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RENTRÉE DE L’AÉUM : QUESTION PRESSANTES

Le président admet les erreurs de l’ancienne association étudiante.

Tre Mansdoerfer, étudiant en génie, est le président de l’Association Étudiante de l’Université McGill pour l’année académique 2018–2019. Selon la constitution, trois enjeux principaux composent son rôle : la gouvernance, le leadership de l’AÉUM ainsi que la représentation générale du corps étudiant. Cette année, le président aura, entre autres, pour objectif de reconstruire la confiance des étudiant·e·s envers l’AÉUM et d’encourager leur réengagement au sein de leur association étudiante. 

Nouveaux projets

Durant l’été, Tre a rencontré 70 présidents d’associations étudiantes aux États-Unis et au Canada, dont Harvard, Columbia et Yale pour discuter des projets se préparant dans les autres universités nord-américaines. Selon lui, « vous ne serez jamais plus intelligents [qu’un groupe de] 70 personnes faisant exactement ce que vous faites ». Un autre projet important pour l’AÉUM est la récente acquisition d’un bâtiment au 3501 Peel. Le président précise toutefois qu’il ne sera pas ouvert cette année puisqu’il lui faut obtenir un permis de zonage commercial. De plus, des travaux sont nécessaires pour le rendre accessible aux personnes en situation de handicap, notamment en construisant une rampe à l’arrière. Des discussions sont encore en cours pour déterminer comment rendre accessible les étages supérieurs.

Couverture dentaire

Le Comité d’administration de l’AÉUM a réduit la couverture dentaire des étudiant•e•s de 750 dollars à 500 dollars. Questionné sur les motivations de cette décision, le président explique qu’elle a été la conséquence d’une erreur du v.-p. Finances, Esteban Herpin, qui aurait surestimé l’argent disponible à l’AÉUM. Il soutient que la décision a été motivée par le fait que « moins de 5%» des étudiants réclament des frais dépassant 500 dollars en soins dentaires. « C’est de cette façon que nous pouvons justifier cette réduction », explique-t-il, en faisant référence aux statistiques d’utilisation. « Cette coupe n’aurait pas dû arriver. Ça n’aurait pas dû affecter les étudiant•e•s. L’AÉUM s’est plantée l’an dernier et nous avions à régler cela à la première rencontre du comité », admet-il.  Tre Mansdoerfer indique toutefois que la couverture des soins de santé et des soins dentaires doit être renouvelée cette année et qu’il souhaite « beaucoup de consultations étudiantes sur le sujet ».

Volonté de réengagement

Lors de sa campagne pour la présidence, Tre Mansdoerfer a fait du réengagement de la population mcgilloise au sein de l’AÉUM l’une de ses priorités. Le président mentionne que la perte du bâtiment Shatner pour l’année représente un défi supplémentaire pour redorer le blason de l’association étudiante, mais « qu’ être le plus honnête possible, tout en montrant les nouveaux espaces pour les étudiant·e·s et les efforts tangibles venant de l’AÉUM, est une façon de reconstruire la confiance ».

Le président met également l’accent sur ses « fortes relations » avec les diverses associations étudiantes de facultés de l’université. « Je crois que ce qui est unique en ce moment est que les facultés ne sont pas seulement enclines à nous aider, mais également à nous fournir des locaux permanents au sein de leurs bâtiments ». Tre Mansdoerfer affirme que c’est une façon de reconstruire des liens entre l’AÉUM et les associations de facultés. 

Un autre moyen avancé par Tre concerne l’utilisation du nouveau bâtiment au 3501 rue Peel. « Travailler avec les facultés, faire des trucs sympas pour les étudiants et faire un super usage du nouvel espace sont les meilleurs moyens de rétablir la confiance [envers l’AÉUM] », résume-t-il.

Violence sexuelle

Questionné quant aux actions entreprises par l’administration mcgilloise pour combattre la violence sexuelle sur le campus, Tre Mansdoerfer a fortement mis l’accent sur l’importance du poste d’enquêteur externe pour les cas de violence sexuelle. Il a également souhaité voir un plus grand nombre d’étudiant•e•s invité•e•s aux tables de discussion avec l’administration. ξ

 

 

Il sera impossible de combler les attentes de tous les clubs étudiants.

