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Tenet peut-il sauver l’industrie cinématographique ?

Périple pandémique d’une superproduction au box-office.

Courtoisie de Warner Bros Pictures

Le confinement causé par la pandémie de COVID-19 a été dévastateur pour les productions culturelles partout à travers le monde ; le cinéma n’y fait pas exception. Il y a maintenant plus d’un mois sortait le film qui faisait miroiter à l’industrie cinématographique et aux salles de projection une rédemption économique grandement attendue. Tenet, le dernier opus de Christopher Nolan (OrigineInterstellaire) portait effectivement sur ses épaules un énorme poids : à lui seul, il était censé assurer la relance du marché du 7e art. Qu’en est-il, près d’un mois après sa sortie en salle au Canada ?

La superproduction de Warner Bros Pictures, forte d’un colossal budget de 205 millions de dollars américains, a livré aux cinéphiles la fête visuelle et narrative dont elle avait fait la promesse. Toutefois, elle a encore un long chemin à parcourir afin de se rentabiliser : il faut savoir que, dans le marché nord-américain, les sociétés de production recouvrent environ 50% du prix du billet vendu en salle ; à l’international, c’est souvent moins. À cela, il faut ajouter le coût de l’énorme campagne de promotion dont le film a bénéficié, qui se situerait dans les alentours de 100 à 150 millions de dollars américains. Bien que les budgets finaux n’aient pas encore été dévoilés, l’on peut prédire qu’il faudrait à Tenet un minimum de 600 millions de dollars américains en revenus afin de commencer à engendrer des profits. 

« En date d’aujourd’hui, le box-office à l’échelle mondiale de [Tenet] s’élève à 307 millions de dollars américains »

En date d’aujourd’hui, le box-office à l’échelle mondiale de la superproduction de Nolan s’élève à 307 millions de dollars américains. En temps normal, ceci constituerait un échec pour une production de cette ampleur, plus d’un mois après sa sortie. Toutefois, dans les circonstances actuelles, ce chiffre ne fait pas piètre figure. En effet, en ce qui a trait aux revenus, Tenet surpasse nettement toutes les autres productions hollywoodiennes sorties depuis la fin du mois d’août. Warner Bros Pictures mettra donc tout en œuvre pour rentabiliser le film et l’on peut prédire que ce dernier restera à l’affiche encore longtemps. Aux États-Unis, les salles de projection des régions de New York et de Los Angeles, les deux principaux marchés du pays, sont toujours fermées. Leur ouverture pourrait faire gonfler considérablement le box-office domestique, se situant actuellement juste au-dessus de 45 millions de dollars américains. À titre comparatif, Origine (2010) avait engendré près de 300 millions de dollars américains aux États-Unis et au Canada. Tenet n’a donc peut-être pas eu le succès immédiat espéré par Warner Bros Pictures, mais il pourrait bien recouper ses coûts sur le long terme, et même être profitable. Ceci est primordial pour rassurer les maisons de production et pour atténuer l’incertitude qui règne sur l’industrie. Pour les salles de projection, Tenet jette sans conteste un peu de lumière dans le gouffre financier qu’a constitué la pandémie. Il est important de souligner que le succès des superproductions joue un rôle primordial dans la survie des productions à sphère restreinte qui permettent la diffusion du cinéma d’auteur hors de la logique du marché. Sans les revenus provenant de films destinés au divertissement de masse, les producteurs ne seraient pas en mesure de financer des œuvres dites d’art et d’essai et les cinémas n’auraient pas la possibilité de réserver certaines de leurs salles aux fins de leur diffusion.

Une relance automnale chargée

Dans la foulée de Tenet, le cinéma hollywoodien traditionnel nous réserve un automne bien chargé. Mourir peut attendre, le nouvel opus de la franchise James Bond, doit sortir en novembre, alors que le très attendu Dune de Denis Villeneuve (Premier ContactBlade Runner 2049) ainsi que Wonder Woman 1984 sont tous deux censés atterrir dans nos salles en décembre. De leur côté, les plateformes de diffusion en ligne n’ont rien à envier au cinéma traditionnel. Netflix vient d’ajouter à sa programmation Je veux juste en finir, le dernier long-métrage de Charlie Koffman (Synecdoche, New York) de même que Le Diable, tout le temps réalisé par Antonio Campos (Christine) : à voir assurément.

Le cinéma québécois offre aussi une panoplie d’œuvres documentaires et de fiction variées cet automne. Consultez l’article « Le cinéma québécois sur sa relance », paru dans Le Délit le 8 septembre dernier pour en savoir plus. L’article « Tenet, Dunkerque, l’avenir et le passé » aborde aussi le nouveau film de Nolan, mais cette fois-ci en l’analysant en comparaison avec les long-métrages précédents du réalisateur.


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