Choquante mais nécessaire après la foulée du mouvement #MeToo, la pièce Consentement n’est pas pour les cœurs sensibles. Cette pièce, présentée par le Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 2 février et écrite par l’autrice anglaise Nina Raine, aborde sans pincettes, mais avec brio, le thème sensible du viol.
Pour reprendre les mots des codirecteurs artistiques Jean-Simon Traversy et David Laurin, l’autrice « nous donne accès à une vue de l’intérieur en nous mettant tour à tour dans la peau du témoin, de la victime, puis dans celle du juge ». Cette triple réalité nous force à remettre en question les limites du système juridique actuel, mais aussi à se poser de profondes questions éthiques. Est-ce que la logique et la raison devraient l’emporter sur l’émotion ? Est-ce que la constance est signe de vérité ? Pouvons-nous réellement comprendre les impacts d’événements dramatiques dans la vie de nos proches sans les avoir vécus ?
Mise en scène et distribution
Les questions précédemment soulevées prennent vie sous l’habile mise en scène de Frédéric Blanchette, qui a su alterner humour et moments percutants pour accentuer le message que livre la pièce. Effectivement, bien que le spectacle aborde des sujets tabous et difficiles, il est possible de rire à plusieurs reprises.
Il est également important de souligner le travail effectué par la talentueuse distribution. La pièce est interprétée par une impressionnante brochette d’actrices et d’acteurs : Marie Bernier, Anne-Élisabeth Bossé, Véronique Côté, Patrice Robitaille, David Savard, Mani Soleymanlou et Cynthia Wu-Maheux. Je tiens à souligner les performances de David Savard dans le rôle d’Edward – un avocat dépourvu d’empathie, et de sa conjointe Kitty, jouée par Anne-Élizabeth Bossé. Leur interprétation tout en contraste a su rendre la pièce particulièrement convaincante et lui conférer un aspect percutant.
Un seul bémol
Bien qu’il y ait peu à redire sur l’ensemble de la représentation, quelques longueurs étaient présentes vers la fin. Le public pouvait avoir l’impression d’assister à la scène finale à plusieurs reprises avant que celle-ci n’arrive réellement. La pièce de 1h55 sans entracte aurait pu bénéficier d’une courte pause à mon avis. Cependant, ce petit point négatif n’a pas entaché mon expérience globalement positive.
Finalement, il est important de souligner et de féliciter l’effort du théâtre de susciter le dialogue et l’entraide face à la culture du viol. Une entrevue complète sur ce thème est contenue dans le programme pour accompagner la réflexion amorcée par la pièce. De plus, un kiosque du Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal était présent sur place pour informer, aider et sensibiliser les spectateur·rice·s.
Si vous avez envie d’une expérience philosophique qui bouleverse, qui fait réfléchir et grandir, la pièce Consentement est faite sur mesure pour vous.