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Évasion toute en lenteur

Le temps s’arrête au Théâtre Maisonneuve.

Michel Cavalca

Il faut parfois savoir ralentir le temps et prendre le temps de vivre. C’est ce que permet de faire la chorégraphe taïwanaise Lin Lee-Chen à travers son nouveau spectacle, Résurgences Oniriques. La lenteur, la pureté mais aussi l’énergie sont au rendez-vous sur la scène du Théâtre Maisonneuve pour offrir à l’audience un spectacle hors du temps. 

La lenteur prend le dessus

Lee-Chen crée immédiatement une ambiance lente avec l’entrée en scène de deux musiciens qui s’avancent pas à pas pour finalement commencer à jouer une musique intense. Le public, principalement américain ou européen, ne tient pas en place devant ce choc de cultures. Certains toussotent, d’autres se jettent des regards confus et tous se demandent quand le spectacle prendra son envol. 

Si leur idée d’un spectacle consiste en des mouvements techniques enchaînés à vive allure, ils pourront attendre longtemps ; la lenteur est omniprésente et il faut apprendre à l’apprivoiser.

Heureusement, dans le monde de Lee-Chen, lenteur n’équivaut pas à ennui ou manque d’énergie. Au contraire, l’audience peut ressentir le dynamisme bouillonnant des danseurs, chanteurs et musiciens. Dès le commencement, une danseuse seule, presque nue, recouverte de poudre blanche et parée d’une chevelure démesurée, fait tourner sa tête et ses cheveux au son des tambours. Lee-Chen introduit au fil du spectacle les thèmes de la pureté et de la nature qu’elle continue de développer à travers chaque mise en scène. 

Pureté et énergie

Pour ce qui est de la pureté, les costumes traditionnels recouvrent très peu le corps des danseurs, et leurs mouvements restent sobres. Éclairés de manière à intensifier les contrastes de couleur, ils font surgir des enchaînements presque inhumains par leurs quelques mouvements purs et lents. 

Le spectacle prend un tournant quand, soudain, alors que tout est fait dans le calcul lent des mouvements, toute l’énergie jusqu’alors contenue, explose au grand jour dans une suite de mouvements tribaux, qui ressemblent à une lutte sans contact. Les danseurs tournent, crient, courent sur scène et entraînent le public dans un tourbillon d’énergie qui marque, d’autant plus qu’il est inattendu au milieu de toute cette lenteur. 

Si cette explosion d’énergie est de toute beauté et embarque le spectateur, il est dommage que le spectacle ne se termine pas sur cette note. En effet, il fut difficile de revenir à la lenteur passée et la fin s’est fait attendre. Si cela peut affadir la magie créée par Lee-Chen, les applaudisements et les regards du public témoignent de son émerveillement. 

Créer un univers hors du temps

Quand les lumières se rallument c’est un véritable retour à la réalité qui se produit. C’est comme si l’audience revenait d’un long voyage, pendant lequel elle n’a pas marché au rythme de la technologie et de l’empressement constant mais plutôt à celui des tambours et des cycles de la nature. Lee-Chen offre donc quelques heures hors du temps pour s’évader du stress quotidien et s’envoler vers une atmosphère paisible. 


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