À mi-mandat, Le Délit a rencontré Bryan Buraga, président de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Il établit la vision de l’Association, coordonne les travaux des autres dirigeants exécutifs et représente les intérêts des étudiantes et étudiants auprès de diverses instances universitaires.
Le Délit (LD) : Pour commencer, pendant ta campagne, tu avais dit vouloir agir pour l’équité sur le campus. Quelles ont été tes actions pour cela et que prévois-tu réaliser dans les prochains mois ?
Bryan Buraga (BB) : Plus j’apprends à ce poste de président, plus je réalise combien c’est un rôle de soutien. Mon travail est de soutenir les autres membres de l’exécutif et les commissaires, certains de leurs portfolios étant plus liés à l’équité. Ce n’est pas vraiment basé sur une personne, je ne suis pas le seul qui peut apporter plus d’équité. J’essaie d’apporter le plus de soutien possible aux groupes marginalisés là où je peux.
LD : Tu as également fait campagne pour une semaine de relâche durant le semestre d’automne. Où en est ce projet ?
BB : Selon les informations que j’ai, les consultations sont en train de se conclure. Le sous-comité du côté de McGill va présenter son rapport au Comité consultatif sur les inscriptions et les affaires étudiantes (Enrolment and Student Affairs Advisory Committee, en anglais). Partant de là, un rapport va être présenté au Sénat de McGill sur les recommandations pour la semaine de relâche. À ma connaissance, il devrait être positif. L’objectif est d’avoir cette semaine de relâche dès 2021.
Plus j’apprends à ce poste de président, plus je réalise combien c’est un rôle de soutien
LD : Est-ce que cela signifie que les cours commenceront une semaine plus tôt ?
BB : Cela dépend de ce que le comité puis l’Université dans son ensemble décideront. Le comité présentera une série de recommandations, mais ce sera le Sénat qui décidera ce qui est acceptable ou non.
LD : Quelle est ta réaction à la démission du professeur Mikkelson liée aux enjeux de désinvestissement ?
BB : Bien sûr, je suis triste. J’ai eu la chance de travailler avec le professeur Mikkelson pendant ma première année à la gouvernance étudiante à l’AÉUM en tant que sénateur des arts et des sciences. Il a été l’une des premières personnes que j’ai connues à travers sa motion sur le désinvestissement au Sénat mcgillois en septembre 2018. J’ai pu collaborer un peu avec lui sur les enjeux de désinvestissement et la direction que prenait notre université sur le sujet. Donc, bien sûr, je suis triste de le voir partir, mais c’est aussi très puissant de voir quelqu’un qui a dédié sa vie entière à l’étude de l’éthique académique et environnementale.
LD : Quel rôle l’AÉUM peut jouer sur l’enjeu du désinvestissement ?
BB : Moi-même je siège au Comité de conseil sur les enjeux de responsabilité sociale (Committee to Advise on Matters of Social Responsibility, CAMSR, en anglais). C’est le comité qui discute actuellement de décarbonisation ou désinvestissement. J’ai eu un rôle dans la création du rapport qui communique les préoccupations du corps étudiant, à la fois d’un point de vue financier et d’un point de vue éthique, sur ce que nous croyons qu’une université devrait faire en tant que leader global dans le monde académique. Les étudiantes et étudiants ont un impact majeur à travers les politiques que nous avons adoptées, comme le moratoire [bloquant tout nouveau frais institutionnel obligatoire jusqu’à ce que l’Université McGill retire les actions de son fonds de dotation des 200 plus importantes compagnies d’énergies fossiles]. Je suis donc content de voir le travail que nous avons fait l’an dernier. Nous continuerons durant le reste de mon mandat à prendre des mesures fortes.
LD : Durant le conseil législatif du 16 janvier, tu as défendu une réforme du système de représentation au conseil législatif qui donnerait une voix à chaque faculté, quel que soit son nombre d’étudiantes et d’étudiants. Pourquoi défends-tu cela ?
BB : Fondamentalement, la question est de savoir si le conseil législatif doit être une instance de représentation proportionnelle ou une réunion où il y aurait un représentant par groupe électoral. Ces dernières années, personnellement, j’étais clairement pour une représentation proportionnelle. Mais en exerçant mon rôle de président, j’ai de plus en plus réalisé que l’AÉUM est une assemblée constituante, composé de différents groupes qui ont des intérêts différents, et généralement ces intérêts s’alignent les uns les autres. Ce serait aussi en solidarité avec beaucoup de manières dont les autres syndicats étudiants fonctionnent au Québec. Ils suivent aussi la règle d’un vote par association, quelle que soit la taille. De cette façon, les préoccupations de chacun sont entendues de manière égale et un groupe n’est pas dans une position de domination vis-à-vis des autres.
LD : Toujours au cours du conseil législatif du 16 janvier, tu as expliqué que le conseil d’administration (Board of Directors) avait rejeté la motion sur la démission des membres participant au voyage en Israël, en se basant sur l’idée que cela pourrait être en violation de la constitution de l’AÉUM. Peux-tu nous en dire plus ?
BB : Ce n’était pas nous qui croyions que cela violait la constitution ; c’était l’Université, qui a fait une déclaration condamnant le vote démocratique du conseil législatif et interprétant la constitution d’une manière telle que, selon leur opinion, nous la violions. Bien sûr, je suis en désaccord avec cette interprétation. Mais c’est l’Université qui possède un pouvoir financier sur nous puisque ce sont eux qui ont les frais étudiants et nous les versent deux fois par an. Et donc, s’ils considéraient que nous violions la constitution, l’argent serait placé dans une fiducie où nous n’y aurions plus accès. Cela mettrait en danger tout ce que nous entreprenons à l’AÉUM.
La question est de savoir si le conseil législatif doit être une instance de représentation proportionnelle ou une réunion où il y aurait un représentant par groupe électoral
LD : Quelle est ton opinion sur la question du voyage ?
BB : J’ai clairement exprimé que j’avais de sérieuses inquiétudes sur la manière dont ces voyages étaient offerts à nos représentants étudiants et que ceux-ci devraient se tenir à de plus hauts principes d’éthique et de prise de décision. Il y a des éléments que le corps étudiant pourrait considérer comme des conflits d’intérêts. J’ai rencontré des dizaines d’étudiantes et étudiants pour qui cela était un problème. J’ai adopté leur position et j’ai donc voté positivement pour cette motion.
J’ai clairement exprimé que j’avais de sérieuses inquiétudes sur la manière dont ces voyages étaient offerts à nos représentants étudiants
LD : Pour finir, as-tu d’autres projets pour le semestre ?
BB : Retourner dans notre bâtiment va être notre priorité ! Malheureusement, nous espérions pouvoir le faire au début de mon mandat, mais à cause des retards dans les travaux, ce devrait être en mars ou avril. En termes de nouveaux projets, il n’y en a pas beaucoup que je vais commencer maintenant, je vais surtout essayer de terminer des projets que j’ai débutés le semestre dernier.