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Un drame sombre et touchant

Roubaix, une lumière : le long-métrage en première canadienne.

Marco-Antonio Hauwert Rueda | Le Délit

En plein cœur de Roubaix, ville industrielle des Hauts-de-France, le commissaire, Daoud (Roschdy Zem) fait face à une criminalité qui ne s’estompe pas. Le soir de Noël, Daoud et une nouvelle recrue de la police, Louis Cottrelle (Antoine Reinartz) patrouillent dans les rues de la ville quand ils sont appelés au sujet d’un meurtre : une vieille dame vient d’être assassinée à son domicile. Dans une ville où la criminalité est monnaie courante, les soupçons se portent sur les petits délinquants du quartier. C’est lors de l’inspection d’un incendie survenu peu de temps avant dans la maison d’en face, que les soupçons commencent à se diriger vers les deux voisines. Amantes toxicomanes, Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier) ne sont peut-être pas seulement des témoins dans ce crime à la fois sombre et réfléchi. 

Inspiré de faits réels 

Arnaud Desplechin signe avec Roubaix, une lumière son premier polar. Natif de cette ville, où 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le réalisateur s’inspire presque entièrement du documentaire immersif Roubaix, commissariat central, affaires courantes de Mosco Boucault, qui a suivi le travail des enquêteurs pendant plusieurs mois sur différents faits divers au sein de la commune. Les images sont glaçantes et les faits sont affligeants : agressions sexuelles, incendies criminels, meurtres avec préméditation, conflits familiaux — Arnaud Desplechin reprend plusieurs histoires et les intègre à l’intrigue pour créer un drame social poignant mêlant le polar au cinéma d’auteur.

Un drame social    

Au cœur de cette ville sombre de jour comme de nuit, hantée par la prospérité du passé, le spectateur fait face à l’ineffaçable : une pauvreté qui jongle avec un désir de survie, comme un appel au secours qui ne peut être entendu. Le film nous attrape de force et nous plonge sans scrupules dans cette misère omniprésente. Le réalisateur dépeint avec véracité la vie d’un commissaire de police déterminé, originaire de Roubaix, qui tente de faire régner l’ordre avec convictions et grandeur. Les crimes se multiplient, tantôt courants, tantôt sombres, le spectateur ressent inlassablement la détresse de ce récit si cru. 

Le film offre quelques rayons de lumières, suivant la vie du commissaire Daoud et sa passion pour les chevaux, à l’image d’un vent calme sur un océan tourmenté, il nous rappelle que derrière chaque récit se cache une vie, derrière chaque histoire, un visage. 

Une lumière saisissante ?

Léa Seydoux, Sara Forestier et Roschdy Zem forment un trio fort à l’écran, interprétant avec précision leur rôle respectif. Le personnage de Marie, une toxicomane brisée par la vie, sous l’emprise de Claude, est interprété avec pudeur et conviction par Sara Forestier. Roschdy Zem nous offre la grandeur qu’on lui connaît, en interprétant un commissaire lucide, à la vie rythmée par l’adrénaline du travail et à la solitude dont il ne se défait pas. La réalisation est cependant perturbante avec des plans de caméras qui alourdissent le propos en essayant maladroitement de créer un effet de stupeur peu convaincant, dont le film pourrait largement se passer. 

Roubaix, une lumière est un drame social assommant, destiné à un public averti tant son propos est cru, mêlant une intrigue longue et tristement fidèle à la banalité entourant parfois le crime.


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