Rempli de rage, le slogan Stop the silence, end the violence (Cessons le silence, arrêtons la violence, ndlr), est crié à haute voix par une foule contestataire du gouvernement américain, cette fin de semaine. Samedi 24 mars à 10h00 se déroulait une manifestation depuis le square Cabot en direction de l’ambassade américaine. Cet évènement avait pour but de revendiquer un contrôle plus strict du port d’armes non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada. Suite à la fusillade du 14 février à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride ayant fait 17 morts, des étudiant·e·s, des parents, et même des grands-parents s’indignent du lobby des armes aux États-Unis et « marchent pour nos vies ».
Un mouvement étudiant
Organisée par une étudiante et un diplômé de l’Université McGill, la #Marchepournosvies à Montréal dépeint la montée de l’implication des étudiant·e·s face aux injustices perpétuées envers la jeunesse américaine. Phil Lord, diplômé de la Faculté de droit, créa l’évènement quelques semaines après la fusillade de Parkland « pour un meilleur contrôle des armes » « en soutien aux élèves de Parkland ». Au-delà de Montréal, c’est un mouvement mondialement reconnu qui s’est créé suite au massacre du 14 février, et qui s’étend « de Washington jusqu’à Dublin », se réjouit Sophie Rose Saidmehr, la seconde organisatrice.
Le Délit s’est entretenu avec Cyril Yared, étudiant de McGill, diplômé du lycée de Parkland juste l’année dernière : « C’est très personnel pour moi », a‑t-il avoué. Ses deux sœurs de 15 et 17 ans y sont toujours scolari- sées. Ce jour-là, il réussit à contacter la plus grande, qui put s’échapper de l’établissement avant le confinement. Quant à la plus jeune dont il n’avait pas de nouvelles, elle s’était réfugiée dans un placard avec d’autres de ses camarades jusqu’à ce que le secteur soit sécurisé. Pour lui, le mouvement #Marchforourlives, né au lendemain de la fusillade, tire sa source de « la passion des étudiants ». « J’aurais voulu m’impliquer avant. On aurait dû changer les choses après Sandy Hook. On aurait dû changer les choses après Columbine. »
Pourtant, il insiste qu’«il n’y a pas de meilleurs moments que mainten-ant ». Partout dans le monde, les gens manifestent en soutien aux élèves de Parkland. D’après lui, c’est grâce à cette envergure internationale que le changement aura lieu. « Il suffit d’être persévérant. »
« C’est des conneries »
« On emmerde la NRA »
-Slogans scandés par les manifestant·e·s
Une lutte contre les armes
« Poly se souvient », le groupe des étudiants et diplômés de Polytechnique formé suite à la tuerie de 1989, était présent samedi. Pour l’occasion, des tracts rendant compte de la politique du port d’armes au Canada étaient distribués. Ici, les armes automatiques telle que celle utilisée par le tireur de Parkland, un fusil d’assaut AR M‑15, sont légales « à autorisation restreinte » —c’est-à-dire qu’il suffit d’être membre d’un club de tir ou collectionneur pour en posséder une.
D’autres armes d’assaut sont même « non restreintes », et le nombre de ce genre d’armes qui courent le pays est encore inconnu. Ainsi, toutes les armes d’assaut utilisées ces dernières années par les tireurs des différentes fusillades aux États-Unis sont légales au Canada.
Ne résidant plus aux États-Unis, Cyril Yared constate que la culture des armes à feu est bien moins présente au Canada. Néanmoins, ce rassemblement avait lieu à deux pas du Collège Dawson, où, 12 ans plus tôt, avait lieu une fusillade faisant une morte et de nombreux blessés. L’endroit était trop petit pour accueillir les 1 000 manifestants, mais l’intention de rendre hommage aux victimes y était.
La rage était au rendez-vous, mais la volonté de changement était très présente aussi ce samedi matin dans les rues de la ville de Montréal.