Organisée par les associations Voix Juives Indépendantes (Independent Jewish Voices, en anglais, ndlr) et Étudiant·e·s de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (McGill Students in Solidarity for Palestinian Human Rights en anglais, ndlr), la conférence réunissait le 28 septembre dernier Lea Tsemel, avocate du Barreau de Jérusalem spécialisée dans la défense des opposants à l’occupation d’Israël, et Michel Warschawski, journaliste et fondateur de l’Alternative Information Center, la première ONG Israélo-Palestinienne vouée à la dissémination d’information et l’analyse politique du conflit entre les deux peuples.
Le point de rupture de la politique sioniste
Lors de la présentation de son point de vue sur la situation actuelle en Israël, Warschawski nous a expliqué brièvement les fondations de son argument principal : Israël, et en particulier son gouvernement actuel d’extrême-droite, est aujourd’hui à un point de rupture.
Israël a été défini par son fondateur, David Ben-Gurion, comme un pays refusant de marquer des frontières précises, une position assumée par l’un de ses successeurs, Ariel Sharon, au pouvoir entre 2001 et 2006. Warschawski expliquait alors qu’Israël, à sa création, refusait ouvertement la notion de paix, et surtout la signature de traités internationaux de paix : de fait, signer un traité de paix mène sans détour à la définition de frontières claires entre ce qu’est Israël et ce qu’il n’est pas.
Warschawski nous explique ainsi que la cohérence politique d’Israël, qui s’est longtemps proclamé comme la seule démocratie Moyen-Orientale, est tout à fait décrédibilisée par le fait que le gouvernement de Benyamin Netanyahu réprime toute voix s’opposant à l’occupation de la Palestine. Pour Warschawski (citant l’article d’Avraham Burg « La fin du sionisme », (« The End of Zionism » , en anglais, ndlr) ). Israël ne peut plus être et Juif, et démocratique. Le mouvement sioniste va donc perdre de la vitesse car sa justification morale se fait plus distante et est de moins en moins défendue par les générations « post-diaspora ».
Le Droit au service de l’idéologie
Lea Tsemel a rebondi ensuite sur l’évocation de discrimination étatique de la part d’Israël en expliquant que, dans la grande démocratie d’Israël, il vaut tout de même mieux être d’accord avec le gouvernement Netanyahu. Elle a déploré le fait que chaque initiative, même des plus pacifiques, manifestant son opposition à l’occupation de la Palestine est rapidement interdite et ses dirigeants souvent incarcérés pour terrorisme. Les réseaux sociaux sont également surveillés par le gouvernement. En jouant sur l’ambiguïté de la définition de ce qu’est une « menace à la nation », le droit Israélien laisse une grande liberté d’interprétation à ses textes de lois, et Lea Tsemel déplore l’emploi d’un double-standard justifiant le déni de certains droits aux Palestiniens.
BDS : symbole de la transition générationnelle en cours ?
Suivant ces présentations de leurs domaines respectifs, plusieurs questions ont été posées aux intervenants. Inévitablement, le sujet du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (ou BDS, Boycott Divest Sanction en anglais, ndlr) est abordé : Michel Warschawski décrivit alors l’initiative comme une réussite qu’il n’aurait su imaginer il y a 10 ans. Optimiste à propos du changement de paradigme en Israël et au sein de la communauté internationale, Michel Warschawski conclut sa présentation en décrivant la nouvelle génération de la communauté juive, d’Israël ou non, comme l’élément déterminant du futur d’Israël et de ses frontières.