La campagne Debt-Free Degree (Pour un diplôme sans dettes, ndlr) lance sa semaine de lobbying qui se déroulera du 23 au 27 novembre 2020. Certain·e·s responsables de la campagne s’entretiendront alors avec des parlementaires canadien·ne·s afin de les sensibiliser aux enjeux de l’endettement étudiant. L’organisme responsable de la campagne, Undergraduates of Canadian Research Intensive Universities (Regroupement des étudiant·e·s de premier cycle des universités de recherche du Canada, UCRU, ndlr), dont fait partie l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), demande au gouvernement fédéral de doubler ses investissements dans son programme de bourses d’études et d’offrir une période de grâce de deux ans sans intérêts pour le remboursement des emprunts étudiants.
L’UCRU est un rassemblement d’associations étudiantes fondé en 2015 afin de représenter les intérêts des étudiant·e·s du Rassemblement des universités de recherche du Canada, aussi connu sous l’acronyme U15. Ce groupe de 15 universités canadiennes est à l’origine de 81% des brevets canadiens et dirigent 80% des recherches financées par le gouvernement canadien. Trois de ces universités se trouvent au Québec : l’Université Laval, l’Université de Montréal et l’Université McGill, cette dernière étant la seule université québécoise représentée dans l’UCRU.
Un enjeu fédéral
Le Délit s’est entretenu avec Mackenzy Metcalfe, vice-présidente aux Affaires externes au University Students’ Council of Western (Conseil des étudiant·e·s universitaires de Western, ndlr), conseil particulièrement impliqué dans la campagne, et présidente de l’UCRU.
L’objectif de la campagne, motivée par les dissuasions financières auxquelles feraient face les étudiant·e·s universitaires, serait à la fois de faciliter l’accès aux études universitaires et de diminuer l’endettement des étudiant·e·s qui terminent leurs études de premier cycle. Bien que l’éducation soit une responsabilité provinciale, le gouvernement fédéral est impliqué dans le financement des bourses d’étude et de l’aide financière aux étudiant·e·s en général, dans la gestion des étudiant·e·s provenant de l’étranger et dans les programmes d’emploi pour jeunes, dont les Emplois d’été Canada. Ces raisons poussent l’UCRU à agir exclusivement au niveau fédéral, selon Metcalfe. Elle a toutefois ajouté qu’une organisation similaire militait auprès du gouvernement provincial de l’Ontario.
Un agenda chargé
L’UCRU abordera ses quatre priorités lors de ses rencontres avec les parlementaires entre les 23 et 27 novembre : l’aide financière aux étudiant·e·s, le soutien aux Autochtones, le soutien aux étudiant·e·s provenant de l’extérieur du Canada et le financement de la recherche au premier cycle. Initialement, la connectivité était également un enjeu prioritaire ; toutefois, le gouvernement fédéral a récemment annoncé un investissement important dans le domaine, ce qui a amené la campagne à se concentrer sur ces quatre autres enjeux.
L’UCRU affirme que 45% des étudiant·e·s se retrouvent avec une dette d’au moins 25 000$ à la sortie de leurs études au premier cycle. Selon Metcalfe, la situation financière étudiante serait d’autant plus fragilisée par la fermeture des lieux de travail, limitant leurs sources de revenus. Un rapport de Statistique Canada publié au printemps 2020 témoignait du fait que 47% des étudiant·e·s universitaires contacté·e·s étaient très ou extrêmement préoccupé·e·s par le risque de creuser leur dette en raison des conséquences économiques de la COVID-19 et que 30% des étudiant·e·s du premier cycle se disaient préoccupé·e·s par le manque de financement dans la recherche.
Pour se préparer à sa rencontre avec des parlementaires canadien·ne·s durant la semaine de lobbying, l’UCRU a reçu des témoignages d’étudiant·e·s et de diplômé·e·s préoccupé·e·s par leur situation financière, qui serviront d’exemples pour présenter les enjeux prioritaires de l’organisation. Selon Metcalfe, ce n’est que lors de l’annonce du budget fédéral en mars 2021 que l’UCRU pourra juger du succès de sa campagne. En attendant, les personnes préoccupées par les enjeux de finances personnelles étudiantes sont invitées à contacter les député·e·s de leur circonscription à l’aide d’un modèle de lettre fourni par l’organisation, pour l’instant uniquement en anglais.
Le Délit s’est également entretenu avec Jemark Earle, président de l’AÉUM. Celui-ci a affirmé que l’association étudiante mcgilloise militait pour une plus grande inclusion des francophones dans le mouvement, que ce soit par la traduction de ses ressources ou par l’intégration des deux autres universités francophones faisant partie de l’U15. Earle et Ayo Ogunremi, vice-président aux affaires externes de l’AÉUM, feront partie des représentant·e·s du mouvement lors des rencontres avec les parlementaires.