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McGill célèbre le Mois de l’histoire des Noir·e·s

Retour sur la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s à McGill.

Margaux Thomas | Le Délit

Chaque année, le Mois de l’histoire des Noir·e·s de McGill rassemble des élèves, employé·e·s, anciens élèves et membres de la communauté noire mcgilloise à travers des événements à but éducatif. Le Délit a assisté à la cérémonie d’ouverture et a relevé les propos des participants.

Coup d’envoi pour 28 jours de célébrations

Le 1er février dernier, McGill organisait la septième cérémonie annuelle d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s en vidéoconférence et en personne, en partenariat avec la Faculté d’éducation de McGill. Après une brève réception en présence de l’artiste et musicienne Fatima Wilson, la cérémonie a lancé son coup d’envoi avec Shanice Yarde, la Conseillère principale de l’éducation contre le racisme et pour l’équité. Le public était constitué d’élèves, d’anciens élèves, de professeur·e·s, d’employé·e·s et de membres des facultés. Cette cérémonie a bénéficié de la présence du professeur, écrivain et directeur du Département d’Études Africaines et Américaines (Department
of Africana and American Studies
) de l’Université de Toronto, Dr. Rinaldo Walcott.

En plus d’un moment pour réaffirmer l’engagement de McGill contre le racisme, ce mois de février est décrit
par le Principal, Christopher Manfredi, comme « un temps pour célébrer les diverses expériences et le travail de la communauté noire de McGill (tdlr) ». Pour Osman Omer, président de l’Association des étudiants en éducation permanente de l’Université McGill (MACES), ce mois permet de « mettre en lumière non seulement les réalisations extraordinaires et les précieuses contributions que les Canadiens noirs ont apportées à l’histoire du Canada, mais c’est aussi un moment pour reconnaître ce que d’autres Noirs accomplissent présentement ». Osman Omer, d’origine nubienne, dit profiter de cette occasion pour partager avec d’autres étudiant·e·s les nombreuses histoires de réussite, avec par exemple Adrian Harewood, un ancien de McGill qui est maintenant un journaliste et universitaire canadien primé, ou encore les obstacles rencontrés que les Noir·e·s ont faits dans une variété de domaines tels que la politique, les sciences, la musique, le sport et l’éducation.

« Nous méritons notre place sur ce campus […] Nous méritons d’être heureux »

Ashley Jonasainte

Ashley Jonasainte, présidente du Réseau d’Étudiants noirs à McGill, ayant pour but de promouvoir et de soutenir les élèves noir·e·s sur le campus, a ensuite pris la parole. Elle a raconté son arrivée difficile à l’Université et un sentiment de manque d’appartenance. C’est en rejoignant le groupe dont elle est désormais présidente qu’elle dit avoir trouvé sa place. Avec les 24 autres membres de son organisation, Ashley dit être fière de créer des évènements et des ateliers pour sa communauté permettant de « préserver un sentiment d’appartenance, car nous méritons notre place sur ce campus ». Elle soutient également que ce mois est une période difficile émotionnellement, « mais (qu’elle, ndlrne veut pas oublier qu’il s’agit aussi d’une période de célébration, de reconnaissance et qui permet d’avancer. Nous méritons d’être heureux ».

Passé, présent et futur

Invité de marque à la cérémonie, le professeur Walcott – né sur l’Île de la Barbade dans les Caraïbes –  a critiqué le retard accusé par les universités canadiennes comparées aux universités américaines : « Le long retard des études sur les Noirs au Canada est symptomatique du déni et du malaise plus profond envers les Noirs et la noirceur en tant que constituants du Canada. »

Lors de la cérémonie, Shanice Yarde a quant à elle souligné le lien entre les combats des populations autochtones et ceux de la communauté noire au Canada. L’organisatrice a questionné notre responsabilité collective par rapport au territoire canadien et aux personnes natives de ce territoire. La présidente du Réseau des Étudiants noirs mentionne également que « les systèmes d’oppression qui nous ont rendu esclaves sur l’Île de la Tortue sont les mêmes que ceux qui ont volé et renommé ces territoires “Canada’’ ». Après un passé majoritairement déterminé par une vision « euro-américaine », et par conséquent partielle du monde, avance Walcott, « notre tâche est de prendre ce récit de condamnation (dans lequel, ndlr) l’eurocentrisme dit que les Noirs n’ont rien apporté au monde, et d’y mettre fin ».

Comme l’a souligné Ashley Jonasainte lors de la cérémonie, les célébrations, la reconnaissance et le combat contre le racisme anti-noir ne peuvent se limiter à un mois dans l’année. Toutefois, cette mise en valeur à travers différents événements a pour but de former un campus plus fort et de « tisser de nouvelles relations entre l’Université et les étudiants pour créer des liens avec leurs pairs », dit Osman Omer. Le tout contribuerait selon lui à la construction d’un environnement inclusif et diversifié.

« Les célébrations, la reconnaissance et le combat contre le racisme anti-noir ne peuvent se limiter a un mois de l’année »

En 2020, le plan d’action contre le racisme anti-noir avait été mis en place par McGill afin d’approfondir les engagements de l’Université vis-à-vis de l’équité, la diversité et l’inclusion. Ce plan se structurait
en trois sections : un examen du passé, une réévaluation du présent et une révision du futur, notamment afin d’augmenter le nombre de professeur·e·s noir·e·s au sein de l’Université. Malgré la reconnaissance du nombre croissant de ces derniers à McGill, la directrice des Affaires Noires de l’AÉUM affirme qu’il y a un besoin indispensable d’avoir plus de professeurs noir·e·s, « des professeurs qui nous (les étudiant·e·s noir·e·s, ndlr) ressemblent, car ce sont des personnes qui participent intégralement à notre développement personnel ».

Margaux Thomas | Le Délit Osman Omer

Une série d’évènements aura lieu durant ce mois de février : une conférence « Africa Speaks » le 10 février ; une discussion avec le professeur Kyle T. Mays le 16 février ; ou encore un rassemblement communautaire et une exposition d’art le 23 février. Osman Omer espère que « ces événements encourageront la population mcgilloise à explorer davantage, à découvrir et à faire connaître les Noirs et les autres communautés racisées ». Pour le président de MACES, le mois de février est une excellente occasion pour chacun d’étudier notre passé afin de façonner notre avenir, lequel doit se baser sur l’« équité sociale pour tous ».

Pour plus d’informations, référez-vous aux organismes comme le Black Students’ Network, le Black Youth Outreach Program, le Group d’Action contre le Racisme Anti-Noir, McGill Black Alumni, la Société des Étudiant.e.s Africain.e.s, la Société des Étudiants des Caraïbes ou l’Équipe d’Équité à McGill. 


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