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Le matriarcat et les langues

Dernier événement de la semaine de sensibilisation aux cultures autochtones.

Evangéline Durand-Allizé | Le Délit

« Les femmes tiennent leurs pouvoirs du fait que ce sont elles qui transmettent le savoir de leurs cultures et traditions, et ainsi les préservent. » L’événement clotûrant la semaine de sensibilisation aux cultures autochtones à McGill s’est déroulé vendredi avec comme thèmes le matriarcat et l’enjeu des langues. Cet événement a réuni un petit groupe de personnes dans une atmosphère très intime propice au partage. L’événement était animé par Janelle Kasperski, une femme autochtone issue de la nation Nisga’a en Colombie-Britannique, qui a partagé plusieurs anecdotes personnelles avec le groupe. 

La question des langues

Les langues autochtones ont subi un processus d’éradication, puisqu’il était interdit de les parler au Canada pendant des décennies. Janelle a discuté de l’œuvre de Lisa Jackson, une célèbre artiste Anishinaabe, et son œuvre  Biidaaban, laquelle est une expérience de réalité virtuelle qui plonge le spectateur dans un futur complètement différent. Cette œuvre pousse le·la spectateur·rice à questionner son rôle dans l’histoire et souligne l’importance de préserver les langues, puisque tout au long de l’expérience virtuelle, le·la spectateur·rice entend seulement des langues autochtones.

Les participant·e·s ont ainsi reconnu que très peu d’entre eux·elles étaient capables d’identifier une langue autochtone s’ils l’entendaient dans la rue, et encore moins d’en parler une. À la place, les gens préfèreraient apprendre la langue de l’un des peuples colonisateurs, soit l’anglais ou le français.  De plus, même si le Canada reconnaît officiellement 60 langues autochtones, Janelle a avancé qu’il en existe sûrement beaucoup plus, car de nombreuses langues se ressemblent sans pour autant être les mêmes. Janelle souligne que ceci est un exemple de la manière par laquelle la culture autochtone est encore aujourd’hui victime du colonialisme, puisqu’en faisant de telles généralisations, la complexité et la diversité des cultures autochtones est effacée. Les langues servent à transmettre le savoir et en s’attaquant à elles, les cultures et traditions qui lui sont liées sont effacées. 

Le matriarcat

De nombreuses communautés autochtones étaient et sont toujours régies par les femmes, ce qui est fondamentalement différent des sociétés occidentales. Janelle a discuté du fait que si les matriarches existent encore dans sa communauté, leur rôle est limité à la sphère culturelle plutôt qu’à la sphère politique. En effet, le patriarcat occidental s’est infiltré dans les communautés autochtones et, aujourd’hui, les hommes prennent la majorité des décisions par rapport à l’organisation de la vie quotidienne. 

Après un tour de table, plusieurs questions ont émergé, telles que la place du système binaire de genre dans les cultures autochtones, ou encore l’importance du rôle des mères. Une personne du groupe a souligné qu’il est très compliqué de répondre à ces questions, car chacun·e est enfermé·e dans sa propre subjectivité. C’est d’ailleurs pourquoi la question des langues est si importante puisque parfois, le vocabulaire à notre disposition ne suffit pas à exprimer certaines idées. Pour Janelle, la question du genre en est un bon exemple. Pour finir, certaines personnes du groupe ont souligné que le système matriarcal existait dans d’autres cultures comme dans certaines communautés soudanaises. Si le matriarcat n’est pas universel, toutes les personnes présentes ont témoigné de l’influence des femmes dans leurs vies. 


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