Au cours des derniers mois, Le Délit a enquêté sur l’itinérance affectant les hommes ayant passé plusieurs années au sein d’un pénitencier fédéral. Pour tenter d’esquisser ce phénomène méconnu, Le Délit a rencontré des personnes de la rue, des acteurs communautaires ainsi que des représentants d’agences gouvernementales. Voici le troisième article sur quatre.
Dans le domaine de la réintégration sociale, un autre organisme bien connu des Montréalais·es est le magazine de rue L’Itinéraire. Le Délit a ainsi rencontré Luc Desjardins, directeur général du magazine.
Depuis 25 ans, le journal œuvre à la réhabilitation sociale de personnes en situation de précarité en leur permettant de travailler à leur rythme, en contact avec le public ou avec l’écriture. Journal de rue, L’Itinéraire coordonne et soutient le travail de camelots qui sont des travailleur·se·s autonomes supervisé·e·s et suivi·e·s par une équipe d’intervenant·e·s sociaux·les. Les camelots peuvent se procurer des exemplaires du magazine au coût de 1,50$ et peuvent les revendre dans la rue au coût de 3$. Les camelots peuvent aussi conserver tout montant excédentaire, selon la volonté de la personne achetant le magazine). Les points de vente tenus par les camelots sont connus du magazine et négociés avec différent·e·s acteur·rice·s, notamment la Société de Transport de Montréal (STM) qui autorisent les camelots à vendre et bénéficient également de titres de transport gratuits pour se déplacer sur le réseau.
L’organisme cherche à promouvoir l’empowerment des personnes en situation de précarité sociale et souffrant de problématique de santé mentale. Pour ce faire, le magazine leur offre différents outils, comme l’explique Luc Desjardins : « Les outils sont fort simples. Si la personne a besoin d’un logement, on va l’accompagner – on est en lien avec plusieurs partenaires. […] On est dans l’empowerment total. » Le directeur général évoque aussi l’accompagnement psycho-social effectué afin d’aider les personnes à reconstruire une estime de soi et, ainsi, regagner une dignité parfois perdue au fil des revers et refus éprouvés au cours de leur vie.
En plus de pouvoir vendre des magazines et de recréer des liens sociaux avec une clientèle qui peut se fidéliser de semaine en semaine, les participant·e·s de L’Itinéraire peuvent également écrire à l’intérieur des pages du magazine pour partager leur vécu ou encore défendre un point de vue. M. Desjardins explique que certains camelots ont envie de s’exprimer, mais ne savent pas exactement comment s’y prendre. Il·elle·s sont alors accompagné·e·s dans le processus au niveau de la syntaxe, de la grammaire, etc. D’autres camelots sont habitués d’écrire et n’ont besoin de presque aucune aide.
Se nourrir et se loger
Si la publication du magazine papier toutes les deux semaines est probablement ce qui donne le plus de visibilité à L’Itinéraire à l’échelle de la métropole, les activités de l’organisme ne s’arrêtent pas là. En effet, un volet d’aide au logement est également offert aux participant·e·s. Par ailleurs, entre 2014–2015 et 2017–2018, la proportion de participant·e·s sans abri ou sans domicile fixe est passée de 26% à 5%. En plus du soutien au logement, un service de soutien alimentaire est assuré par le Café L’Itinéraire, un lieu réservé aux camelots offrant des repas à prix modiques ainsi que des repas gratuits pour les personnes dans le besoin.
En plus du Café L’Itinéraire, le groupe communautaire L’Itinéraire a également mis sur pied Le Café de la Maison Ronde, un organisme qui vise à favoriser la mixité sociale et l’autonomisation de personnes autochtones vivant une situation de précarité.
La suite ici :
- Sur l’échec de la réhabilitation
- Sur La Maison du Père, un organisme de réhabilitation
- Sur le Plan en itinérance 2018–2020 de Montréal