Au début de l’année 2018–2019, l’Association Étudiante l’Université McGill (AÉUM, SSMU en anglais) a relancé son Comité de révision en soins de santé et en soins dentaires. En effet, depuis le cafouillage financier de l’AÉUM en hiver 2018, qui a forcé l’association à couper dans la couverture dentaire de ses membres, les discussions autour des soins de santé et des soins dentaires reprennent de l’importance à McGill.
Andrew Dixon, ancien commissaire de la santé de l’Association Étudiante des cycles supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM ou PGSS en anglais) et membre général du Comité de révision, explique que le fonctionnement des régimes d’assurance peut rapidement devenir confondant : « Le régime d’assurance provincial couvre les visites chez le médecin ou à l’hôpital. Les régimes d’assurance supplémentaires (comme celui de l’AÉUM, de l’AÉCSUM et l’Association étudiante du campus MacDonald) concernent ce qui n’est pas couvert, incluant (entre autres) la physiothérapie, l’ostéothérapie, les soins dentaires, la couverture de certains médicaments, etc. »
Regain d’intérêt
Depuis 2015, le Comité de révision fait partie du portfolio du Comité d’administration de l’AÉUM (Board of Directors en anglais). Son rôle est principalement de réviser le régime d’assurance en soin de santé et en soins dentaires, qui est payé par les membres de l’AÉUM. Pour faire cette révision, le comité se base sur les statistiques entourant les réclamations par les étudiant·e·s au cours des années précédentes pour ajuster la couverture si des tendances sont décelées.
Rejoint par Le Délit, Tre Mansdoerfer, président de l’AÉUM et membre du comité de révision, a indiqué que l’un des projets du comité est de faire circuler un sondage en janvier pour demander aux étudiant·es mcgillois·e·s ce qu’ils·elles désirent en matière de couverture de soins de santé et de soins dentaires. Suite au sondage effectué en ligne, le comité prévoit compléter ses décisions sur les statistiques des trois dernières années en ce qui concerne l’utilisation des assurances.
Pour sa part, Ana Paula Sanchez, représentante de la Faculté des arts au Conseil législatif et membre générale du Comité, estime que le régime d’assurance est extrêmement important même s’il peut être négligé : « Des visites chez le dentiste à 300 dollars, le renouvellement des prescriptions si vous êtes sous antidépresseurs, l’insuline, l’EpiPen ou même les médicaments toxiques peuvent s’additionner très rapidement. »
La représentante rappelle que le comité ne s’est pas réuni en 2017–2018. Questionné à ce sujet, Tre Mansdoerfer a reconnu que la réduction de la couverture des soins dentaires — causée par l’erreur de calcul de près de deux millions de dollars du vice-président aux Finances Esteban Herpin — a probablement incité l’AÉUM à faire de la révision de la couverture en santé une priorité pour l’année 2018–2019. La couverture est passée de 750 dollars à 500 dollars par année. Dans un entretien avec Le Délit en début d’année, le président avait justifié la réduction en expliquant que « moins de 5% » des étudiants dépassaient 500 dollars de réclamation, mais celui-ci reconnaissait tout de même à l’époque que « l’AÉUM s’est plantée l’an dernier » et que « cette coupe n’aurait pas dû arriver ».
Brandon Hersh, étudiant en médecine dentaire et également membre du comité, s’interroge sur le montant nécessaire pour subvenir aux priorités des mcgillois·e·s en ce qui concerne la couverture des soins dentaires : « La question est de savoir de quelle couverture les étudiant·e·s mcgillois·e·s ont-ils·elles besoin. Un examen suivi d’un nettoyage coûte environ 200 dollars. Combien d’étudiant·e·s voient un·e dentiste ? À quelle fréquence ? Combien d’étudiant·e·s se voient retirer leurs dents de sagesse ? Combien d’étudiant·e·s subissent un remplissage ? etc. Tout a un coût et certain·e·s étudiant·e·s ont besoin de beaucoup de couverture. La question consiste à savoir ce qu’est la norme à McGill et combien les étudiant·e·s sont-ils·elles prêt·e·s à payer pour répondre à ce besoin ? »
Santé mentale
Le montant des couvertures et ce qui est couvert changent au fil des ans. Par exemple, il y a deux ans était introduite pour la première fois une couverture pour les soins en santé mentale. Les réclamations en honoraires de psychologue ont compté pour 55 000 dollars la première année, puis 90 000 dollars l’année suivante. Comme le comité prévoit une autre augmentation des réclamations cette année, ce dernier espère pouvoir demander l’avis des mcgillois·ses afin de connaître le genre de couverture qui leur conviendrait, tout en les informant des coûts liés à cette couverture.
Une idée proposée par le président pour pouvoir augmenter facilement la couverture en soin de santé mentale est de se débarrasser du programme Empower Me introduit en septembre 2017 par la vice-présidente aux Finances Arisha Khan. Empower Me est un service de conseil en psychologie par téléphone, Internet ou en personne, disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Le service est actuellement facturé 4,20 dollars par étudiant par semestre et a été ajouté au régime sans passer par un référendum. En 2017–2018, 65 personnes ont utilisé ce service, un nombre que le président n’hésite pas à qualifier d’« échec ».
« Ce que j’aimerais faire, c’est couper ce programme et allouer un montant similaire au sein du plan pour l’ajouter à la présente couverture en soins en santé mentale. En ce moment, la couverture de base est de 500 dollars […] Avec 4,20 dollars, il serait possible de l’augmenter jusqu’à 800 dollars ou quelque chose comme ça », explique le président.
Ana Paula Sanchez abonde dans une direction similaire : « J’aimerais que l’on augmente la couverture en santé mentale, en particulier parce que les listes d’attente en santé mentale et en soin-conseil [à McGill, ndlr] sont extrêmement longues. Les étudiant·e·s peuvent aller chercher du soutien du côté du secteur privé. »
En plus de la santé mentale, la représentante souhaite également que le comité s’attarde à la santé des femmes, des étudiant·e·s issues des minorités visibles et des étudiant·e·s autochtones : « Ceux·celles-ci font souvent face à des taux disproportionnés de pauvreté, à un manque dans l’accès à des traitements adéquats et aux problèmes systémiques au Canada qui rendent difficiles les soins communautaires. »
Ana Paula Sanchez pointe également les problèmes qui ont été publicisés dernièrement par la communauté étudiante de McGill, comme la fermeture de la clinique spécialisée en troubles alimentaires ou encore les moyens alternatifs de contrôle de grossesse. « Le site Internet de Student Care [la société gérant le régime d’assurance de McGill, ndlr] ne fait même pas mention du stérilet comme étant couvert explicitement par l’assurance ; seulement six personnes ont fait une réclamation en ce sens », se désole la représentante.
Comment fonctionne le Régime d’assurance de l’AÉUM ?
- Le régime s’applique aux étudiant·e·s résidant au Québec ou payant les frais des Canadiens.
- Il couvre les frais non couverts par le Régime d’assurance maladie du Québec (RAMQ).
- Au coût de 245 dollars par année, les frais sont répartis entre 145 dollars pour l’assurance santé et 100 dollars pour la couverture dentaire.
- Les étudiant·e·s peuvent choisir de se retirer du Régime de l’AÉUM.
- Les étudiant·e·s internationaux·ales sont couvert·e·s par le plan de la Croix Bleue administré par McGill. Toutefois, la couverture dentaire s’applique également à eux·elles.