« Le Petit Prince ? Mais ce n’est qu’un conte pour enfants ! » voilà la réponse que me donnent la plupart de ceux à qui j’avoue que Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry est mon œuvre préférée. Deuxième ouvrage le plus traduit au monde après la Bible, je ne cherche non pas à vous le faire découvrir, mais à vous le faire relire.
Sous ses airs enfantins, ce conte philosophique relate l’histoire de la rencontre entre un aviateur, qui se retrouve seul au milieu du Sahara à cause d’une panne de moteur, et le Petit Prince. Ce dernier vient de l’astéroïde B612 et nous embarque dans un voyage interstellaire où il rencontre de différents personnages allégoriques comme le roi qui ordonne au soleil de se coucher, le businessman qui compte et contrôle les étoiles ou encore le buveur qui boit pour oublier qu’il a honte de boire. Oscillant sans cesse entre humour et mélancolie, Saint-Exupéry offre un chemin philosophique à ses lecteurs. Sa narration simple et spontanée rend le livre accessible aussi bien aux enfants qu’aux grands. Néanmoins, chaque lecteur a une compréhension différente du conte selon son âge et sa maturité. J’en ai moi-même fait l’expérience lors de mes diverses lectures à différents moments de ma vie.
Durant mon enfance, lorsque ma mère me lisait le conte le soir dans mon lit, j’étais émerveillée par ce fantastique voyage dans les étoiles. Je regardais les jolies aquarelles de l’auteur qui illustrent l’édition tout en écoutant avec attention la douce voix qui me contait l’histoire de ce Petit Prince curieux et provocant. J’admirais le narrateur qui n’avait pas peur de critiquer les « grandes personnes », trop bêtes pour comprendre son dessin du boa qui avale un éléphant ou du mouton dans sa boîte. Je m’endormais fièrement en comprenant petit à petit que les adultes n’étaient pas toujours les plus intelligents et que mes idées pouvaient valoir les leurs.
Au collège, lorsque j’ai relu Le Petit Prince seule pour la première fois, j’ai commencé à saisir quelques symboles du conte. J’ai compris par exemple que les baobabs, dont le Petit Prince doit s’occuper tous les jours sur sa planète, sont une métaphore pour rappeler au lecteur qu’il faut prendre soin de l’environnement.
Ma dernière relecture, avant d’écrire cet article, m’a même permis de dénicher la référence à Atatürk, dictateur turc entre les années 1920 et 1930, et ce, grâce au cours d’Histoire des mouvements islamiques que j’ai suivi au semestre dernier, ici à McGill.
Ce livre est un véritable pilier auquel le lecteur peut se référer à chaque épreuve qu’il traverse. Il répond aux questions fondamentales et existentielles que chacun se pose sur le but de la vie. Il donne aussi des solutions à des problèmes plus difficiles, comme faire face à la mort et au deuil. Bien plus qu’un simple conte, la poésie du Petit Prince accompagne le lecteur au fil des années et regorge de symboles à débusquer.