Du 29 octobre au 8 novembre derniers s’est déroulée à Montréal la neuvième édition du Festival du monde arabe (FMA). Depuis sa création, le FMA vise à mettre de l’avant les « valeurs de dialogue et d’ouverture, en déployant le seul espace artistique en Amérique du Nord qui propose un échange positif et innovateur avec la culture arabe. »
Le FMA s’apprête à célébrer son dixième anniversaire l’an prochain, et le succès du festival cette année est un bon point de départ. Malgré des difficultés financières l’an dernier, le FMA a mis sur pied récemment, de concert avec des acteurs publics et privés, un plan triennal pour assurer son développement futur. Zeinab Saleh, adjointe à la direction artistique du FMA, atteste que « cette année, nous avons relevé un grand défi, comparé à l’an dernier : une programmation complète et des salles pleines. »
Le FMA est le moment opportun pour faire valoir la culture arabe d’ici et d’ailleurs. Plusieurs artistes renommés ont été à l’avant-scène du festival. Il importe de souligner la présence du groupe libanais Aks’ser, qui était de passage pour la première fois à Montréal le 2 novembre dernier. Rayess Buk et Eben Foulen sont les deux membres constitutifs de ce groupe de hip-hop arabe.
Les deux artistes ont fondé le groupe à Beyrouth, au Liban, en 1996. Ils puisent leur inspiration dans l’environnement social, politique et culturel de leur pays d’origine. Comme le rappelle Eben, « nous sommes tous les deux des enfants de la guerre. » Cela a donc une incidence sur le genre et le fond de l’expression artistique que les deux musiciens articulent dans leurs chansons.
Le parcours de vie des deux artistes influence grandement les messages qu’ils tentent de véhiculer dans leur musique. De prime abord, l’inspiration provient de « ce que l’on voit, ce que l’on entend et ce que l’on ressent dans la vie », affirme Eben. La musique est donc une manière de partager l’interprétation qu’ont les artistes de la situation sociopolitique au Moyen-Orient.
Pour sa part, Rayess se déclare ravi d’être à Montréal pour l’occasion. C’est le seul festival de la sorte en Amérique du Nord. « Montréal accepte la différence, c’est une métropole plurielle », atteste Rayess. Les deux artistes comptent prendre du temps pour absorber l’ambiance de la ville de Montréal après la représentation. Par la suite, les deux artistes poursuivront d’autres entreprises.
Par ailleurs, ceux-ci caressent également des projets individuels. Rayessbuk rentrera à Paris bientôt pour préparer un enregistrement au mois de décembre. « Notre projet artistique est commun, mais nous entamons tout de même des projets individuels », précise Rayessbuk.
Leur musique est centrée sur l’évocation de sentiments politiques. La maître de cérémonie de la soirée, Dina Awad, précise pourquoi les deux artistes chantent en arabe : « C’est une forme de résistance, une résistance contre le colonialisme. » Créer de l’émotion grâce à des sentiments politiques et ce, dans sa propre langue, c’est prendre position, c’est défendre son point de vue. Les deux artistes voyagent partout dans le monde pour faire valoir leur message, transmis par la musique arabe.
Le festival s’est terminé la fin de semaine dernière. Il faudra attendre à l’an prochain pour voir les fruits du plan triennal que le FMA a institué. « Nous sommes très fiers de notre plan triennal et nous l’avons vraiment appliqué cette année », affirme Mme Saleh. La réussite de cette année est due en grande partie à la réorganisation du FMA à la suite du plan.
Dans le cadre du dixième anniversaire du festival, les festivités dureront toute l’année, commençant au mois de mars prochain et s’étirant jusqu’au mois de novembre. « Il y aura trois activités par mois pendant cette période et nous voulons échelonner le festival sur toute l’année », affirme Mme Saleh. Pour ceux qui ont manqué le festival cet automne, il sera de retour assez vite.