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Le train sera… à l’heure !

Comprendre l’impact du REM sur la communauté étudiante de McGill.

Clément Veysset | Le Délit

À la fin du mois de juillet dernier, les premiers départs du Réseau Express Métropolitain (REM), le nouveau système de transport collectif dernier cri du grand Montréal, se sont déroulés dans une euphorie générale que beaucoup trouveront justifiée compte tenu de l’attente et l’excitation suscitées par le projet depuis plusieurs années. Le secteur Rive-Sud, qui relie Brossard à la Gare Centrale, est en service depuis maintenant un mois. Présenté pour la première fois au public en avril 2016 par CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le REM est un projet ambitieux de train léger automatisé, créé pour dynamiser le transport collectif dans le grand Montréal et augmenter les possibilités de mobilité collective et durable. Il est financé, entre autres, par la CDPQ, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. L’ouverture du reste du réseau (à l’exception du segment Aéroport), est prévue pour fin 2024, incluant notamment une fusion avec la station McGill, reliant le REM au métro, ici sur la ligne verte. Le nouveau système se présente comme un incontournable des futures mobilités montréalaises, il aurait été déraisonnable de ne pas en évaluer l’impact sur la communauté mcgilloise.

Le REM : trouver la recette miracle du transport collectif

Il faut avouer que le REM accumule les qualités et se la joue élève modèle à une époque où la liste des exigences pour un projet de son envergure s’avère être bien longue. Savoir trouver la recette qui prend en compte praticité, sécurité, fiabilité, retombées économiques, impact social positif et respect de l’environnement représente un défi considérable. Le site internet du REM le présente comme un projet exemplaire. Il reprend une technologie de métro léger, combinaison entre tramway et métro, présentée comme « parmi les plus sécuritaires du monde » par CDPQ Infra. Alors que les travaux ont déjà généré de nombreux emplois, l’entreprise s’est contrainte à suivre des engagements stricts pour compenser l’impact environnemental du projet. Le REM apparaît également comme un facteur important de connexion interurbaine, rapprochant différents quartiers, et comme un atout facilitant l’accessibilité. Par ailleurs, le projet s’illustre par son prestige évident : il est « le plus important en terme de transport public depuis le métro de Montréal, inauguré en 1966 », et sera à terme « l’un des plus grands réseaux automatisés au monde ». Cela explique son inauguration en grande pompe le 28 juillet, marquée par la présence, entre autres, de Justin Trudeau et François Legault.

« Savoir trouver la recette qui prend en compte praticité, sécurité, fiabilité, retombées économiques, impact social positif et respect de l’environnement représente un défi considérable »

Le REM et McGill : Une révolution ? (Ou presque)

Les mcgillois·e·s qui seront le plus impacté·e·s par le REM seront ceux·lles qui vivent en banlieue, comme sur la Rive-Sud, où le réseau s’articule autour des stations Panama, Du Quartier et Brossard, le terminus. Cependant, il convient de se questionner sur le réel impact du REM sur la jeunesse mcgilloise, puisqu’il a le potentiel de jouer un rôle important dans la vie de nos étudiant·e·s. Malgré ses nombreuses qualités, le nouveau réseau a, lui aussi, ses failles. Nous avons questionné Ema Sedillot-Daniel, étudiante de McGill et résidente de la Rive-Sud, quant à ses habitudes de mobilité après l’ouverture de la première section du REM. Elle explique que, malgré des différences dans ses trajets quotidiens, le REM relève plus d’un changement d’organisation pour elle que d’une révolution pour ses trajets.

Le Délit (LD) : Comptes-tu prendre le REM quotidiennement pour aller sur le campus ?

Ema Sedillot-Daniel (ES) : Oui, je compte me rendre à l’école par le REM ou le covoiturage entre amis.

LD : Quel sera le temps de trajet ?

ES : Je dois prendre un autobus jusqu’au REM, donc au total entre 45 minutes et 1 heure de transport en commun.

LD : Quel(s) moyen(s) de transport utilisais-tu jusque-là pour te rendre à l’université ?

ES : Mes moyens de transport changeaient entre le métro de la ligne jaune ou bien l’autobus jusqu’à Bonaventure.

LD : Gagnes-tu du temps avec le REM ?

ES : Non, c’est similaire. Cependant, en raison du REM mon autobus qui allait au centre-ville n’existe plus. Par conséquent, je dois ajouter une navette pour me rendre au REM. Ceci n’est pas plus long en raison de la vitesse du REM.

LD : Cela te revient-t-il moins ou plus cher que les autres moyens de transports ?

ES : Le même prix.

LD : Vois-tu un changement dans ton quartier lié au REM ?

ES : Oui. Beaucoup de lignes d’autobus n’existent plus pour favoriser l’utilisation du REM.

LD : As-tu déjà éprouvé des difficultés avec l’utilisation du REM, comme des problèmes techniques ou des pannes ?

ES : Non. Je l’ai seulement pris à une occasion et j’ai aimé mon expérience. Cependant, quelques de mes amis ont déjà été pris dans une panne du REM.

LD : Selon toi, le REM est un changement plutôt positif ou négatif ?

ES : Je suis vraiment heureuse de savoir que le REM va favoriser le transport en commun pour plusieurs. Néanmoins, dans mon quartier, je pense qu’enlever toutes les lignes d’autobus qui étaient en fonction avant son ouverture complique la gestion du temps de plusieurs travailleurs sur la Rive-Sud. Les impacts du REM à la suite de son ouverture vont laisser place à une période d’adaptation comme tout changement. Cependant, je pense que les impacts du REM restent pour la plupart positifs du point de vue environnemental et social.

Clément Veysset | Le Délit

Pour favoriser l’emploi du REM, de nombreuses lignes d’autobus ont, en effet, été modifiées voire supprimées. Leur nouveau but : servir de navette pour relier les banlieues à une des stations du REM sur la Rive-Sud. Cependant, les temps de trajet ne sont pas toujours réduits et le nouveau système demande une organisation personnelle repensée. Ainsi, le REM s’est traduit en un bouleversement de la routine de certain·e·s, notamment des étudiant·e·s comme Ema. Comme elle le rappelle, le REM, de par son envergure, nécessitera une longue période d’adaptation. Reste à voir si le nouveau réseau arrivera à faire ses preuves et faire valoir ses qualités, afin de faire oublier les désagréments que son lancement provoque.

Le système automatisé représente cependant un changement majeur, qui permet de rayer les facteurs humains de la liste des potentiels problèmes, à défaut des facteurs techniques et météorologiques. Il garantit des arrivées et des départs en temps voulu, minimisant également les temps d’attente, tout en augmentant la sécurité. Cela risque de changer la routine d’un bon nombre d’étudiant·e·s, lorsqu’on connaît les piètres performances des autobus de la Société de Transport de Montréal (STM), surtout en hiver. En septembre 2022, pas moins d’un quart des autobus étaient en retard (et nombreux savent que parfois, ils ne passent pas du tout). Le nouveau système présente aussi des avantages et de nouvelles opportunités économiques pour les étudiant·e·s. À terme, le nouveau réseau sera décisif dans les choix que prendront ces dernier·ère·s pour des étapes importantes du parcours académique.

Le REM ouvre de nouvelles possibilités d’emplois à temps partiel, de stages et d’événements de réseautage ailleurs que dans le centre, et même au-delà de l’Île de Montréal, à Laval ou Brossard.


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