en compagnie de Catherine Hélie-Harvey, qui se trouve être une excellente artiste, mais aussi une très bonne personne avec qui je m’entends bien.

LD : Comment définiriez-vous l’orientation de votre travail ? Quelles sont vos influences ?

OL : Mes influences sont en fait tout ce qui me fascine dans cette perception que j’ai du monde. En période de création, je n’essaie pas de réinventer la roue, mais bien de laisser parler mon subconscient, où toutes ces influences sont enfouies. C’est pour cette raison que je ne peux citer mes influences, comme je serais dans l’impossibilité de les identifier toutes. L’orientation de mon travail m’est alors inconnue, je laisse parler cette voix, je la laisse manipuler mon pinceau et me guider dans mon aventure artistique.

« Je laisse parler cette voix, je la laisse manipuler mon pinceau »

LD : Vos sujets sont assez souvent figuratifs, des portraits, des animaux. Qu’apporte votre vision à la représentation de ces sujets et quel est votre message ?

OL : Ma vision m’est alors trop vague pour répondre correctement à la question. Cependant, en examinant et en essayant de comprendre mes propres tableaux, je crois pouvoir affirmer que je tente, à travers la peinture, de représenter l’individualité. En fait, je pense offrir au spectateur une observation sans gêne de ma personnalité et de mon monde caché.

LD : En tant qu’artiste montréalais, quelle scène vous est accessible ? Est-il compliqué de se faire une place sur le marché de l’art québécois ?

OL : Comme je ne fais qu’entreprendre mon parcours artistique il me sera difficile de répondre à cette question, mais je suis content d’affirmer qu’au Québec, j’ai rencontré plusieurs galeristes véritables sachant reconnaitre l’art. Par cette affirmation, je lance une remarque aux autres galeristes, les galeristes purement commerciaux, ceux qui tentent de vendre un art mort, déjà fait, uniquement destiné à la vente au détail. En effet, en encourageant l’art commercial, dit « New-Yorkais », ces galeristes tuent le mouvement artistique et encouragent les Mickey Mouse, en laissant une place très limitée à la créativité. Nous devons, dans les années à venir, détacher le mouvement artistique du capitalisme, de la vente d’art populaire. Il est temps d’encourager le changement, le renouveau.

LD : Quelles sont vos techniques favorites ? Qu’apporte, pour vous, un usage mixte et diverse des techniques versus une unique façon de peindre ? En matière possibilités d’expression et de l’expérience du public.

OL : L’expérience du public ne m’importe guère. Celui-ci aime, ou n’aime pas, je n’y peux rien. C’est donc en lien avec cette façon de penser que je me permets d’explorer l’imaginaire en me détachant du « style artistique » tant convoité. Oui j’ai trouvé mon style, mais je ne le force pas. C’est ce style qui m’est venu de lui-même, en étant authentique à moi-même. Un·e artiste qui se force à suivre un certain style se tire une balle dans le pied.

LD : Au Délit, seul journal francophone de l’Université McGill, nous choisissions d’exposer la culture et la création au travers d’un thème hebdomadaire. La semaine passée, nous avons choisi le thème (Re)Commencer. En parallèle à votre vernissage, qu’est-ce que ce thème induit en rapport à vos projets artistiques personnels et professionnels ? Quels sont vos projets ?

OL : (Re)Commencer. Ce mot m’est venu à l’esprit lorsque, le vernissage terminé, je suis retourné dans mon atelier dans l’intention de créer. Créer, pour moi, est un constant renouvellement. Comme la pensée, ainsi que la vision du monde, est changeante chez tout individu, un art qui est étroitement lié à la vision du monde de son artiste se voit voué à (Re)Commencer, encore et encore. Le changement fait la force si vous voulez mon avis ! Dans l’avenir, je tenterai d’intégrer la scène artiste montréalaise tout en restant fidèle à mes convictions. Cette entrée de scène se fera donc à ma manière, en tentant de regrouper des artistes de différentes disciplines et ainsi de créer un collectif authentique et puissant.


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