Le Collectif Nous est né en novembre 2020 dans le but de soutenir les jeunes adultes en temps de pandémie. Il s’agit d’une initiative instiguée par des étudiant·e·s du CEGEP et de l’université qui ont constaté la nécessité de parler des enjeux en lien avec la santé mentale chez les jeunes adultes au Québec. Le Délit s’est entretenu avec Alice Leblanc, fondatrice et coordonnatrice externe du Collectif Nous, et Sofiane Allali, coordonnatrice interne du Collectif. La première étudie en sciences politiques et en histoire à l’Université McGill, et la deuxième étudie en relations internationales et droit international à l’UQAM.
Le Délit (LD): Quelle est la mission du Collectif Nous ?
Alice Leblanc (AB): Le Collectif Nous est un projet qui porte sur la santé mentale des jeunes du Québec. Cette initiative sociale est née d’un désir de rassembler les jeunes qui souffrent de [problèmes de] santé mentale et/ou ceux et celles qui veulent en discuter pour sortir leurs pairs de l’isolement. Sous forme de témoignages, nous invitons les jeunes à prendre la parole, à s’informer sur les réalités de la cause de la santé mentale au Québec et à discuter d’enjeux connexes. En bref, Nous est une communauté artistique, humaniste et politique revendiquant une normalisation des enjeux de santé mentale.
Sofiane Allali (SA): Notre objectif est de briser les tabous sur la santé mentale et d’offrir la possibilité aux jeunes de faire partie d’une communauté informée, ouverte et réceptive. La force du Collectif Nous est d’écouter cette jeunesse en détresse pour que sa voix soit entendue. Notre mission principale consiste en la sensibilisation en matière de santé mentale, au partage de témoignages pour comprendre un enjeu global, ainsi qu’à l’engagement politique non partisan pour défendre les intérêts des jeunes québécois·e·s.
« En bref, Nous est une communauté artistique, humaniste et politique revendiquant une normalisation des enjeux de santé mentale »
Alice Leblanc
LD : Comment pensez-vous que le Collectif Nous permettra d’améliorer le sort des jeunes adultes en temps de pandémie ?
AB : Évidemment, nous ne sommes pas des professionnel·le·s en santé mentale. Par contre, notre plateforme permet une discussion engagée et ouverte qui rappelle aux jeunes qu’il·elle·s ne sont pas les seul·e·s à vivre des situations difficiles. Le Collectif permet de créer une communauté de jeunes engagé·e·s, à l’écoute d’autrui et, surtout, à l’écoute de soi.
SA : Aussi, la publication de témoignages reçus permet de créer du contenu éducatif sur des sujets sensibles. Lorsque les jeunes vont [défiler] sur leurs réseaux sociaux, il·elle·s peuvent en apprendre davantage sur beaucoup de sujets qui peuvent les affecter dans la vie de tous les jours. Le Collectif rend l’information sur le sujet plus accessible, mieux connue et comprise. C’est une manière ludique de s’éduquer sur cette partie aussi importante de notre santé globale qui n’est pas enseignée à l’école.
LD : Comment pensez-vous que la pandémie a affecté les jeunes adultes ?
AB : Alors que les jeunes se retrouvent dans une période de leur développement où les interactions sociales sont primordiales, le confinement et l’école à distance les condamnent à un monde anxiogène et déstabilisant. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 64% des étudiant·e·s au collégial et à l’université ressentent de l’isolement, de l’anxiété et de la détresse psychologique, selon une étude du ministère de l’Enseignement supérieur publiée au mois de mars 2021. Face à ce mal-être commun, le gouvernement se doit d’offrir de l’aide à sa relève qui ne voit plus la lumière au bout du tunnel.
« Alors que les jeunes se retrouvent dans une période de leur développement où les interactions sociales sont primordiales, le confinement et l’école à distance les condamnent à un monde anxiogène et déstabilisant »
Alice Leblanc
LD : Quel est l’objectif du Collectif Nous à long terme ?
SA : Le Collectif Nous a plusieurs projets à long terme. Puisqu’il s’agit d’un projet qui a été créé en temps de pandémie, il devra se réinventer. Cela permettra au projet de devenir plus enrichissant et multidimensionnel. Le Collectif est d’ailleurs ouvert aux nouveaux·elles membres. Nous encourageons tous·tes les intéressé·e·s à nous écrire. Nous voulons agrandir notre équipe.
AB : À long terme, le Collectif souhaite continuer de sensibiliser la population et déstigmatiser les enjeux de santé mentale. Il souhaite continuer de rassembler les jeunes et les informer afin que ceux-ci comprennent mieux les troubles de santé mentale qui les habitent ou qui habitent leurs proches. Il souhaite aussi, et surtout, continuer de revendiquer les intérêts des jeunes auprès du gouvernement du Québec et de l’Assemblée nationale du Québec afin de proposer des solutions concrètes au manque de ressources en santé mentale. Nous collaborons, discutons et proposons des projets aux élu·e·s et les sensibilisons à tout ce que vivent les jeunes.
Le Collectif Nous tient un site web et une page Instagram.