Les photos de cette série ont été capturées lors d’un voyage il y a un an. À l’époque, j’étais coincé dans une introspection maladive qui me grugeait depuis plusieurs mois. J’ai donc profité de la liberté du voyage pour me tourner vers l’extérieur : j’ai observé. Tout le temps, partout, j’observais. Quand le moment y seyait, je capturais ce que j’avais sous la main. Cependant, cette démarche n’était pas préméditée. Elle s’est plutôt révélée lorsque j’ai commencé à montrer ces photos une fois rentré à la maison.
La même question revenait toujours : ça ne dérangeait personne que tu les prennes en photo ? J’ai dû m’arrêter pour réfléchir. Non, jamais. Pourtant, je n’avais que très rarement demandé une permission explicite d’agir. Avais-je été irrespectueux ? Je n’en avais vraiment pas le sentiment… En réfléchissant, je suis finalement arrivé à la conclusion que c’était tout simplement parce que j’avais pris le temps. En effet, je ne m’étais jamais enfui en sauvage avec une image dérobée le temps d’appuyer sur le déclencheur. J’avais pris le temps de m’arrêter, d’observer, de m’intéresser. Je ne m’étais pas caché, je n’avais pas non plus dérangé.
J’avais simplement pris le temps d’être présent. Je n’avais pas banalisé l’acte de prendre une photo. D’ailleurs, certains partenaires de voyage diront en riant qu’au temps que ça me prenait, je n’avais pas du tout banalisé la chose ! Bref, en choisissant finalement de recadrer les photos dans un format plus cinématographique, c’est ce que j’ai eu la prétention d’accentuer : l’impression que le sujet existait avant la capture et existerait après, l’impression d’un moment plus que d’une image.