Sophia Esterle, étudiante en arts, est la vice-présidente à la Vie Étudiante de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM, SSMU en anglais) pour l’année académique 2018–2019. Selon la constitution, son rôle s’organise autour de trois enjeux principaux ; les groupes étudiants, la santé mentale, et les soins familiaux. Mais cette année, sa principale préoccupation sera immanquablement d’assurer la continuation de l’activité de tous les clubs étudiants de l’université malgré la fermeture du bâtiment Shatner, qui restera définitivement inactif pour la totalité de l’année à venir.

Un défi de taille

On nous annonçait au mois d’août, dans un communiqué de l’AÉUM, que le centre universitaire, lieu de rencontre de la majorité des groupes étudiants et hôte de nombreux évènements ne pourra reprendre son activité comme prévu initialement. Ainsi, l’AÉUM promettait de trouver des espaces alternatifs, et d’obtenir des fonds pour rembourser la location de ceux-ci. « J’aimerais bien que tout marche, […] mais en réalité, cet été, on a commencé de rien […], je ne pense pas qu’il soit réaliste de penser qu’on puisse trouver des espaces pour tout le monde. » Sophia se dit très déçue de cette situation : « J’ai pris cette position en partie pour aider et travailler avec les clubs ; […] quand je reçois des emails d’étudiants qui ont un évènement prévu pour la semaine, mais pour lequel je n’ai pas de local, ça me brise le cœur. […] Nous ne serons jamais en contrôle de la situation ».

Santé mentale ; du travail

Sophia, dès le début de l’entrevue, fait comprendre que la santé mentale des étudiants est un sujet qui lui tient très à cœur, ce qui l’a grandement poussée à postuler pour le rôle de vice-présidente à la vie étudiante. À la demande d’un diagnostic de la situation actuelle à McGill, celle-ci répond que les prises de position étudiantes lui semblent encourageantes ; selon elles, les conversations entre eux à ce sujet se multiplient, et ils se soutiennent plus ouvertement sur le sujet. « J’ai de super commissaires à la santé mentale, avec qui j’ai des conversations extrêmement stimulantes ». Elle mentionne le projet de créer un tableau excel, accessible à tous, rassemblant une liste d’informations et de ressources en ligne, liées à l’aide à la santé mentale à Montréal. « En première année, je n’y connaissais rien, et avoir un document comme celui-là m’aurait beaucoup aidé », confie-t-elle. Sophia annonce aussi la création de la semaine de sensibilisation aux maladies mentales, qui se déroulera probablement début octobre. Elle regroupera plusieurs panels, axés autour de différents troubles mentaux, comme les troubles alimentaires, un sujet qui touche beaucoup. L’objectif : « créer des conversations, tenter d’éduquer et d’augmenter la visibilité de ces problèmes. »

« Personnellement, je trouve que l’on est dans un contexte où il est difficile de recevoir de l’aide de McGill, ce qui rend le peer support encore plus important. J’ai envie que les conversations commencent ». Et ce, dès la première année. Elle mentionne l’article de l’ancien  vice-principal aux études, Olliver Dyens recommandant l’«hygiène de vie »,  comme solution au montées d’anxiété des étudiants, qui l’avait beaucoup déçue ; un autre élément qui montre que l’administration peine parfois à répondre aux attentes des élèves en termes d’aide et de soutien mental. Lorsqu’elle parle des rencontres avec le service d’orientation et de consultation psychologique, elle admet : « Je pense qu’ils sont très ouverts à entendre nos opinions, mais pas que l’on ait beaucoup de pouvoir ». 

Les deux plus gros défis de la vice-présidente à la vie étudiante, cette année, sont en fait très liés ; assurer la coordination et la bonne activité des groupes étudiants, c’est aussi selon elle porter attention à la santé mentale et au bien-être de tous. Comme l’explique Sophia, « la santé mentale, ce n’est pas seulement avoir accès aux ressources, c’est aussi être intégré dans une communauté, rencontrer d’autres ayant des expériences similaires, avoir un rôle désigné dans un groupe…».

