La ministre de l’éducation, Line Beauchamp, a fait appel aux recteurs et rectrices d’université, au secteur privé et aux regroupements étudiants nationaux, pour participer à une « rencontre sur l’avenir des universités et leur contribution au développement du Québec. Les « questions soumises à la réflexion des participants » ont confirmé aux regroupements étudiants que le dégel de 2012 est bel et bien fait accompli et qu’il n’est plus question de revenir sur aucun des débats sous-jacents. En premier lieu, la formulation des questions fâche les étudiants : « Quels principes devraient guider la hausse des droits de scolarité ? ». Et comme le suggère l’Association Facultaire des Étudiantes et Étudiant en Sciences Politique et Droit de l’UQÀM (AFESPED), « Les partenaires en question n’étant pas nécessairement directement liés à l’éducation, nous pouvons d’ores et déjà supposer que le consensus ira dans le sens d’une augmentation substantielle des frais de scolarité ». Mais le moment choisi pour tenir la rencontre – durant la période d’examen ‑et le temps restreint alloué à la préparation d’une stratégie commune sont autant de raisons qui font que les étudiants doutent d’une réelle volonté de les « consulter » de la part de la ministre de l’éducation, du loisir et du sport. Comme le laisse entendre le vice-secrétaire général de la TaCEQ, dont l’AÉUM est membre, Joël Pedneault, le 6 décembre il s’agira d’un « dialogue peut-être mais pas d’un débat, alors que c’est justement un débat de société qui s’impose ! Ceci rappelle un peu les « séances d’écoute » comme dit Heather Monroe-Blum. »
La ministre veut aussi se repencher sur la question d’accessibilité et réitérer le remède proposé par le biais de bonification du programme de prêts et bourses. Le doute encore une fois plane au sein des étudiants, car les arguments qui courent nient le fait que la hausse des frais et les mesures tangentes affectera l’accessibilité à l’éducation post-secondaire, dont, on entend dire, la fréquentation était déjà plus faible au Québec que dans les autres provinces malgré son coût comparativement moindre. L’inquiétude : « les prêts et bourses sont de toute façon toujours insuffisants », note Joël Pedneault. L’AUEM a d’ailleurs été mandaté par la TaCEQ pour étudier ce dossier afin d’articuler une position pour le 6 décembre.
Contribution fiscale obligatoire
Une des questions qui semblent faire consensus est celle de la contribution des entreprises. La TaCEQ se joint aux autres fédérations étudiantes nationales pour défendre la proposition de contribution fiscale obligatoire de la part des entreprises, au financement de l’éducation post-secondaire, compte tenu des « bénéfices que les entreprises retirent de l’éducation », comme établi dans un document explicatif rédigé et adopté par la TaCEQ.
Coordination difficile
Certains groupes ont fait valoir leur position très tôt. C’est le cas de plusieurs des associations étudiantes comme l’AFESPED, qui depuis le 23 septembre a résolu « que l’AFESPED participe aux manifestations organisées par l’ASSÉ et la TACEQ dans le but de faire annuler le sommet ». L’ASSÉ quant à elle a pour l’instant montré le plus d’antagonisme face au ministère en refusant l’invitation de participer en tant que représentant étudiant à la rencontre des partenaires universitaires, mais comme le rappel Myriam Zaidi, VP externe et représentante de l’AÉUM à la Table, rien de surprenant dans cette prise de position : « l’ASSÉ n’a pas la même mission ». Certaines associations font même l’objet de disputes à l’interne qui les empêchent de participer à l’effort du regroupement auquel ils appartiennent. C’était le cas de la CADÉUL (Confédération des étudiants et étudiantes de l’Université Laval), dont « la proposition que la CADÉUL prenne position en faveur d’une manifestation orientée pour appuyer les positions qui seront mises de l’avant par nos représentants’ n’a pas trouvé écho auprès des deux tiers des associations présentes, nécessaire pour adopter une proposition. » Cependant hier soir, le Conseil d’administration a décidé de soutenir la manifestation. Tous ces facteurs rendent difficile la synchronisation des efforts. Comme le laisse entendre Myriam Zaidi, VP externe de l’AÉUM qui représente McGill à la TaCEQ, « les désaccords se reflètent au « top level » mais pas dans les relations que les éxecs comme moi ont avec d’autres membres des autres associations. Et j’espère que ça ne se reflètera pas au niveau des étudiants. »
États Généraux
Ces inquiétudes ne sont néanmoins pas futiles quand on pense que la TaCEQ compte se concerter avec les autres regroupements pour organiser la tenu d’États Généraux. « De façon concrète ça serait plusieurs journées, consacrées au problèmes auquel font face les universités, le lieu d’un vrai débat de société, le moment de tout faire ressortir les revendications du mouvement syndical, du mouvement étudiant et ensuite de pouvoir faire des décisions avisées », explique Joël Pedneault. Cependant, les « États Généraux » risquent de faire face au même sort que le contre-sommet organisé par la FEUQ et la FECQ avec les organisations syndicales qui a eu lieu il y a une semaine, alors que le contre-sommet appelé par la Table des partenaires universitaires ne doit que se tenir le 25 novembre.
Décisions prises
Samedi dernier, les membres de la TaCEQ se sont néanmoins mis d’accord pour adopter la proposition que « la TaCEQ appelle et participe, en collaboration avec les autres associations nationales, à la manifestation dénonçant l’illégitimité du sommet des partenaires et les hausses de frais ». Myriam Zaidi n’a pas de doute quant à la volonté des étudiants de McGill d’exprimer leur frustration lors de cette manifestation, le 6 décembre.