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Combattre l’inflation à l’épicerie

L’AÉUM s’attaque à l’insécurité alimentaire.

Laura Tobon | Le Délit

Les étudiant·e·s de McGill qui souffrent de difficultés financières ont jusqu’au 30 novembre pour s’inscrire au programme pilote d’épicerie de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Cette initiative gratuite, par le biais de la distribution d’un sac réutilisable, d’un bon de rabais pour un supermarché au choix et d’un dîner gratuit, vise à aider les membres de la communauté mcgilloise qui souffrent d’insécurité alimentaire en raison de l’inflation grimpante. Cette initiative faciliterait l’achat d’aliments non périssables et de base. L’association indique vouloir transformer ce projet pilote en programme permanent, si possible.

Les étudiant·e·s inscrit·e·s pourront ramasser leur sac, leur bon de rabais et leur dîner gratuit les 12 et 13 décembre, de 13h à 17h, au Centre universitaire.

L’inflation à l’épicerie ronge le portefeuille des Québécois·es

Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,8% au Québec en 2021. Au mois d’octobre 2022, l’indice avait crû de 6,4% en 12 mois. Selon Radio-Canada, les salaires au Québec suivaient encore l’inflation en juillet 2022. Les salaires auraient augmenté de 8% en moyenne, comparativement à un taux d’inflation moyen de 7,3%. Les Canadien·ne·s auraient obtenu de moindres augmentations, moyennant 5,2%, subissant en plus un taux d’inflation moyen plus élevé (7,6%). Toutefois, un rapport du Dispensaire diététique de Montréal a constaté une augmentation de 15% du « coût minimal annuel d’une épicerie équilibrée pour nourrir une famille type ». Ainsi, l’inflation des prix serait particulièrement importante dans le domaine de l’alimentation.

« L’insécurité alimentaire des étudiants de McGill et de partout au Canada, ainsi que l’augmentation rapide du coût de la nourriture, m’ont motivée à créer le programme d’épicerie »

Risann Wright, présidente de l’AÉUM

Le renouvellement du projet se basera sur les retours des étudiant·e·s

Risann Wright, présidente de l’AÉUM et initiatrice du programme pilote, a répondu aux questions du Délit. « L’insécurité alimentaire des étudiants de McGill et de partout au Canada, ainsi que l’augmentation rapide du coût de la nourriture, m’ont motivée à créer le programme d’épicerie », affirme la présidente. « Les étudiants ont de la difficulté à payer leur épicerie et à acheter des aliments de base, et il y a une demande évidente pour un soutien de l’AÉUM par rapport à l’insécurité alimentaire », affirme-t-elle. Kerry Yang, vice-président aux affaires universitaires de l’AÉUM, nous a également apporté des précisions : « Nous ne voulons pas que la nourriture soit une inquiétude majeure pour les étudiants,» indique-t-il. Les témoignages de plus en plus fréquents d’étudiant·e·s souffrant d’insécurité alimentaire ont poussé l’AÉUM à lancer ce programme pilote, « afin de déterminer la demande et élaborer le fonctionnement d’un programme d’épicerie de l’AÉUM », explique Risann Wright. L’Association se serait inspirée des programmes de banques alimentaires, de bons d’épicerie et de garde-mangers subventionnés d’autres associations étudiantes québécoises et canadiennes, témoigne la présidente.

« Les étudiants ont de la difficulté à payer leur épicerie et à acheter des aliments de base »

Risann Wright, présidente de l’AÉUM

L’AÉUM dispose actuellement de 200 coupons d’épicerie de 40$, avec une limite d’un coupon par étudiant·e. Ces coupons seront distribués aux premier·ère·s arrivé·e·s. Selon Kerry Yang, l’initiative serait « relativement populaire » jusqu’à présent. Toutefois, l’AÉUM « attend les jours de distribution pour voir dans quelle mesure les étudiants aiment et apprécient [le programme]».

En effet, Kerry Yang déclare : « Nous regarderons aussi les données, mais si le programme est relativement réussi, nous essayerons dans tous les cas d’en faire une chose permanente et d’engager quelqu’un qui peut le superviser et le changer en se basant sur les retours des étudiants. » Les plans pour un programme permanent restent à élaborer, mais Risann Wright anticipe un programme « flexible, offrant soit des aliments de base, soit des bons d’épicerie aux étudiants à chaque session ». Bien que l’initiative actuelle soit entièrement financée par l’AÉUM, l’association « recherche activement des partenaires avec qui collaborer », que ce soit par le biais d’une contribution financière ou matérielle, selon Kerry Yang. Risann Wright ajoute que l’AÉUM souhaite « soumettre la question d’un frais facultatif de programme d’épicerie au référendum d’hiver » pour le financement durable de l’initiative.

« Nous ne voulons pas que la nourriture soit une inquiétude majeure pour les étudiants »

Kerry Yang, v.-p. aux affaires universitaires de de l’AÉUM

Une augmentation des prix remarquée et ressentie par les étudiant·e·s

La forte hausse des prix à l’épicerie n’a pas épargné la population étudiante de McGill. Si les étudiant·e·s n’en souffrent pas personnellement, ils et elles connaissent au moins une personne aux prises avec cette inflation du panier d’emplettes.

Farras, étudiant en microbiologie, a vu le prix de son épicerie régulière augmenter de 40$ à 60$, voire 70$. « C’est difficile », constate-t-il, au point où il se voit forcé de marcher davantage pour magasiner chez un épicier moins cher.

Bien que Riad, étudiant en génie mécanique, ne se sente pas trop affecté par l’augmentation des prix, il connaît des gens dans son entourage qui sont dans cette situation. « J’ai une amie [qui] n’arrive pas à la fin du mois, [qui] a des difficultés à payer le tout,» déclare-t-il.

Une opportunité à saisir rapidement

La date limite pour s’inscrire au programme de l’AÉUM tombe le 30 novembre. Le formulaire d’inscription est accessible sur la page web « Inscription pour le programme d’épicerie » de l’AÉUM. Le soutien de l’AÉUM aux étudiant·e·s lors des examens finaux et durant la pause de la période des Fêtes « pourrait changer la donne pour quelques étudiants », conclut Kerry Yang.


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