 

 

L’Université avance bien lentement en terme d’équité selon Jacob Shapiro.

Le rôle du vice-président aux Affaires universitaires est de s’assurer, en effectuant des recherches approfondies et en consultant divers niveaux de l’administration, que les étudiants sont dans les meilleures conditions pour étudier et entreprendre leurs projets académiques et extra-scolaires. Les enjeux concernés peuvent donc sembler multiples, puisque, comme l’explique Jacob, bien des choses peuvent constituer des obstacles à l’éducation d’un étudiant. Ainsi, veiller à l’équité constitue une tâche importante du vice-président aux Affaires universitaires.

L’équité, inatteignable ?

En abordant la question de l’équité, Jacob souligne tout de suite un vrai problème de représentation, dans le contexte des facultés : « Au sein du Département d’histoire, d’où je viens, je n’ai jamais vu un professeur noir.» Il poursuit : « Comment peut-on s’attendre à avoir un campus équitable si ceux qui transmettent les connaissances, et qui créent les curricula ne proviennent pas de milieux diversifiés ? Ce problème ne semble pas être proche de se résoudre.» Selon lui, il y a encore beaucoup, beaucoup à faire ; « des tas d’étudiants font encore face à des problèmes très dérangeants, ce qui souligne le rôle des commissaires à l’équité, employés pour recevoir les plaintes, surtout dans le contexte de l’AÉUM ».

Sur une note plus positive, Jacob mentionne tout de même des avancées isolées, du fait de la mobilisation d’étudiant·e·s engagé·e·s et entreprenants : des espaces plus accessibles créés dans la Faculté de génie, ou simplement la formation de communautés comme le BSN (Black Students’ Network en anglais), Queer McGill, l’OSD (Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap). 

Et maintenant, le plan, c’est quoi ? « Mon objectif, c’est de ne pas refaire les choses comme dans le passé. […] Je n’ai pas de priorités fixées, je veux surtout voir les autres, plus spécialisés dans ces sujets, atteindre leurs objectifs ». N’étant pas la source des idées, son rôle est selon lui de donner des moyens d’avancer, d’amplifier les voix des comités déjà existants, d’encourager les projets et de leur donner la priorité.

Le rôle de McGill

En mai 2018 était publié le rapport final du groupe de travail sur le respect et l’inclusion sur la vie de campus ; cette année sera une année de consultations et de commentaires sur le document.  Selon lui, « lorsqu’un groupe de travail entreprend un projet comme celui-ci, il y a généralement de vrais changements qui s’ensuivent ». Il exprime quelques inquiétudes quant à certaines recommandations, jugées « larges, voire vagues », comme celle promettant la création de nouveaux espaces, ce qui faciliterait l’interaction. « Comment se fait-il que ces espaces n’existent pas déjà ? Qu’est-ce que cela entraîne, exactement, de créer un nouvel espace ? Les gens vont arriver, et se sourire l’un à l’autre ? Cela me semble un peu abstrait ».

Il trouve encourageant d’avoir la possibilité de débattre et se consulter sur ces enjeux, mais souligne qu’en fin de compte, pour de vraies avancées, les étudiants devront s’y intéresser, lire le rapport, et accepter de donner leur avis. « Je suis curieux de voir à quoi ces consultations ressembleront ». Il sera justement en charge de surveiller tout cela.

Maximiser les avantages

Jacob avoue être enthousiaste à l’idée d’un puissant caucus étudiant au Sénat, qui pourra activement défendre d’anciens et de nouveaux projets. Parmi ceux-ci, le développement des ressources éducatives libres, la semaine de lecture du semestre d’automne, la modification de la courbe de notes obligatoire à Desautels, ou de la fonctionnalité Pass/Fail, qui permettrait aux élèves d’obtenir leur note à fin du semestre s’ils le désirent. « Nous voulons passer du temps avec les sénateurs, trouver des solutions. Le but, c’est de travailler sur ces idées, et de montrer qu’elles n’engendrent pas de désavantages, pour quiconque ».

