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Le titre est une référence au triangle amoureux imaginé par la poétesse grecque Sappho dans son poème « Fragment 31 ». Elle y raconte son désir pour une femme, traduisant le tourbillon de feu et de glace qui traverse son corps alors qu’elle observe le sujet de sa passion. Eros, dieu du désir, divague entre les lignes ; il baigne chaque mot du poème comme chaque parole des chansons choisies. Son but ne peut jamais être atteint, car délié de sa désirabilité ; le sujet de la passion s’échappe, le plaisir et la souffrance ressentie aussi. Les chansons choisies l’entretiennent ; elles plongent les auditeurs et auditrices dans le trouble, dans la nostalgie d’une passion sans futur. La sélection est aussi très personnelle, les chanteuses sont toutes des artistes découvertes au fil de mon adolescence, écoutées en m’endormant le soir, en marchant sous la pluie ou en me préparant pour une soirée avec cette personne qui tourne en boucle dans ma tête.
La playlist débute avec History de 070 Shake, une chanson au genre indéfinissable, à la mélodie changeante et absolument envoutante. Les paroles restent, je passe en boucle ses dernières notes que je me chuchote. Glory Box apparaît deux fois, sa reprise interprétée par Snoh Aalegra, Nothing burns like the cold, est une sorte d’entrée en jeu, la version originale de Portishead est l’acceptation complète de son caractère sensuel. Dans Girl, je me perds, la mélodie m’aspire, avec elle tout semble possible. Girl, je la chante à voix haute, mes yeux dans les siens.
La suite est parsemée de références cinématographiques. Les couleurs de la première page font écho à l’affiche du film Titane de Julia Ducournau et le titre Doing it to Death est la musique du plan séquence au début du film. Alexia, l’héroïne, danse sur une voiture. Elle est maîtresse de sa sexualité, de son corps qu’elle colle à la vitre. Unloved est un groupe découvert dans la série Killing Eve qui montre ce jeu du chat et de la souris entre une assassine et une agente du MI6. Chacune de ces références célèbre la sexualité féminine, l’amour queer, les regards échangés entre les femmes, leurs pupilles qui se dilatent alors même qu’elles comprennent leur attirance mutuelle.
La dernière chanson n’est autre que Hey Joe du film Nymphomaniac de Lars Von Trier, interprétée par Charlotte Gainsbourg. Sa voix sensuelle et chuchotante nous entraîne dans des rêves hallucinogènes, on s’y perd, c’est l’apothéose.
La playlist sur Spotify : https://open.spotify.com/playlist/0hdfpZDX0iDDXrZoZfd2ei?si=92e0ff73b7a64e51