Le Temps
Qu’importe que le temps file, il est si bon de flotter
Dans la rivière des jours et des nuits ôtées,
On voudrait s’arrêter pour se noyer, que dans la lagune du temps on se sente choyé,
Mais rien ne le peut
— Non, rien —
Tu coules comme de l’eau, sur des galets polis et glacés, qu’ils roulent sur ta peau impalpable comme tant de froides douceurs, de ces dures rondeurs,
Ils te pénètrent de leurs dents de pierre, mais tu ne peux rien faire
— Que de tourner —
Et regarder au-dessus de toi, la surface élastique du monde,
Qui bouge, bouge, bouge dans un kaléidoscope de couleurs, qui n’a jamais de forme
Qu’un écran plat que tu contemples en voulant le crever
Esther Laforge
Quelle importance donner au temps ?
Doit-on vraiment s’abandonner et le laisser asseoir sa domination ?
Quoi que nous fassions, l’heure tourne, le temps s’écoule, les dormeurs rêveront et les danseurs chavireront. Les impatients fracasseront le sol de leurs pas las de l’attente, que ça leur plaise ou non.
Les observateurs en revanche resteront là, patients, cachés, lorsque vous ne les rechercherez pas.
À l’affût d’un instant.
Cet instant décisif qui arrêtera le temps et nous permettra à tous de le perdre à notre guise. – Adel Mohamedi
Adel Mohamedi | Le DélitL’Attente, Paris, Octobre 2017 (Tirage argentique)