Consulter les étudiants reste primordial ; « pour tout cela, nous devrons disposer de recommandations étudiantes clairement définies », c’est-à-dire s’assurer, par le biais de recherches approfondies, que les étudiants bénéficieraient forcément de ces projets. Lutter pour plus d’avantages, c’est ainsi que Jacob perçoit son rôle. « Notre vie est stressante, essayons de trouver des pratiques empathiques qui nous rendent la vie un peu plus facile ».

 

 

Matthew McLaughlin confie son insatisfaction quant aux ressources dédiées aux francophones.

Matthew McLaughlin, étudiant de première année en gestion, est le vice-président aux Affaires internes pour l’année académique 2018–2019. Son rôle s’organise autour de trois piliers : l’organisation d’évènements, la communication interne et l’implication des étudiant·e·s de première année. Entre traduction et élections québécoises s’approchant, le v.-p. espère augmenter l’intérêt des étudiant·e·s envers l’AÉUM et en amener certain·e·s à percer la bulle mcgilloise.

Évènements à venir

L’un des aspects majeurs du portfolio des Affaires internes est l’organisation d’évènements au sein de la communauté mcgilloise. Après avoir coordonné le Frosh, le v.-p. entend mener plusieurs projets. D’une part, l’un des projets de sa campagne était celui d’instaurer un calendrier centralisé pour permettre aux étudiant·e·s de connaître tous les évènements (des clubs, des facultés ou encore des étudiant·e·s) sur une plateforme unique. Matthew McLaughlin espère également instaurer un évènement caritatif. « Il n’existe pas d’évènement caritatif récurrent au sein de l’AÉUM. Nous avons beaucoup de levées de fonds […], mais elles sont principalement au bénéfice des étudiant·e·s[…]». Il mentionne aussi un Town Hall, prévu chaque semestre, où les membres exécutifs de l’AÉUM offriront un compte-rendu du point de vue de leur poste, et où les étudiant·e·s pourront leur poser des questions et « entretenir une véritable discussion ».

Francophonie et traduction 

En ce qui concerne la francophonie, le v.-p. compte faire traduire toutes annonces récurrentes sur les pages de l’AÉUM, comme celles annonçant les rencontres du Conseil législatif ou du Comité d’administration. Le v‑p. reconnait également l’importance de faire traduire les procès-verbaux de ces rencontres. Le v.-p. explique toutefois qu’il serait impossible de traduire l’entièreté du contenu de l’AÉUM étant donné le délai de 24 à 48 heures nécessaire à la traduction. « Je comprends que nous avons une large population francophone à McGill et qu’il faut rendre les documents accessibles dans les deux langues ». Le v.-p. reconnait que « beaucoup d’améliorations ont besoin d’être apportées » pour rendre l’AÉUM complètement bilingue. Il soutient toutefois que l’un des problèmes reste le financement, mais qu’il est possible de revoir le processus de sélection des traducteur•rices de l’association, « puisque cela demande des compétences très spécifiques ». L’AÉUM possède deux traducteur·rice·s étudiant·e·s francophones.

Questionné à savoir si les ressources pour la communauté francophone mcgilloise sont suffisantes, le v.-p. répond que c’est un sujet difficile. « L’argument que certaines personnes peuvent sortir est celui que McGill est une institution anglophone, mais c’est très faible comme argument selon moi. Nous sommes dans un milieu très francophone, nous avons des étudiants francophones, nous sommes dans un pays bilingue et avec le pouvoir que McGill possède, il n’y a pas de raison qui empêcherait de fournir des services et publier des documents en français ».

Percer la bulle mcgilloise 

Matthew McLaughlin écrivait en 2017 un article d’opinion dans le McGill Tribune appelant les étudiant·e·s à s’intéresser à la politique et à sortir de la fameuse bulle mcgilloise. Le v.-p. soutient que le gouvernement provincial a beaucoup d’impact sur la vie des étudiant·e·s, qu’ils et elles en soient au courant ou non. C’est ainsi qu’il prévoit dédier l’un des prochains Listserv aux élections générales québécoises du 1er octobre, notamment en travaillant avec la v.-p. aux Affaires externes Marina Cupido pour offrir à la population étudiante des ressources en ce qui concerne les élections. Matthew McLaughlin entend également utiliser les médias sociaux pour « aider les étudiant·e·s à exercer un vote informé ».


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