Hier matin, mercredi 4 avril, l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU en anglais, ndlr) a publié une lettre ouverte destinée à l’administration demandant la mise en place d’une enquête indépendante sur le comportement abusif de certain·e·s professeur·e·s au sein de la Faculté des Arts. Cette investigation viserait le Bureau de la Doyenne qui est responsable du processus de gestion des plaintes à l’endroit des membres du corps enseignant de la faculté.
« L’administration n’a pris aucun recours significatif pour réagir face aux abus de pouvoir, citant plutôt le manque de plainte formelle ou le présent travail des comités comme raison pour ne pas répondre aux préoccupations [des membres de la communauté mcgilloise].», est-il indiqué dans la lettre.
Réactions des médias
L’AÉUM a tenu une conférence de presse aujourd’hui. Parmi les intervenant·e·s se trouvaient notamment des représentantes de l’Association des étudiant·e·s en premier cycle de la Faculté des Arts (AÉFA ou AUS en anglais, ndlr) et du Sexual assault centre of the McGill Students’ Society (SACOMSS). La presse étudiante ainsi que des médias extérieurs (CTV et CBC) étaient également présents.
Connor Spencer, vice-présidente (v.-p.) aux Affaires externes de l’AÉUM, a évoqué la « frustration » face à l’administration mcgilloise comme motivation pour l’envoi de la lettre ouverte. « Nous avons l’impression de ne recevoir que des excuses et de voir les dates butoirs toujours être repoussées », a affirmé Connor Spencer. À l’heure de la conférence, plus de 1 000 étudiant·e·s avaient apposé leur signature en soutien à cette lettre en plus de 41 associations.
Questionnée sur la nature des allégations des violences et abus perpétrés par des professeurs de McGill, la v.-p. a mentionné les « secrets de polichinelle » de professeur·e·s ayant des relations amoureuses avec des étudiant·e·s de premier cycle, les relations que certains professeurs entretiennent avec des étudiant·e·s des cycles supérieurs, des comportements inappropriés lors des heures de disponibilités des professeurs, du harcèlement sexuel pendant et en dehors des heures de cours ou encore des étudiant·e·s se sentant obligé·e·s de faire du travail supplémentaire par peur pour leur carrière académique.
Les représentantes de l’AÉFA ont également pris la parole pour réclamer « un changement dans le système ». Rebecca Scarra, v.-p. aux Affaires internes de l’AFÉA, a expliqué comment les dispositifs actuellement en place pour les étudiant·e·s sont difficiles d’accès. « Nous sommes des étudiant·e·s et travailleur·euse·s à temps plein, et nous ne devrions pas à avoir à accomplir ce genre de travail. Nous ne devrions pas demander à l’administration de s’occuper de ce genre de chose. Et pourtant nous voilà, nous sommes là et nous sommes épuisé·e·s. », a‑t-elle décrit.
Réponse de McGill
Le vice-principal Christopher Manfredi a envoyé mercredi à 22h00 une réponse adressée directement à Connor Spencer, ce que cette dernière a fortement critiqué. En effet, Spencer a affirmé que « Cela n’ignore pas seulement les actions de l’AÉUM […], mais également les 41 associations et les 1 000 étudiant·e·s ayant signé et supporté notre demande. […] Cela me fait passer comme étant l’unique plaignante et non pas comme étant la représentante d’un sentiment à plus grande échelle partagé parmi les étudiant·e·s. »
L’Université a publié un commentaire mercredi après-midi où il est mentionné que « tout rapport et toute plainte ayant trait à l’inconduite sexuelle, à l’abus d’autorité par le biais d’inconduite sexuelle ou à un ” comportement prédateur ” présentant un nombre suffisant de faits détaillés est soumis à une enquête. ».